Game of Thrones… au Japon
Fiche
Titre | Shōgun | Titre VO | – |
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Créateurs | Rachel Kondo, Justin Marks | ||
Acteurs | Hiroyuki Sanada, Cosmo Jarvis, Anna Sawai, Tadanobu Asano, Takehiro Hira | ||
Nombre de saisons | 1 | Nombre d’épisodes | 10 |
Date de sortie | 23 / 04 / 2024 | Durée | 54 à 70 mn |
Genre | Aventure, Drame, Historique | Chaîne | Disney+ |
Situé au 17e siècle, John Blackthorne, un marin qui passe du statut d’étranger à celui de samouraï tout en étant utilisé comme pion dans la lutte du leader japonais Toranaga. |
Critique
Impossible de passer à côté du phénomène de Disney+ (et, par extension, la FX). Le nommé Shōgun.
La nouvelle adaptation d’un roman de 1975
Pour l’histoire, il s’agit de l’adaptation du roman éponyme écrit par James Clavell et publié en 1975. Par ailleurs, il ne s’agit pas de sa première adaptation, car il y a également eu une mini-série de dix épisodes de 55 minutes en 1980 avec Richard Chamberlain, Toshirō Mifune, Yoko Shimada et John Rhys-Davies dans les rôles-titres. À noter également quelques jeux sur ordinateur.
Pour l’anecdote, James Clavell s’est inspiré de la vie de William Adams (24 septembre 1564 – 16 mai 1620), connu au Japon sous les noms d’Anjin-sama (« Monsieur Pilote ») et Miura Anjin (« Le pilote de Miura »). Un navigateur anglais ayant vécu au Japon où il est devenu samouraï. Il se dit également qu’il s’agit du premier Anglais à avoir foulé les terres nippones.
Quand FX fait du HBO
Bref, Shōgun est une formidable série (même si ō est relou à taper au clavier) donnant l’impression d’être devant une production HBO (et ça, c’est un énorme compliment). En gros, j’ai méchamment kiffé. Seuls quelques points m’ont empêché de mettre la note maximale. Déjà, sur certains plans, les fonds verts sont trop visibles. Ça m’a cassé le délire de perfection, car il y a pléthore de plans magnifiques où la photographie flatte la rétine.
De deux, ça concerne l’intrigue.
Attention, cette partie contient des spoilers (cliquer ici pour déplier)
Moi, personnellement, je suis un très grand fan des batailles au cinéma. Du coup, j’attendais avec impatience la grande bataille de Shōgun tout en espérant secrètement une séquence arrivant à rivaliser avec l’exceptionnelle « Bataille des bâtards » (Game of Thrones : Saison 6, Épisode 9). À ce niveau, le Ciel Pourpre tant teasé me faisait saliver. Du coup, quand je me suis retrouvé avec un début de bataille en mode flashforward, j’ai eu l’impression que le défenseur était revenu sur moi pour me subtiliser le ballon alors que je me présentais seul face au gardien.
D’un autre côté, le Ciel Pourpre en question correspond parfaitement au jeu de pouvoirs déployé dans cette mini-série. Yoshii Toranaga est beaucoup trop intelligent et stratège pour mettre son sort entre les mains d’une bataille indécise. Du coup, il est difficile de réellement pester, tant c’est pertinent en plus d’être magnifiquement exécuté. Mais il n’empêche que la bataille en mode flashforward, j’aurais bien aimé en avoir plus. Toutefois, vu justement les fonds verts en question que j’ai critiqués plus haut, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée en fait.
Naissance d’un shogunat
Shōgun, c’est un peu comme Game of Thrones avant que la série ne parte en vrille sur sa fin. Un formidable et fascinant jeu de lutte pour le pouvoir où chaque personnage tente d’arriver à ses fins ou tout simplement de survivre. Le spectateur occidental est plongé dans ce monde oriental via l’Anjin. La découverte des codes de cet univers, c’est un peu comme débarquer à Westeros. Un exercice dépaysant, surtout avec une reconstitution historique aussi impressionnante.
Tout comme dans Game of Thrones, on a du sexe (pas beaucoup quand même), de la violence, des passages chocs et des dialogues magnifiés par les acteurs. S’il est pour moi inutile de parler d’Hiroyuki Sanada tant l’acteur est toujours mémorable quand il apparaît, il livre néanmoins l’une des meilleures performances de sa carrière. Sa prestation dans le climax de l’épisode 8, « Les abysses de la vie », m’a ému aux larmes. M’enfin, je ne voulais pas en parler, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Celui, ou plutôt celle, dont je voulais parler, c’est Anna Sawai. Je l’avais découverte il y a à peine un mois pour son rôle principal dans Monarch : Legacy of Monsters. Son personnage m’avait horripilé et l’actrice ne me semblait pas marquante. Elle m’a fait fermer la bouche dans Shōgun. Assurément le genre de rôle qui fait toute la beauté d’un CV.
Y aura-t-il une deuxième saison ?
Interrogés par The Hollywood Reporter, les créateurs Rachel Kondo et Justin Marks ont été très clairs à ce sujet. La réponse est NON.
Nous avons poussé la série jusqu’à la fin du livre et avons mis un point à la fin de cette phrase. Nous aimons la manière dont le livre se termine, c’est l’une des raisons pour lesquelles nous savions tous les deux ce que nous voulions faire. Nous avons terminé exactement à cet endroit.
Néanmoins, il y a peut-être une lueur d’espoir. En effet, James Clavell a publié plusieurs romans pour ce qui est sa Saga Asiatique :
- Année 1600 : Shogun (roman sorti en 1975)
- Année 1841 : Taï-Pan (1966)
- Année 1862 : Gai-Jin (1993)
- Année 1945 : Un caïd (1962, King Rat en VO)
- Année 1963 : Noble House (1981)
- Année 1979 : Whirlwind (1986)
On pourrait alors imaginer une sorte de série d’anthologie. Mais cela ne changera rien au fait que l’histoire de Shōgun est bel et bien terminée.
Par Christophe Menat se prenant maintenant pour un samouraï même s’il n’est pas chaud à l’idée de se faire seppuku.
Conclusion
Et si l’on avait un Game of Thrones au Japon ? L’adaptation par la FX du roman Shōgun de James Clavell répond à cette question. Le résultat est un fascinant jeu de trônes magnifié par une reconstitution historique impressionnante, des acteurs formidables et tous les ingrédients ayant fait le sel de la série de HBO. Dommage que quelques fonds verts ratés viennent ternir ce sublime tableau. |
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9/10 |