Critique : Death Stranding

La vie d’après

Fiche

Titre Death Stranding
Éditeur Sony Développeur Kojima Productions
Plate-forme PlayStation 4 Date de sortie 08 / 11 / 2019
Testé sur PlayStation 4Game Genre Action

Critique

Quand je vois Hideo Kojima, je me dis instinctivement « day one ». Faut pas déconner quand on sait que Metal Gear Solid est un de mes jeux préférés de tous les temps. Malgré tout, j’appréhendais un peu Death Stranding pour la simple raison que j’avais beaucoup été déçu par Metal Gear Solid V et son open world aux missions sacrément répétitives.

Encore de l’open world ?

Pour le coup, je n’avais pas trop compris pourquoi le Kojima persistait dans le monde ouvert, car ça colle mal avec son style de narration. Mais bon, je me dis qu’il a peut-être appris de ses erreurs. Surtout, il ne faut pas oublier que son MGSV a connu une production chaotique et a été occulté de son final.

Le contraste est saisissant quand on compare avec le final de Death Stranding qui est très long. Les cinq dernières heures du jeu sont quasiment un jeu à l’ancienne de Kojima. C’est-à-dire un mélange équilibré entre phases de jeu et cinématiques. Bref, où on passe autant de temps à jouer qu’à regarder. C’est le Kojima que j’aime. On peut également étendre ce constat pour l’introduction du jeu.

Entre les deux, un monde où les quêtes fedex sont légions. Pour un mec comme moi qui tient en horreur ce genre de quêtes consistant à aller chercher des objets pour les amener à un PNJ. Sauf que bizarrement, ça ne m’a tant gêné que ça. J’en ai d’ailleurs été beaucoup surpris. Du coup, durant mes balades, je me demandais ce qui changeait par rapport à d’habitude ?

« Il y eut une explosion »

Tout d’abord, je pense qu’il faut accrocher à l’univers. Celui de Death Stranding se classe dans le genre désormais classique de post-apo, sauf qu’il apporte beaucoup de nouveautés. Assimiler toutes ces informations prend d’ailleurs un bout de temps. En plus, il y a un visuel extraordinaire. Les paysages sont souvent très beaux. Tandis que la partie fantastique marque pour son côté inédit. En somme, l’histoire du jeu vidéo solo a toujours été simple, plus l’histoire est prenante, plus on a envie d’y jouer.

Me concernant, j’y ai totalement succombé.

Dans la vie d’un livreur

Qui dit jouer, dit gameplay. Celui de Death Stranding est pour le moins est une véritable curiosité. En gros, on joue au livreur (j’imagine la tronche du mec qui est livreur dans la vraie vie…). Chacun doit donc apprendre à gérer sa marchandise. Plus cette dernière est lourde, plus la maniabilité devient ardue. La carte du jeu offre un relief fascinant obligeant le joueur à faire attention à ses pas sous peine de glisser et de tomber. Bref, je résume vite fait, car il y a pas mal de subtilités qui sont sympathiques à découvrir.

L’intelligence du jeu est de toujours monter en niveau avec le joueur. Plus on avance, plus on prend ses marques et plus le jeu fait monter la difficulté d’un cran. Bref, une progression toujours linéaire offrant du challenge. Pour stimuler le joueur, le jeu offre à chaque étape, un nouvel outil (arme, transport, …) et rarement ce dernier est inutile comme c’est souvent le cas dans les open worlds. Dès lors, c’était un véritable plaisir d’apprendre à utiliser cet outil.

Conseil : zapper les quêtes secondaires

Bref, j’ai beaucoup aimé le gameplay de Death Stranding. Néanmoins, je tiens à souligner que jamais je n’ai perdu du temps à accomplir les quêtes qui n’étaient pas obligatoires sauf si elles étaient sur mon chemin (une pierre, deux coups quoi). Au final, elles sont totalement inutiles dans le déroulement de l’histoire. C’est juste pour ceux qui veulent platiner. En plus, rien qu’avec l’intrigue principale, on en a déjà pour 30 heures de jeu.

Ah oui, j’oubliais. On nous offre la possibilité de construire des routes. J’ai adoré ce point et je passais beaucoup de temps à les faire. Ce que j’aimais avec ça, c’est que ça influençait réellement sur le paysage du jeu en plus d’être pratique pour les allers et retours.

Naturellement, il y a eu des moments où j’en avais ma claque de transporter de la marchandise. Heureusement, il y a quelques passages où les armes viennent prendre le relais. Des phases classiques mais qui brisent la monotonie.

« Je m’appelle Fragile, mais je suis du genre coriace. »

L’autre force de Death Stranding réside dans ses personnages. Ça a toujours été une qualité chez Kojima de nous offrir un casting mémorable. Mais ici, il a fait fort, je trouve. Le jeu est découpé en chapitre où chacun est consacré à un personnage et j’en ai apprécié chaque seconde. En passant, on reconnaît les acteurs instantanément. C’est superbe.

Si le personnage de Mama (Margaret Qualley) m’a beaucoup ému, mon préféré demeure de loin le Clifford Unger de Mads Mikkelsen. Normal, j’ai envie de dire. Mads, bordel. À égalité avec Lou quand même. Qu’est-ce que je l’ai aimé ce bébé. Il faut dire que le jeu fait tout pour qu’on s’y attache. Par exemple, en le rassurant après avoir fait une mauvaise chute.

J’ai beaucoup aimé le fait de voir deux réalisateurs cultes comme personnages principaux. Le Heartman de Nicolas Winding Refn et le Deadman de Guillermo Del Toro. Aussi, on a Jordan Vogt-Roberts (Kong: Skull Island et futur réalisateur de l’adaptation ciné de Metal Gear Solid) comme personnage secondaire. Ça titille mon cœur de cinéphile. En tout cas, j’ai vraiment hâte que Kojima passe à la réalisation d’un long-métrage. Au moins une fois.

Randonnée épique

Pour résumer, jusqu’ici, il y a un univers hors norme, un gameplay déstabilisant, mais rafraîchissant et toujours propice à la progression (à condition d’éviter, à mon goût, les quêtes secondaires) et des personnages marquants. Restent la musique et l’histoire. La première est vraiment sublime. Parfois, j’avais juste envie de me balader pour admirer les décors tout en écoutant la chanson. Ça donne parfois un côté épique à l’aventure. C’est suffisamment rare de ma part pour être souligné.

Quant à la seconde, si on est suffisamment attentif, on devine rapidement les contours de l’histoire au point que les twists sont attendus. Néanmoins, je l’ai trouvé diablement efficace. Une des dernières scènes du jeu m’a ému au point de me faire lâcher des torrents de larmes. J’en étais abasourdi.

Toutefois, il faut souligner que la narration n’a pas un rythme soutenu hormis au début du jeu et à la fin. Tout le reste de l’aventure, on la passe à faire la connaissance des personnages et à faire une randonnée épique. Avec le recul, je n’en reviens pas d’avoir aimé un jeu de randonnée et de livraison, car je déteste ça dans la vraie vie. Mais bon, dans la vraie vie, il n’y a pas des MULEs, ni des échoués.

Par qui réserve déjà le prochain Kojima.

Conclusion

Death Stranding est un jeu vidéo à part. Pas parfait, mais suffisamment riche et original pour offrir une aventure dont je me souviendrais longtemps.

+

  • Ambiance extraordinaire
  • Le début et la fin
  • Personnages marquants
  • Émotion forte lors du final
  • Gameplay original

  • Si on n’apprécie pas le gameplay, le jeu devient un supplice
  • Quelques ratés, comme la dernière scène de Die-Hardman
9/10
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