Une catastrophe inattendue
Fiche
D’après le jeu vidéo Warcraft | |
Titre | Warcraft : Le Commencement |
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Réalisateur | Duncan Jones |
Scénaristes | Duncan Jones, Charles Leavitt |
Acteurs | Travis Fimmel, Toby Kebbell, Ben Foster, Paula Patton, Dominic Cooper, Ruth Negga, Robert Kazinsky, Clancy Brown |
Titre original | Warcraft | Date de sortie | 25 / 05 / 2016 |
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Pays | États-Unis | Budget | 160 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Fantastique | Durée | 2h 03 |
Le pacifique royaume d’Azeroth est au bord de la guerre alors que sa civilisation doit faire face à une redoutable race d’envahisseurs: des guerriers Orcs fuyant leur monde moribond pour en coloniser un autre. Alors qu’un portail s’ouvre pour connecter les deux mondes, une armée fait face à la destruction et l’autre à l’extinction. De côtés opposés, deux héros vont s’affronter et décider du sort de leur famille, de leur peuple et de leur patrie. |
Critique
Chaque personne ayant joué à un jeu de Blizzard, que ce soit Warcraft, Diablo ou Starcraft, a probablement caressé le doux rêve de voir les cinématiques qui ont fait la réputation du studio de développement se prolonger en film. Ce rêve est désormais réalité grâce à Duncan Jones.
Je fais partie de ces rêveurs. Je n’ai pas joué au premier Warcraft (trop jeune), très peu au second, mais des heures et des heures sur Warcraft III et son extension. Par contre, World of Warcraft, très peu pour moi. Voilà pour mon portrait avant de brûler la mèche qui va lancer cette critique explosive.
Explosive, mais pas dans le sens souhaité et espéré. J’ai trouvé ce Warcraft : Le Commencement totalement raté. C’est de justesse si je n’emploie pas le monstrueux terme « infâme ». Cependant, et contrairement à la plupart des adaptations ciné de jeux vidéo, ce n’est pas le manque de respect qui doit être reproché ici. Au contraire, Duncan Jones et son équipe prennent le soin d’être fidèles à la saga vidéoludique, notamment avec ce délicieux clin d’œil impliquant un mouton. Mais les qualités s’arrêtent là. Et le désastre commence…
Symbole de cette catastrophe. L’ouverture. Pourtant, elle fait illusion un temps, car elle est superbe. On se croirait plongé dans une cinématique d’un jeu vidéo de Blizzard. C’est brillant. Les effets spéciaux sont irréprochables. Les Orcs sont impressionnants. C’est avec un véritable plaisir que j’ai suivi cette pénétration dans l’univers de Warcraft au cinéma. Puis vint le drame… Un drame prenant l’apparence de Garona jouée par Paula Patton. À elle seule, elle symbolise une grosse partie du fiasco. Son personnage est une métisse Orc/Draeneï. Mais au vu du film, on a envie de dire métisse Orc/Humain. Bref, elle représente l’alliance entre deux mondes diamétralement opposés. D’un côté, les Orcs entièrement en images de synthèse (en mode Avatar pour imager) et de l’autre, les humains en live. Une alliance contre-nature.
Le mélange entre la Horde et l’Alliance est une immondice née du Fel.
Jamais, je n’ai été convaincu par le mélange images de synthèse et film live. Surtout avec des décors produits, en grosse majorité, par les ordinateurs. Quand ce n’est pas le cas, ce sont des décors respirant le film tourné en studio (faisant donc très faux). Je n’oublie pas non plus les costumes et les armes respirant sans cesse le cheap.
Dès lors, Warcraft : Le Commencement est un film bâtard. Néanmoins, en regardant les scènes avec les Orcs, je me suis pris à regretter que l’équipe derrière le projet n’ait pas pris le risque de faire un film entièrement en images de synthèse tant ces passages sont convaincants. Même quinze ans après, la jurisprudence Final Fantasy: Les Créatures de l’esprit est toujours d’actualité. Quel dommage. Mais je ne vais pas refaire l’histoire et me contenter de juger le nouveau film de Duncan Jones.
S’il n’y a pas grand-chose à reprocher à la partie Orc du film, du côté humain, c’est la légion des défauts qui se lève pour repousser le statut de bon film. L’ensemble a remonté chez moi un douloureux souvenir : le visionnage de l’adaptation cinématographique de Donjons & Dragons. Tout est à peu près raté chez l’Alliance. Pour couronner le tout, le film va trop vite dans son œuvre. Il ne prend jamais le temps de présenter ses environnements ou d’installer ses personnages, comme le faisait merveilleusement Peter Jackson dans sa saga de l’Anneau. Dès lors, on se sent totalement déconnecté de l’histoire. Le pire, ça reste tout de même les acteurs à peu près tous sans intérêts. Même le pourtant très charismatique Travis Fimmel (Ragnar Lothbrok dans la série Vikings) peine à s’en sortir. Il sera le seul, hors Orcs, à présenter un quelconque intérêt narratif. Et encore, s’il n’était pas plombé par une intrigue expédiée et dotée de répliques fades. La palme est à remettre aux « blagues ». Je suis obligé de mettre des guillemets, car c’est tellement mauvais qu’on ne peut décemment pas qualifier ces répliques comme étant drôles.
Quant à la fameuse bataille. Ouais, on repassera. Si ce film devait annoncer une nouvelle saga à venir, je pense que ça va s’arrêter là.
Par Christophe Menat en position fœtale, le 26 mai 2016.
Conclusion
J’y vais cash. Warcraft : Le Commencement est un ratage royal rejoignant instantanément le cimetière des adaptations vidéoludiques ratées aux côtés de Super Mario Bros. et Double Dragon. À mon avis, pas grand-chose n’est à sauver de ce long-métrage pourtant prometteur, surtout avec Duncan Jones à la caméra. Le film ne m’a convaincu que pour sa partie Orc. Le reste étant désastreux. Entre intégrations des acteurs dans des décors en images de synthèse à désirer, un scénario trop expéditif et plombé par des répliques fades, des acteurs moyens (et même mauvais pour certains) et en comptant sur des décors/costumes respirant faux, le visionnage devient vite une galère. En voyant un tel naufrage, je me suis fait une frayeur en imaginant une adaptation de la saga Le Seigneur des Anneaux si elle n’avait pas été réalisée par Peter Jackson. Elle aurait sans doute ressemblé à ce Warcraft.
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3/10 |