Critique : Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?

Les années 80/90 (mon enfance) ont été marquées par les parodies portées par Leslie Nielsen, notamment la trilogie The Naked Gun, sortie en France sous les titres loufoques Y a-t-il un flic…. Cette saga culte, chapeautée par les ZAZ (Jerry Zucker, Jim Abrahams et David Zucker), se compose de :

• Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? (1988 – VO : The Naked Gun: From the Files of Police Squad!)
• Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (1991 – The Naked Gun 2½: The Smell of Fear)
• Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? (1994 – Naked Gun 33 1/3: The Final Insult)

Ce que j’ignorais, et que ce nouveau film m’a permis d’apprendre, c’est qu’à l’origine, il s’agissait d’une série télévisée diffusée en 1982 : Police Squad! (d’où le sous-titre du premier film). Je l’ai découvert en regardant le générique en attendant la scène post-générique (oui, il y en a une !).

Une longue gestation

Depuis, on ne peut pas dire que les ZAZ se soient fait remarquer. Le réalisateur David Zucker a réalisé les très moyens Scary Movie 3 (oui, celui avec Pamela Anderson) et Scary Movie 4. Quant à la saga de Frank Drebin, elle semblait bel et bien enterrée, malgré quelques tentatives chamaniques de la ressusciter.

Déjà, en 2009, un DTV intitulé The Naked Gun 4: Rhythm of Evil avait été envisagé avec Leslie Nielsen de retour dans le rôle de Frank Drebin. Mais la disparition de l’acteur en 2010 a sûrement mis un terme au projet.

En 2013, la Paramount annonce un reboot avec Ed Helms (la série The Office s’était terminée cette année-là) dans le rôle principal. En 2015, David Zucker a raconté qu’il a décliné le rôle de producteur sur ce reboot, estimant que le ton humoristique prévu s’éloignait trop de l’original. Le projet est finalement abandonné.

Puis, en 2017, les ZAZ rédigent un nouveau script (The Naked Gun 4: Nordberg Did It) parodiant les films d’espionnage façon Jason Bourne/Mission Impossible/James Bond (période Daniel Craig). Mais le boss de Paramount le rejette, jugé trop osé à cause de certaines blagues. Quand Zucker découvre qu’un nouveau Naked Gun, la version actuelle, est en préparation sans lui, il le prend mal. À tel point qu’il a déclaré ne pas vouloir le voir, et avoir été dégoûté rien qu’en visionnant la bande-annonce.

Le papa de Ted à la rescousse

La version actuelle prend forme en 2021 lorsque Seth MacFarlane (créateur de Ted et Family Guy) arrive aux commandes. Rapidement, Liam Neeson est pressenti pour incarner Frank Drebin Jr. — et c’est confirmé en 2022. La même année, la réalisation est confiée à Akiva Schaffer, qui venait de signer le réussi Tic et Tac : les Rangers du Risque : le film, où on retrouve les mêmes scénaristes à la barre.

Bref, après une gestation longue et mouvementée, nous voilà en 2025, 31 ans après Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?, avec enfin un nouveau Naked Gun ! Je n’vous cache pas mon excitation, surtout après une bande-annonce hilarante qui semblait retrouver l’esprit des ZAZ.

Et après visionnage ? Je confirme : l’esprit ZAZ est bel et bien de retour. On m’aurait dit que les ZAZ avaient bossé dessus incognito, j’y aurais cru (désolé Zucker). Même la durée de 90 minutes générique compris colle parfaitement à l’esprit de la trilogie. Une durée courte mais idéale pour éviter l’indigestion, vu le nombre hallucinant de gags à la minute (y’en a même dans le générique de fin – coucou le mot de passe Netflix).

Une avalanche de gags

C’est typiquement le genre de film à revoir plusieurs fois pour capter tous les gags tant ils sont nombreux, parfois planqués dans les coins du cadre. En plus, l’excellent rythme comique le rend propice aux multiples visionnage. Mention spéciale au gag avec le chien, j’étais hilare. Deux petits bémols tout de même : tous les gags ne fonctionnent pas (mais franchement, est-ce seulement possible ?) et beaucoup des meilleurs d’entre eux sont déjà dans la bande-annonce.

Quant à Liam Neeson, si à première vue, ce choix pouvait surprendre. Leslie Nielsen, c’était le roi de la naïveté candide, alors que Neeson, c’est plutôt le dur à cuire immortalisé par Taken. Mais l’interprète de Qui-Gon Jinn a plusieurs fois prouvé qu’il était capable d’autodérision, notamment dans une apparition inoubliable pour le film Ted 2 (2015) de… (tiens, tiens)… Seth MacFarlane.

Et ici, il est impeccable. Il parvient à ajuster son registre du dur à cuire pour l’adapter à l’univers absurde de Naked Gun, avec un sens du décalage parfait. Il ne copie pas Nielsen, il s’en éloigne tout en respectant l’esprit. Pari réussi. À ses côtés, Pamela Anderson s’en sort bien. Le reste du casting est moins mémorable, mais assure l’essentiel.

Et si ça ne vous suffit pas pour vous convaincre, il reste cet argument :