Critique : Okja

Le premier grand film de Netflix

Fiche

Titre Okja Titre VO
Réalisateur Bong Joon-ho Scénariste Bong Joon-ho
Acteurs An Seo Hyun, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano, Steven Yeun
Date de sortie 28 / 06 / 2017 Durée 1h 58
Genre Action, Aventure, Drame, Science fiction Budget 50 000 000 $

Une jeune fille s’efforce d’empêcher une multinationale d’enlever son amie, une énorme bête.

Photo du film Okja avec An Seo Hyun
Le coup de foudre au premier regard.

Critique

Après l’excellent Snowpiercer, le Transperceneige, le réalisateur coréen Bong Joon-ho revient avec l’histoire d’une amitié entre une jeune fille et un… super-cochon. Attention, comme à son habitude, les choses sont plus profondes qu’elles n’y paraissent.

Un film entaché par le scandale

Difficile d’avoir échappé à la polémique qui entoure Okja depuis sa diffusion à Cannes. Difficile donc de commencer une critique sans que je ne fasse part de mon avis. Ça ne te surprendra sans doute pas, mais mon camp est largement du côté du consommateur. Donc en face des conservateurs du cinéma. Comment est-ce possible qu’il faille attendre, en France, trois ans avant qu’un film n’ait la possibilité d’apparaitre sur un service de streaming comme Netflix ? Alors qu’aux États-Unis, le dernier Star Wars, Rogue One donc, y débarque en juillet (soit sept mois après sa sortie en salles).

Certains prétextent la protection du cinéma. Mais expliquez-moi alors pourquoi ça marche toujours aussi bien aux States ? Nous sommes dans un société en pleine mutation où les télévisions s’agrandissent. Une séance à la maison sera toujours, et de plus en plus, confortable qu’au cinéma (notamment quand on voit la qualité de certaines salles). Dernier argument, Netflix, Amazon et d’autres équivalents produisent des films qui ne se seraient jamais faits autrement ou alors en de très longues années. Pourquoi ne pas accepter que l’avenir soit en marche et revoir le fonctionnement du cinéma français ? Je ne dis pas que j’ai la science infuse, mais quand je vois le comportement puéril de certains professionnels qui huent le film à sa projection ou qui balancent des énormités comme « ça coûte plus cher de voir un film sur Netflix qu’au cinéma », ça ne donne pas trop envie de les soutenir, car ils donnent l’impression d’être complètement à côté de la plaque et d’agir plus par conservatisme et fainéantise.

Une créature numérique qui fait oublier sa provenance…

Maintenant, je ferme la parenthèse pour m’attaquer à la critique du film. Après une introduction géniale, on fait la connaissance de Mija, la jeune héroïne, et Okja. Là, le doute m’envahit. Même si le super-cochon que représente Okja est bien modélisé, il faut tout de même reconnaître des faiblesses trop visibles. D’une part, les acteurs ne portent pas forcément leur regard au bon endroit. D’autre part, la peau d’Okja contraste avec l’environnement mettant en exergue qu’il ne s’agit que d’une créature numérique. Mais, encore une fois, le réalisateur Bong Joon Ho fait des miracles après m’avoir bluffé sur Snowpiercer. Quel miracle ? Tout simplement le fait que j’ai totalement oublié que j’étais en présence d’une créature numérique. Je ne voyais plus un animal en images de synthèse, mais Okja.

… mais pas sa substance

Okja est bien plus qu’un sosie de Peter et Elliott le dragon même si j’ai beaucoup aimé ce dernier. En effet, l’histoire va plus loin que le simple « les méchants adultes kidnappent le meilleur ami animal de l’héroïne et cette dernière tente de le sauver ». Comme à son habitude, Bong Joon Ho mélange les genres. Entre comédie, drame, action (avec des passages franchement surprenants) et… horreur. Ce surprenant dernier genre est le symbole d’un climax choc. C’est simple, je suis sérieusement en train de réfléchir à devenir végétarien. L’intelligence du réalisateur est de ne proposer aucun manichéisme. Il se fout de la gueule des veggies aussi. Il ne fait qu’exposer une réalité, aussi douloureuse soit-elle. À nous de faire notre choix.

Si Okja s’avère aussi délicieux (oh purée, le double sens de ce mot – c’était même pas fait exprès), c’est aussi parce qu’il compose avec des personnages certes too much, voir cartoonesques, mais ayant le mérite de servir le propos du film et d’amener de l’humour, du fun, de l’émotion et des larmes. Le personnage qui m’a le plus marqué est sans hésiter le Jay de Paul Dano. Mention spéciale aussi au Dr. Johnny Wilcox d’un Jake Gyllenhaal en roue libre, au K (un Men in Black ?) de Steven Yeun qui décidément aime bien se faire démonter la tronche, à Tilda Swinton au sommet de son art et tout naturellement à la magnifique Mija d’An Seo Hyun. J’ai aussi noté un soin apporté aux détails comme par exemple, l’héroïne qui ne s’exprime que dans sa langue, entraînant ainsi des malentendus avec les personnages parlant en anglais.

P.S. : le film a une scène post-générique.

Par Christophe Menat encore marqué par le climax, le 30 juin 2017.

Photo du film Okja avec Tilda Swinton
D’un train vers une entreprise.

Conclusion

À l’heure où j’enchaînais les déceptions au cinéma, Okja m’est apparu comme une sauveuse. Loin d’être une banale histoire d’amitié entre une jeune fille et une créature fantastique, le film de Bong « Snowpiercer » Joon Ho s’avère être un formidable récit, bien écrit, pêchu et porteur d’un message intéressant. Bref, le cinéma tout public avec une âme. Netflix tient son premier grand film.

+

  • Okja qui fait oublier qu’elle est une créature numérique
  • Film avec une âme mis en exergue par le mémorable climax
  • Impeccable galerie de personnages bien écrits et bien campés
  • Rythme maîtrisé
  • Humour subtil et grinçant

  • Première partie légèrement flippante parce que ça se voit un peu trop qu’Okja est numérique
Trophée9/10

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