Il existe une dimension au-delà des limites du temps, des concepts même de temporalité. Une dimension ou la relativité n’est qu’une fumeuse théorie : elle est à la croisée des fliks et des flaks, des sabliers et des montres calculettes. Le point de rencontre des ténèbres du fond du bus de la ligne 6 qui va vous faire arriver en retard pour votre date Tinder. C’est la temporalité de la folie, d’un homme hors du temps, sans pile à sa montre, sans soleil pour son quartz. Ce sont….
Cette semaine, exceptionnellement, je ne vais pas vous parler d’un film emprunt de nostalgie ou de bons souvenirs, ni d’un film de super-héros ou de la dernière sortie Netflix à la mode. Non, cette semaine, je vais vous parler d’un film qui m’a profondément touché, un superbe film qui mérite d’être découvert si ce n’est pas déjà fait. Alors forcément, vu qu’il est sorti en 2021, pour la nostalgie, on repassera. La question s’est posée, est-ce une chronique ou est-ce un 5 minutes ? Et puis, je me suis dit : « On s’en fout Coolson, l’important, c’est de parler de ce film ! ».
Alors c’est parti, cette semaine. C’est Sound of Metal.
De quoi que ça parle ?
Sound of Metal est un film américain sorti le 20 novembre 2020 aux États-Unis et le 16 juin 2021 au pays de Gabriel Fauré.
Le film nous dépeint l’histoire touchante de Ruben et Lou, un couple de musiciens, lui batteur et elle chanteuse, qui sillonne les États-Unis au volant de leur van aménagé. À la sortie d’un concert, Ruben entend une sorte de bourdonnement au creux de son oreille, puis plus rien. Inquiet, il prend contact avec un médecin.
Le diagnostic est sans appel : il vient de perdre 72 % d’audition d’un côté et 76 de l’autre.
Désormais, Ruben doit tenter de préserver ce qui peut l’être. Il décide alors de se rapprocher d’une communauté, dirigée par Joe, qui n’a qu’un seul but : lui apprendre à « devenir sourd ».
Et pourquoi le regarder ?
Parce que c’est un film qui ne pue pas la démagogie. Bien au contraire, c’est un film qui prend soin de son sujet et qui utilise de super idées de mise en scène pour nous plonger dans le nouveau quotidien de Ruben, ainsi que via l’excellent travail du son.
Quand Ruben n’est pas en capacité d’entendre, le spectateur non plus. Le film n’est pas sous-titré quand les différents protagonistes parlent en langue des signes, mais le devient au fur et à mesure que Ruben le comprend. Grâce à la mise en scène, on comprend toute la détresse de Ruben à accepter sa nouvelle condition, mais aussi sa satisfaction d’apprendre à devenir quelqu’un d’autre.
Riz Ahmed, qui incarne Ruben, est à lui seul une bonne raison de regarder le film. Alors, on peut lui reprocher, à juste titre, de s’être fourvoyé dans Venom, mais on est là face à un acteur, un vrai, dont on devrait entendre parler pendant un bon moment, je pense et j’espère. Il est parfait dans le film, passant de la douceur à la colère en essayant d’accepter ce qu’il lui arrive.
Paul Raci, qui incarne Joe, l’homme qui va aider Ruben à se reconstruire, est l’autre très bonne raison de le voir. Né de parents sourds, il participe à la fondation de The Immediate Theatre Company, une compagnie théâtrale qui lutte pour l’inclusion sous toutes ses formes.
Il est également chanteur dans le groupe ASL Rock, où il interprète l’intégralité des morceaux en langue des signes.
C’est valable ?
Je pense que le prologue est clair, oui, oui, mille fois oui ! Je vous en ai déjà parlé au cours d’une précédente chronique sur Les Éternels (d’ailleurs, on retrouve Lauren « Makkari » Ridloff au casting de Sound of Metal), j’aime l’inclusion, j’aime l’humanisme. Et le film en est rempli. Je ne peux que vous encourager à regarder ce film, lauréat de deux Oscars pour le montage et le son, et nominé dans les catégories meilleur film, meilleur acteur pour Riz Ahmed, meilleur acteur dans un second rôle pour Paul Raci et meilleur scénario original.
Premier acteur musulman à recevoir une nomination et depuis quelques jours maintenant, au cours d’une cérémonie où il s’est passé pas mal de choses bien avec la victoire de Coda, adaptation américaine de La famille Bélier ou bien encore le superbe discours de Jessica Chastain en faveur de la communauté LGBT, malheureusement éclipsé par les frasques de Will Smith, Riz Ahmed devient le premier acteur musulman, en compagnie de Aneil Karia, le réalisateur, à recevoir un oscar pour un court-métrage avec The Long Goodbye.
Et c’est quoi ta note, Coolson ?
5 « appareils auditifs » sur 5
Et t’as une minute, Marvelll ?
Coolson a déjà dit tout ce qu’il faut retenir de ce, effectivement, excellent film. J’ajouterais simplement ma pierre à la chronique (ou cinq minutes, c’est pas bien clair 😛 ) en exposant mon point de vue en tant que sourd vu que l’ami Coolson ne peut pas le faire.
Pour le coup, si La famille Bélier m’avait beaucoup déçu sur ce point en étant très superficiel, ce n’est pas le cas pour Sound of Metal. Un point à noter tout de même, je suis sourd de naissance, donc je n’ai jamais vécu le traumatisme de perdre l’audition du jour au lendemain. En cela, la mésaventure de Ruben m’a touché. Je pense que c’est bien pire de perdre l’audition que de ne l’avoir jamais eu (bon techniquement, j’en ai un peu grâce à mes appareils, donc… mais c’est une autre histoire).
J’ai trouvé, comme Coolson, que les passages « sourds » avec la gestion du sous-titrage sont excellents et terriblement marquants. Je tiquerais juste (mais vraiment histoire de faire le casse-couille) devant la machine pour traduire les paroles un peu trop efficace à mon goût. Dans la vraie vie, ce n’est pas aussi clean. On va dire que c’est la magie du cinéma.
Reste le passage critique de l’implant. Un point de débat justement dans la communauté sourde. Alors que je m’attendais à avoir un point de vue « médical » sur le sujet, les auteurs ont été impeccables juste au bout en démontrant justement que ce n’est pas une solution miracle.