Fiche
Titre | 10 Cloverfield Lane |
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Réalisateur | Dan Trachtenberg |
Scénaristes | Josh Campbell, Matthew Stuecken, Damien Chazelle |
Acteurs | John Goodman, Mary Elizabeth Winstead, John Gallagher Jr. |
Titre original | – | Date de sortie | 16 / 03 / 2016 |
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Pays | États-Unis | Budget | 5 000 000 $ |
Genre | Drame, Mystère, Science-fiction, Thriller | Durée | 1h 43 |
Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d’abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper… |
Critique
10 Cloverfield Lane s’est présenté à la face du monde un soir de Super Bowl avec un intriguant teaser. Au-delà de sa liaison apparente avec Cloverfield, la nouvelle production Bad Robot provoque surtout la surprise… Car, ce n’est pas un blockbuster… C’est un « simple » film… Quelques recherches amènent encore plus de stupeur quand on apprend que le prix du spot télé a coûté autant que le film (5 millions de dollars).
Avant de commencer, je rassure toutes les personnes n’ayant pas apprécié Cloverfield à cause du found footage, 10 Cloverfield Lane est tourné de manière classique.
Le point qui m’emballait le plus dans le film du jour était la présence au scénario de Damien Chazelle, le réalisateur de mon film préféré de 2014 : Whiplash. Mais bon, il était accompagné de deux autres gars, donc difficile de dire qui a fait quoi. Mais la présence de ces trois noms au scénario illustre bien un problème du film. Je ne sais pas si c’est lié, mais il y a une vraie rupture entre l’ensemble du film et sa fin qui part complètement en couilles (jouissive, mais niveau crédibilité, c’est le zéro absolu).
En voyant venir le huis clos, je le sentais mal, car malgré des bons représentants dans le genre comme l’excellent Buried avec Deadpool Ryan Reynolds ou le récent Room, le genre est souvent synonyme de « Je m’emmerde… Bon, s’ils restent encore une demi-heure là-dedans, j’arrête le film. ». J’imagine donc que je vous réconforte en vous affirmant que 10 Cloverfield Lane puise dans un scénario suffisamment rythmé pour éviter tout ennui. En fait, ça va tellement vite qu’on n’a même pas le temps de ressentir la lassitude et l’angoisse souvent inhérentes au genre.
Ça a un côté positif, mais aussi négatif. Ce n’est pas la cohérence qui étouffe le film. L’héroïne campée par le fantasme geek (Ramona Flowers !!!), Mary Elizabeth Winstead, n’est pas vraiment logique. Au détour d’une scène, elle nous explique avoir été paralysée devant une scène de maltraitance infantile (et pas seulement) laissant donc transparaître un personnage fragile psychologiquement. De quoi être estomaqué quand auparavant, elle nous a fait des trucs à peine imaginables pour un tel profil et qu’elle va pousser le bouchon encore plus loin par la suite. De plus, son introduction ne se fait pas sous un contour glorieux empêchant d’en avoir une sympathie directe surtout qu’il faut dire que Mary Elizabeth Winstead est une actrice assez froide. Ça colle merveilleusement avec Ramona Flowers pour Scott Pilgrim, mais ce n’est pas vraiment pratique quand il faut porter un film seule à la Ripley.
John is a good man
Dans le fameux bunker (note à moi-même : se tenir au courant de l’état de mes gars dans ma partie de Fallout Shelter), on trouve deux autres personnages. Commençons avec John Gallagher Jr.. Bon, lui, c’est l’archétype du charisme d’une moule. Un personnage vraiment peu intéressant (bordel, enlève-moi cette casquette) qui disparaît par moment sans que ce soit expliqué et est campé par un acteur fadasse qui fait qu’on s’en détache assez vite à l’exception d’un sympathique monologue. Fort heureusement, on peut trouver John Goodman, le sauveur du film. Le mec est si good qu’il arrive à jouer pêle-mêle le nounours attachant et le type un peu bizarre. Mais là, arrive encore un problème au niveau du scénario. Son personnage est tel qu’il devient vite prévisible et laisse deviner facilement la suite, ruinant ainsi tout twist.
C’est bien là, le problème de 10 Cloverfield Lane. La société Bad Robot est toujours aussi efficace quand il s’agit de faire le buzz autour du film en installant le spectateur dans le flou « le plus total ». Sauf que cette fois-ci, en s’établissant dans le « Clover-verse » (l’univers de Cloverfield) et sans oublier la tagline, elle gâche toute surprise et ruine même la cerise sur le gâteau. Dès lors, on a un résultat assez convenu de bout en bout et c’est dommage. J’ai lu quelque part des éléments sur la fin originelle et je peux dire qu’elle claque beaucoup plus, car plus surprenante.
On aurait envie de dire oui, en se basant sur la fin. Pourquoi ne pas le prendre, par exemple, pour un film qui continue là où s’est arrêté Cloverfield ? Sauf que des éléments empêchent une telle hypothèse. La version du téléphone de Michelle (l’héroïne) et la date (2015) alors que Cloverfield se déroule en 2008 et sans aucune mention d’une précédente attaque. On peut donc envisager le Clover-verse comme une sorte d’anthologie à la Quatrième Dimension où le point commun serait l’attaque d’extra-terrestre. On attendra le prochain film de cet univers (God Particle ?) avant de se forger un avis définitif.
Par Christophe Menat qui retourne au visionnage de la saison 2 de Daredevil, le .
Conclusion
Encore une réussite marketing de la part de la société de J.J. Abrams, Bad Robot. D’un film indie, ils en ont fait une machine à faire des entrées juste en l’associant à une de leurs plus grosses réussites (et aussi, avec un intriguant teaser). Poussé par la curiosité, je suis donc allé voir la bête et j’en suis ressorti assez déçu, car finalement, l’ensemble est très convenu et sans surprise. Il n’en reste pas moins un divertissement efficace porté par un bon John Goodman et un ensemble de péripéties qui font que ça bouge.
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6/10 |