Critique : The Studio – Saison 1

Vu que le duo Seth Rogen et Evan Goldberg est à l’origine de The Studio, en plus d’en avoir réalisé tous les épisodes, difficile de ne pas être excité. Pour rappel, les deux ont donné les sympathiques comédies C’est la fin (2013) et L’interview qui tue ! (2014), sans oublier la série Preacher (2016-2019). Pas besoin d’avoir fait Sciences Po pour remarquer un goût prononcé pour la comédie borderline. Cela tombe bien, j’adore ça.

Avec cette série créée pour Apple TV+, le duo semble être arrivé à maturité vu qu’il livre un véritable bijou dans tous les domaines. Grosso modo, on suit l’histoire de Matt Remick, joué par Seth Rogen, fraîchement promu directeur d’un gros studio hollywoodien par son patron, Griffin Mill (Bryan Cranston). Avant de continuer, une anecdote : le nom du patron est le même que celui du héros joué par Tim Robbins dans le film The Player (1992), réalisé par Robert Altman.

Comme sur C’est la fin, il y a une galerie de caméos, dans leur propre rôle, donnant le tournis. Allez, j’en cite quelques-uns : Anthony Mackie, Antony Starr, Charlize Theron, Dave Franco, Ice Cube, Martin Scorsese, Olivia Wilde, Paul Dano ou encore Ron Howard (et le « ou » n’est pas là parce que je n’ai plus de noms à donner, mais juste parce qu’il s’agit de se modérer). Le plus fort, c’est que certains caméos sont bien plus que de simples apparitions. Ils ont une vraie importance dans l’intrigue et contribuent beaucoup à la crédibilité de The Studio. Mention spéciale pour le numéro hilarant de Bryan Cranston dans le dernier épisode, La présentation.

Welcome to Hollywood, baby

Cela donne souvent naissance à des gags hilarants. Ça faisait longtemps qu’une série ne m’avait autant fait rire (je ne m’en suis toujours pas remis de la guerre des egos entre le producteur et les docteurs dans l’épisode 6, L’oncologue pédiatrique). Il faut dire que le cocktail de situations abracadabrantesques, dans un registre sérieux, fait des merveilles. Les personnages principaux sont finement écrits, réussissant toujours à éviter de traverser la frontière de la caricature. Coup de cœur pour Agatha Harkness, devenue responsable marketing chez Continental, qui en profite pour cumuler les looks extravagants.

Le plus fort, c’est que ce qui pourrait être une excellente sitcom est portée au firmament par une réalisation de haute volée. Le plan-séquence de l’épisode 2, sobrement intitulé Le plan-séquence, est simplement dingue, en mettant en scène une mise en abyme : les héros de la série assistent à la réalisation d’un plan-séquence tout en étant au cœur d’un véritable plan-séquence. De la folie pure et dure, et nécessitant une organisation millimétrée. Ce n’est pas pour rien que l’acteur Ike Barinholtz, habitué aux improvisations, a déclaré qu’il n’y avait pas de place pour les impros sous peine de se faire engueuler.

Pour finir, étant féru de cinéma et de séries (vous vous en doutez), le thème choisi par la série me ravit. On peut ainsi découvrir l’envers du décor et le quotidien des responsables de studios. Évidemment, cela est caricaturé, mais il n’empêche que les idées viennent souvent du vécu.

En tout cas, cette série enterre sans problème une autre série du même registre chez HBO : The Franchise. Et si Apple TV+ était le nouveau HBO ? Il faut commencer à sérieusement se poser la question.