Pas parfait, mais enthousiasmant
Fiche
Titre | Alita : Battle Angel | Titre VO | – |
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Réalisateur | Robert Rodriguez | Scénaristes | James Cameron, Laeta Kalogridis, Robert Rodriguez |
Acteurs | Eiza González, Rosa Salazar, Mahershala Ali, Jennifer Connelly, Michelle Rodriguez, Ed Skrein, Christoph Waltz, Jackie Earle Haley | ||
Date de sortie | 13 / 02 / 2019 | Durée | 2h 02 |
Genre | Action, Aventure, Romance, Science fiction, Thriller | Budget | 200 000 000 $ |
Une jeune femme qui a perdu tout souvenir de son passé découvre son incroyable destin. |
Critique
Heureux hasard du sort. Ce mois-ci, on peut compter sur deux adaptations de manga de ma jeunesse au cinéma. Le Nicky Larson et le Parfum de Cupidon de Philippe Lacheau et le film du jour, l’Alita : Battle Angel de Robert Rodriguez. Les deux partagent aussi la particularité que je n’ai jamais lu les mangas qu’ils adaptent.
Gunnm ? Connais pas.
Du manga Gunnm (traduit en Alita : Battle Angel aux States, et c’est le nom qui est curieusement resté à l’international), je me rappelle juste, quand j’étais chez le libraire, d’avoir plusieurs fois hésité à en acheter un volume. Mais à l’époque, je n’avais que quinze francs par mois comme argent de poche, donc c’était soit le nouveau tome de Dragon Ball, soit Gunnm. Pas de bol, j’étais beaucoup trop fan de Sangoku et ses amis pour les trahir.
J’entends certains me dire que j’aurais pu les lire en douce. Impossible, déjà les mangas étaient présentés à la caisse juste sous le nez de la libraire et en plus, cette dernière voyait d’un mauvais œil mes multiples allers-retours dans la journée pour lire la soluce d’un jeu vidéo où j’étais bloqué. C’était quand même super pour faire travailler la mémoire. Coup de bol, ces soluces étaient dans le rayon du fond à l’abri de son regard démoniaque. Bref, c’était l’histoire de mon seul contact avec la série de mangas de Yukito Kishiro.
Abandonnée par son papa, James Cameron
Tout ça pour dire qu’avant le long-métrage, Gunnm ne faisait ni chaud, ni froid. Que je n’y connais rien. Par extension (logique), je ne jugerais donc pas la qualité de l’adaptation. J’étais juste emballé pendant des années de découvrir cette adaptation cinématographique car James Cameron y était attaché. James Cameron + Cyberpunk, ça risquait de déménager. Quand le projet fut repris par Robert Rodriguez car le Cameron préférait se focaliser sur les suites d’Avatar, je m’en suis désintéressé. Au moins, comme le réalisateur du diptyque Sin City, un diptyque d’ailleurs à l’image de sa carrière (capable du meilleur comme du pire), récupérait un projet déjà très étoffé par le père de Terminator, on devrait donc ressentir sa touche.
Du cyberpunk ensablé
En découvrant la bobine finale, c’est clairement le cas. On croirait parfois que c’est lui qui l’a réalisé. Néanmoins, le Rodriguez a rajouté sa touche notamment pour l’ambiance du film qui n’est pas sans rappeler le Mexique : du cyberpunk ensablé, j’ai envie de dire. En gros, j’ai bien aimé l’ambiance même si je ne suis pas fan du style visuel mexicain. Au moins, c’est vivant. Pas comme certains films où t’as l’impression que les acteurs marchent dans une ville morte. Le Ghost in the Shell avec ScarJo, c’est pour toi ! Par contre, faut de temps en temps fermer les yeux sur les incrustations d’acteurs dans les décors numériques ou sur les ambiances forcées. Pour ce dernier point, j’ai surtout en tête quand Alita, l’héroïne, pénètre pour la première fois dans le stade où se joue le motorball. Les réactions du public autour d’elle sonnaient tellement faux à mon goût.
Amourette ado… mais pourquoi ?
Autre truc amusant à propos d’Alita : Battle Angel, ça dure deux heures, j’ai eu l’impression que ça durait trente minutes de plus. La faute à une trop longue exposition, mais surtout à une amourette ado qui m’a bien gonflé. Dans le film, Alita partage deux relations fortes, la première avec son sauveur, le docteur Ido joué par Christoph Waltz, et la seconde avec Hugo (Keean Johnson). Si la première m’a fait vibrer, notamment parce que, bordel, Christoph Waltz, il est excellent quoiqu’il fasse. La seconde m’a emmerdé pas possible. Tous les clichés de l’amourette y passent. Je ne sais pas comment c’est dans le manga, mais c’est franchement dommage.
À fond dans le délire cyberpunk
J’étais d’autant plus agacé parce que le reste n’était pas à ce niveau. Les combats, à défaut d’être prenant, sont au moins à fond dans le délire. Les têtes y sont décapitées, des membres arrachés et j’en passe. L’avantage de jouer avec des cyborgs, c’est que ça passe niveau censure. Quant au motorball, ça va à fond la caisse, toujours dans le même registre. Reste que je n’ai jamais vraiment réussi à être saisi. Il n’y a rien de particulièrement prenant vu que c’est du tout numérique. Concernant la dramaturgie de l’action, c’est assez plat. Il n’y a rien de nouveau également. Tout respire le déjà vu. Mais attention et j’insiste, ça reste quand même cool à suivre. Même constat pour le look des cyborgs, dans l’ensemble, c’est généreux et ça déchire (j’adore le dos de Zapan) même si je regrette que les incrustations de visage réel fassent parfois tanguer l’ensemble.
Une grande baie vitrée sur l’âme
Pour terminer, passons à l’atout numéro un d’Alita : Battle Angel. En plus de permettre la découverte de la magnifique Jennifer Connelly en lingerie. Tout simplement, Alita. Derrière elle, se cache l’actrice Rosa Salazar en capture de mouvements. Alors, franchement quand tu regardes Alita en photo, tu te dis… Mince, ces yeux… Ces foutus yeux ! Ridicule. Bonheur, pendant le visionnage, ça passe nickel chrome. Ça renforce même Alita parce que comme on dit « Les yeux sont les fenêtres de l’âme », ben là, on a carrément une grande baie vitrée sur l’âme. Quand en plus, il s’agit d’une héroïne qui arrive à être badass tout en conservant la candeur de son adolescence. Je dis banquo !
Par Christophe Menat qui attend la suite de pied ferme, le14 février 2019.
Conclusion
Avec ses 200 millions de budget, Alita : Battle Angel est un gros blockbuster. L’ensemble n’est pas parfait, notamment à cause d’un trop-plein de numérique et d’une amourette ado relou, mais demeure tellement généreux que j’ai été obligé de prendre du plaisir. Ben quoi, ce n’est pas tous les jours qu’on a un film cyberpunk où l’héroïne arrive à être à la fois émouvante et badass. Alors quand, en plus, elle évolue dans un univers vivant avec une identité visuelle forte (surtout pour le look des différents cyborgs), je ne peux qu’adhérer. Maintenant, je demande la suite !
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7/10 |