Fiche
Titre |
True Detective
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Créateurs | Nic Pizzolatto |
Acteurs: | Colin Farrell, Vince Vaughn, Rachel McAdams, Taylor Kitsch, Kelly Reilly |
Titre original | – | Saison | 2 |
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Pays | États-Unis | Nombre d’épisodes | 8 |
Genre | Drame, Mystère, Policier, Thriller | Format | 60 mn |
Diffusion d’origine | 21 / 06 / 2015 | Chaîne | HBO |
Dans la ville fictive de Vinci, près de Los Angeles, un homme d’affaires, Ben Caspere, est retrouvé mort sur une aire d’autoroute, le corps mutilé. L’État réunit alors une unité spéciale pour enquêter sur les circonstances de sa mort : Ray Velcoro, un policier corrompu au service d’un mafieux local, Frank Semyon, cherchant à se repentir mais ayant perdu tout son argent avec la mort de Caspere, Antigone « Ani » Bezzerides, une femme policier hantée par son passé, et Paul Woodrugh, un policier à moto, vétéran de guerre pris dans un scandale sexuel. Les quatre personnes vont découvrir peu à peu l’ampleur de l’affaire, mêlant politiciens véreux, policiers corrompus et cartels autour d’un projet de voie ferroviaire traversant toute la Californie. |
Critique
Je me rappelle encore de mon émotion lors de la découverte de True Detective et du 10/10 indiscutable qui a suivi. Il faut dire que la série avait débarqué en fracassant tout sur son passage. Elle était LA série de 2014 (même si Fargo traînait pas loin derrière). Donc, dire que cette deuxième saison était attendue relève de l’évidence même.
True Detective est une série d’anthologies, donc cette deuxième saison offre une toute nouvelle histoire. Sauf qu’à l’inverse d’American Horror Story, le casting originel n’est pas conservé. Matthew McConaughey et Woody Harrelson tirent leur révérence, mais sont toujours présents en tant que producteurs (après, ça sent plus le titre honorifique qu’autre chose). Colin Farrell, Vince Vaughn, Rachel McAdams et Taylor Kitsch débarquent. Premier constat, on perd en prestige et en niveau. Les premiers épisodes ne font que le confirmer. Aucun des nouveaux acteurs n’arrive au niveau ahurissant de Matthew McConaughey. À mon goût, s’il était excellent dans Dallas Buyers Club, il l’était encore plus dans True Detective. Je me demande même si ça n’a pas joué inconsciemment pour l’Oscar du meilleur acteur.
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » (L’isolement, Lamartine)
Autre point qui fait mal : le départ de Cary Fukunaga, alors réalisateur de tous les épisodes de la première saison. Justin Lin, l’homme qui a ressuscité la franchise Fast & Furious, a beau le remplacer pour les deux premiers épisodes, la magie n’est pas aussi efficace. Sans compter sur le fait que la liste des autres réalisateurs concernés est loin d’être épatante. Cary Fukunaga avait réussi à instaurer une atmosphère délicieusement malsaine avec une photographie à tomber raide sur le lino. True Detective 2 (c’est dommage de ne pas avoir donné de sous-titre, ce serait plus facile pour différencier les saisons) ne réussit jamais vraiment à en faire de même avec la cité des Anges. Il faut dire que Vinci, la ville où se déroulent les évènements, semble avoir été déjà vue des dizaines de fois dans d’autres séries, notamment The Shield. On sait donc où on met les pieds et inévitablement, on a comme l’impression de retourner dans ce camping où on a déjà été. C’est sympathique, mais rien ne vaut l’attrait de la nouveauté, le plaisir de la découverte. Au final, seul le créateur, Nic Pizzolatto, est encore là.
Est-ce pour autant qu’il faut qualifier cette saison de mauvaise ? En aucun cas. C’est juste qu’on rentre dans un contexte télévisé plus classique. L’intrigue s’oriente autour d’une enquête faisant intervenir plusieurs enquêteurs et où on met très longtemps à découvrir les dessous. L’enquête est très dense, impliquant un grand nombre de personnages. Si dense qu’il devient parfois difficile de s’y retrouver. Surtout en suivant la saison au rythme des semaines. Quand un nom est cité, on met un petit moment avant de savoir de qui on parle (si on y arrive). Dès lors, il faut s’accrocher comme Leo et Kate sur la rambarde d’un Titanic alors en passe de s’enfoncer dans l’eau pour ne pas être largué. C’est dommage de ne pas avoir su rendre chaque personnage identifiable aux yeux des spectateurs. D’un autre côté, difficile d’en vouloir aux showrunners, car ils proposent une enquête vraiment complexe où nous sommes désemparés au même niveau que les enquêteurs. Après tout, n’est-ce pas le sujet de la série ? True detective. Littéralement, vrai détective. On a des pistes, mais aucune preuve réellement concrète. On navigue au gré des suppositions. Je trouve cela réellement passionnant de ne jamais savoir, de ne jamais être complètement sûr, toujours dans le doute. La vraie vie, en somme.
Personne pour remplacer Matthew et Woody
Le nouveau casting est assez plaisant, même s’il souffre inévitablement de la comparaison avec son illustre prédécesseur. Le plus impressionnant est Vince Vaughn. Faut dire que passer d’un gars qui fait le comique (dans des films rarement notables, en plus) à ce « gangster » doté d’un esprit manipulateur est un choc. Euh… Le mot est quand même un poil exagéré, car on est loin du niveau d’un Matthew alors beau-gosse d’Hollywood (il en a fait des daubes, je cite pour l’exemple Un mariage trop parfait et Hanté par ses ex) et, désormais, un des acteurs les plus prisés d’Hollywood ou d’un Jim Carrey éblouissant son monde en changeant de registre avec The Truman Show et Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Mais c’est plutôt pas mal. Rachel McAdams a failli être cité. Elle se montre convaincante dans ce rôle de garçon manqué totalement éloigné de ses habitudes. Pour Colin Farrell, pas de grosse surprise. On connaissait déjà son talent. L’acteur fait comme d’hab’ tout en offrant de belles séquences. Pour Taylor Kitsch, je serais plus sévère. Le mec se montrant incroyablement fade. À sa décharge, son personnage devient très vite lassant.
Le rythme de la série est toujours aussi lent, sauf que cette fois-ci, il m’a plus marqué. Avec le recul, ce n’est pas vraiment étonnant, le nombre de « héros » ayant augmenté. Cela demande donc plus de temps pour les installer et pour les développer. Donc quand certain se révèle inintéressant comme Taylor, ça rend le procédé assez crispant. Ainsi, dans la grosse majorité de la saison, il ne passe pas grand-chose. On pourrait parler de réalisme, mais dans la première saison, chaque lieu traversé était un événement. Sur cette deuxième saison, les lieux sont si banals qu’on a sans cesse l’impression de les avoir déjà vus ailleurs. Toutefois, on retrouve dans les deux saisons cette même séquence d’action ultra-spectaculaire. Ici, une descente qui tourne mal, très mal. Assurément, un des meilleurs moments.
Et la magie du final fit effet…
Je vais être franc, tout ce qui précède a été écrit avant que je ne voie l’épisode final. Du coup, j’ai été vachement emmerdé, le final étant un grand moment. Mais alors, je réécris ou ? Finalement, j’ai décidé d’écrire une toute nouvelle partie pour marquer la fracture. Dans ce final, toutes les pistes qui paraissaient lourdingues au premier abord se révèlent cruciales. Tout converge magnifiquement pour nous achever avec un grand doute : « Mais alors, c’est moyen ou pas, cette deuxième saison ? ». À cette question, deux camps se révéleront. Ceux qui diront que le final ne vaut pas le coup d’avoir souffert des longueurs (encore que Sense8 fait largement pire à ce niveau) et ceux qui diront oui, ça vaut le coup ! Je fais partie de cette deuxième catégorie.
Quelle claque. Pendant une heure et demie, j’étais sous le charme. C’est fou, la différence de niveau entre cet épisode (Omega Station) et le reste de la saison. Comme si durant un épisode, on renouait avec l’excellence de la première saison. La fin de Velcoro (Colin Farrell) est un grand moment tragique, mais ma préférence va largement pour celle de Frank Semyon (Vince Vaughn). Quel moment grinçant, ce long chemin dans le désert accompagné par les démons du passé. Je m’en souviendrais pendant longtemps. Que dire aussi de cette magnifique chanson de Lera Lynn reflétant à merveille l’état de chacun des héros. Quel pincement au cœur en découvrant le résultat du test de paternité. Tout ça… pour rien. Et surtout quel stress, car je savais que tout cela ne pouvait pas bien se finir. La réalisation ne fait que nous le confirmer. Tout ça finira mal. Mais il restait toujours cet infime espoir. Cette lueur qui m’a fait serrer les dents jusqu’au bout en espérant un sort heureux pour nos héros. Alors que j’étais déçu par le dénouement de la première saison (trop happy ending), j’ai adoré celle-ci. Aussi noir que blanc. Gris, comme la vie.
Je remarquerais que cet épisode est le seul où Woodrugh (Taylor Kitsch) est absent. Est-ce une coïncidence ? Pour ma part, je ne pense pas, car j’ai toujours trouvé que Woodrugh plombait le rythme. Cet épisode est aussi celui où Ray et Frank sont les plus mis en avant (Bezzerides passe au second plan) et comme par hasard, c’était les deux meilleurs personnages de la saison. Comme par hasard, en recentrant l’intrigue sur eux, ça accouche d’un épisode diablement passionnant.
Par Christophe Menat, le , depuis la ville du vice, Vinci.
Conclusion
Quand je penserai à True Detective, ce n’est pas cette deuxième saison qui me viendra en tête, mais la première. Finalement, la marche était trop haute et comme on dit : un pas en avant, deux pas en arrière. Pourtant, l’idée de base était là. Malheureusement, la mise en pratique s’est révélée moins efficace que prévue, la faute à une intrigue trop dense, donc confuse (retenir tous les noms est un calvaire, il faudrait un bloc-notes pour suivre la série). Aussi, la réalisation est bien moins inspirée. Pareil chez les acteurs. Néanmoins, le final change la donne en multipliant les bonnes idées comme un matheux pris d’une crise de multiplication. Après l’arrêt Omega Station, difficile d’oublier cette saison.
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8/10 |