Critique : Watchmen – Saison 1

Un phénomène maîtrisé

Fiche

TitreWatchmen Titre VO
CréateurDamon Lindelof
Acteurs Regina King, Yahya Abdul-Mateen II, Jeremy Irons, Jean Smart, Tim Blake Nelson, Frances Fisher, Hong Chau, Louis Gossett Jr., Jovan Adepo, Don Johnson
Saison1 Nombre d’épisodes9
Date de sortie20 / 10 / 2019 Durée52-67 mn
GenreAction, Drame, Mystère, Science fiction ChaîneHBO

Tulsa, Oklahoma, de nos jours. Il y a 3 ans de cela, un groupe de suprématistes blancs appelés «La septième Cavalerie» s’est attaqué à tous les policiers de la ville ainsi qu’à leurs familles. Afin de protéger leur identité depuis cette attaque poétiquement surnommée «La Nuit Blanche» les policiers portent désormais un bandana jaune afin de conserver leur anonymat. Profondément marqués par cette nuit tragique, Angela Abar et le chef de la police de Tulsa, Judd Crawford, décident d’enquêter de concert sur ce groupuscule et ses adeptes.

Critique

Il y a quatre ans, des premières rumeurs avaient commencé à apparaître concernant une série Watchmen avec Zack Snyder dans le lot. Trois ans plus tard, pas de Snyder, mais un Damon Lindelof tout juste auréolé par le succès de sa série The Leftovers. Franchement, The Leftovers, c’est un truc immense. Il y a beaucoup de Lost (autre série créée par Lindelof), mais sans le côté « j’étire l’intrigue au maximum afin de rajouter des saisons ». Bref, le voir prendre les rênes de la série Watchmen était diablement excitant.

Une saison qui se juge en entier

Avant de commencer, un prérequis non négociable : il faut regarder TOUTE la saison. Si le premier épisode te laisse de marbre, insiste quand même. Watchmen ne prend tout son sens qu’en ayant vu la saison en entier. On voit que Damon Lindelof a beaucoup appris de ses échecs sur Lost. Pourquoi je dis ça ? Tout simplement parce que même si Watchmen ouvre plein de mystères, il répond à chacun d’entre eux quand vient le temps de finir. Il y a donc un début, un milieu et une fin. Tout a été pensé dès le départ. Au final, une construction parfaite nous emmenant dans un dédale de personnages dont les intrigues finissent par se rejoindre pour accoucher d’un final puissant.

Faut-il avoir lu / vu Watchmen ?

Pour répondre à cette question, je considère que oui, mais sans toutefois le juger obligatoire. La série Watchmen pour HBO comporte beaucoup de clins d’œil à l’œuvre dont il fait suite. En effet, il s’agit bel et bien d’une séquelle prenant place bien des années plus tard. L’oeuvre écrite par Alan Moore et dessinée par Dave Gibbons / le film de Zack Snyder se déroulait en 1985, la série en 2019. Surtout, elle reprend certains de ses héros. Puis bon, le film est une œuvre magistrale, le comic encore plus, donc rien que pour sa propre culture personnelle, l’effort en vaut la peine.

Toutefois, un point très important doit être souligné. La série n’est pas la suite du film de Zack Snyder, mais bel et bien du comic. En effet, il y a des différences entre les deux œuvres même si le réalisateur renié de DC a pour la plupart du temps calqué le comic. Parmi les points les plus importants, déjà, les héros masqués chez Moore/Gibbons ne sont pas des surhumains, à l’exception d’un certain docteur. Ce point est un léger détail, le second est par contre plus notable. Si entre les deux la finalité est la même, le moyen employé est sensiblement différent et ça a son importance.

À NE PAS LIRE SI TU PRÉVOIS DE LIRE OU VOIR L’ORIGINAL WATCHMEN

Dans le film, afin d’éviter une guerre nucléaire, Ozymandias fait en sorte que la menace commune pour les États-Unis et l’URSS soit le Docteur Manhattan, alors que dans le comic, il créé un extra-terrestre, sorte de calamar géant.

FIN DU SI TU PREVOIS DE LIRE OU VOIR L’ORIGINAL WATCHMEN

Pour le reste, si tu n’as pas encore vu la série, il faut s’arrêter là. Elle fait partie de ces œuvres qu’il faut voir en sachant le moins possible. L’aventure n’en sera qu’encore plus étonnante et époustouflante.


Pénétrons maintenant dans la partie SPOILER.

Cet Être Extraordinaire Entre dans Abar

Quelle claque. Au premier épisode, j’étais là. Wow, c’est bien, c’est superbement introduit. L’univers est fascinant. Mais je n’étais pas prêt à ce qui allait arriver. Surtout pas pour les épisodes 6 et 8, respectivement This Extraordinary Being (Cet Être Extraordinaire) et A God Walks into Abar (Un Dieu Entre dans Abar, dommage la traduction n’a pas réussi à conserver ce magnifique jeu de mot).

Le premier cité est une véritable leçon de cinéma. Une prouesse juste magique. Un truc où je suis resté figé avec une seule onomatopée à la bouche. Une onomatopée qui est « wow ». Alors que je me disais qu’ils n’arriveraient plus à ce niveau, voilà qu’ils font le second cité. Un exercice fascinant permettant de bien comprendre comme la vie selon le Docteur Manhattan. En plus, d’être une superbe histoire d’amour.

On peut aussi compter sur l’excellent épisode sur le Miroir, l’épisode 5 (Little Fear of LightningSans craindre la foudre). C’est avec celui-ci que Watchmen bascule dans le haut du panier des séries. Si je n’ai pas mis la note maximale à la série de Damon Lindelof, c’est bien parce que la série a quelques défauts. Déjà, il faut légèrement s’accrocher sur les premiers épisodes. Rien de pénalisant, mais ce n’est pas du high level direct. Malgré tout, difficile d’être spécialement tatillon sur ce point car ce sont des passages nécessaires pour l’effervescence de la suite.

Final un peu facile

Mon autre déception demeure le final. Un peu trop facile selon moi. Je m’attendais à une fin plus sombre. Là, ça finit beaucoup trop bien et facilement. Si HBO avait commandé dix épisodes à la base, ce nombre a été réduit à neuf après que le showrunner et son équipe ont jugé que dix étaient trop. Je suis circonspect car tout semble se conclure trop vite. Quand je dis ça, je pense à Laurie et au Miroir qui sont relégués à des simples seconds rôles quasiment comiques sur See How They Fly / Regardez Comme Ils Volent.

Cela reste tout de même un excellent épisode. Notamment pour le climax du Docteur Manhattan. J’ai adoré l’effet visuel avec la machine capturant son essence. On aurait dit du Dragon Ball Z. J’ai également lâché des larmes sur sa magnifique déclaration d’amour avec Angela. Le cliffhanger final est aussi très sympa.

Récit dominé par l’intelligence

Pour terminer, un petit mot sur les surprises de la série. J’ai adoré le fait qu’à chaque révélation, je n’ai jamais été sur un « Mais c’est quoi, ce bordel ? », mais plus sur « Quelle révélation de dingue ! ». Watchmen m’a bluffé par l’intelligence de son récit. Tout est structuré de façon à ce que les révélations sonnent comme des évidences. C’est tellement rare que ça vaut la peine d’être souligné.

Un exemple me vient en tête : la statue d’Ozymandias en or. Première fois qu’on la voit, j’étais là. Ben dis donc, elle le kiffe bien, la Lady Trieu. Puis, on apprend que c’est sa fille. Oh, c’est logique. Puis, on apprend qu’Ozymandias était vraiment sous cette carapace en or. Oh, les tarés. Il fallait le faire. Puis on se rend compte que c’était logique sinon comment Lady Trieu aurait-elle pu avoir un Ozymandias si fidèlement proche de celui dont on suit les aventures en « Europe ». L’Europe, encore une idée de génie. C’est juste dingue de cumuler autant d’excellentes idées comme ça sur neuf épisodes.

Quid de la suite ?

En tous cas, au vu de la saison et toutes les excellentes idées qui y sont cumulées, je comprends mieux pourquoi Damon Lindelof n’est pas chaud pour y revenir avec une deuxième saison. C’est tellement compliqué. Cette saison semble être comme s’il avait tout mis dans une saison au lieu de faire durer une série entière. Au final, la solution serait peut-être dans celle qu’il a proposée à HBO. Faire une série d’anthologie à la Fargo / True Detective. On conserve l’univers, mais on propose une toute nouvelle histoire. Un nouveau showrunner pourrait alors débarquer.

Je suis très fan de cette idée. Pourquoi pas une saison consacrée aux Minutemen ? Ou alors, une suite avec des nouveaux personnages où on verrait le nouveau Docteur Manhattan de loin. N’oublions pas non plus le grand oublié de la saison, le Hibou. Ah oui, et le procès s’annonçant fascinant pour Ozymandias ?

La dystopie des blancs

Pour terminer, pour de vrai, cette fois-ci. Un autre truc qui vient de me venir en tête. Le suprématisme blanc. Avec cette perversion de Rorschach. Un excellent sujet de société, surtout pour les États-Unis vu à quel point ils se sont réveillés récemment. Prouvant qu’ils sont loin d’être morts. J’ai adoré leur traitement dans Watchmen. Surtout, dans cette Amérique de Robert Redford où la balance des pouvoirs s’est équilibrée.

Par ravi de finir 2019 sur cette note.

Conclusion

Sans hésiter, Watchmen est une des meilleures séries sorties cette année et une des meilleures séries de tous les temps. En une saison quasiment parfaite, Damon Lindelof et son équipe déploient une intrigue ingénieuse, bourrée de rebondissements et reposant sur un fait de la société américaine fascinant. Je n’en dis pas plus, car, dans l’idéal, cette série proposée par HBO doit être vue sans en rien savoir. Surtout, il faut la regarder jusqu’au bout sous peine de passer complètement à côté.

+

  • Réalisation sublime
  • Casting très solide
  • Faire suite à Watchmen
  • La maestria des épisodes 6 et 8
  • Récit intelligent tenant sur une saison

  • Fin un peu facile
  • Démarrage en douceur
  • J’aurais voulu que ce soit plus émouvant
9/10
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