J’avais beaucoup apprécié le film et ayant lu le magnifique roman graphique d’Alan Moore From Hell, j’étais curieux de lire ses autres œuvres. Je me suis donc rabattu sur le roman graphique qui a inspiré le film : V for Vendetta.
Le monde a plongé dans le chaos suite à une troisième guerre mondiale brièvement abordé avec le témoignage d’une jeune fille sauvée par V. Mais qui est V ? Dans un Londres plongé dans le fascisme, cet ange masqué semble être dans une vendetta. Tuant une par une, les personnes ayant été témoin de l’expérience l’ayant transformé. Le gouvernement s’inquiète à propos de tous ces meurtres mais se rassure, les 40 témoins ont tous été assassiné. A moins que ce ne soit le prélude de quelque chose de plus grand…
L’Alan Moore touch
Difficile en lisant le roman de ne pas reconnaître son style. Rien qu’avec la prose parsemée de multiples citations : « Dieu t’a abandonné, ton sort est irrémédiable et je suis venu te chercher parce que je suis le diable ». Un Alan Moore ne se lit pas comme un simple comic, c’est pourquoi je préfère appeler ses travaux des romans graphiques.
Le style de David Lloyd
Graphiquement déjà moins marginal que From Hell, V for Vendetta fourmille de détails et livre un portrait d’un Londres (ville cher à Alan Moore et déjà le lieu des agissements de Jack l’éventreur) post-apocalyptique.
J’ai beaucoup apprécié le style graphique d’un découpage très classique mais avec des bonnes idées comme une sonate au piano découpé de façon à suivre les notes. Les couleurs sont peu nombreuses donnant un univers très personnel. Un style très reconnaissable.
V for …
… de belles réflexions sur la condition humaine comme les affectionnent Alan Moore. Toutefois moins profondes que From Hell. En lisant le roman graphique, j’avais l’impression d’aborder les mêmes réflexions sur l’homme et la femme, sur sa nature mais là où V for Vendetta livrent un portrait au vitriol. From Hell va encore plus loin, ne disposant d’aucune limite avec même des images pornographiques digne d’un Manara (pour les pervers qui connaissent ^^).
L’autre réflexion, à propos du fascisme est aussi très intéressante, surtout lorsque l’auteur/V insiste sur l’inaction des citoyens, pointant même sur le fait que ce sont eux qui ont élus ces monstres que ce sont Hitler, Mussolini, Staline.
V for…
… un personnage culte. Alan Moore a eu un coup de génie en ne révélant jamais son identité. On connait son histoire et son idéologie. L’auteur fait de lui un symbole en le dotant d’un mystère et d’un superbe masque. La grosse force du roman graphique. « Je n’ai pas de nom. Vous pouvez m’appeler V ».
Alan Moore signe un très bon roman graphique qui n’atteint pas le statut de chef d’œuvre de From Hell. Une belle histoire de vendetta doublée d’une réflexion profonde sur la nature humaine, le fascisme et la liberté avec un personnage devenu culte grâce à son masque qui sourit quel que soit qui lui est opposé même la mort.
Son passage culte : les origines de V.
Son personnage culte : son nom n’a qu’une lettre et c’est la 22ème lettre de l’alphabet latin.
Note : 8/10
Par rapport au film
Comme toutes les adaptations, l’histoire est nettement plus simplifiée. L’histoire de V avec la fille ne change pas trop, seuls certains passages ont été enlevés histoire de ne pas avoir un film de 3h. Je vous rassure, cela n’a pas beaucoup d’incidence et même à mes yeux, leur relation était nettement plus forte et romantique dans le film. Dans le livre, j’ai eu l’impression que la fille n’était qu’une élève que V se charge d’endoctriner.
Par contre, la grosse force du roman est qu’il épaissit de manière considérable les personnages secondaires évoqués ou carrément supprimés du film.
De plus, il permet aussi une réflexion plus profonde sur les motivations de V, sur l’anarchie, sur la liberté qu’il souhaite rendre aux londoniens. Toutefois, le film se dote d’un meilleur final et dispose de magnifiques scènes de combats.
Après lecture/visionnage de V for Vendetta. Je peux affirmer que les deux œuvres sont tous les deux excellentes. Chacune disposant de ses propres forces et faiblesses.