Quand la brume s’invite au japon
Fiche
Titre | Silent Hill f | ||
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Éditeur | Konami | Développeur | NeoBards Entertainment |
Plate-forme | PlayStation 5, Xbox Series, Windows | Date de sortie | 25 / 09 / 2025 |
Joué sur | PlayStation 5 | Genre | Action, Aventure, Drame, Horreur, Mystère |
Critique
Après nous avoir manqué (suite à des choix douteux, pour ne pas dire débiles – oups, c’est dit, de la part de Konami), la licence Silent Hill est clairement de retour en forme. Suite à l’avertissement qu’était The Short Message, l’excellent remake de Silent Hill 2 par Bloober Team avait frappé fort. S’il est facile d’adapter un chef-d’œuvre, avec Silent Hill f, c’est une autre histoire, puisqu’il ne s’agit pas d’un remake mais d’un nouvel épisode.
C’est NeoBards Entertainment qui s’en charge. Le studio de développement taïwanais fondé en 2017 a bossé sur pas mal de jeux AAA pour Sony, Activision, Square Enix, Capcom, EA et Ubisoft sur des projets comme Devil May Cry HD Collection, Marvel’s Avengers, Resident Evil : Origins Collection, Resident Evil : Resistance, Resident Evil Re:Verse ou encore Mega Man Battle Network Legacy Collection. Mais Silent Hill f est leur premier vrai gros projet en solo. Un vrai pari.
Un souffle japonais pour la brume
Avec une telle pression, on aurait pu croire qu’ils allaient la jouer safe, mais pas du tout. Au lieu de rester sur le territoire américain, ils ont choisi de transposer l’histoire dans la ville japonaise d’Ebisugaoka, dans les années 60 de surcroît. Un choix finalement cohérent avec les origines de Konami. C’était quand même étrange qu’un studio japonais développe un jeu vidéo se déroulant aux États-Unis (mais bon, ils ont sûrement voulu faire comme Resident Evil). On notera d’ailleurs que The Short Message sert à justifier cette expatriation de la ville Silent Hill.
Bref, Silent Hill f est fortement imprégné des éléments phares de la licence : de l’horreur à la fois graphique et psychologique. J’ai beaucoup apprécié la descente aux enfers de la jeune Hinako qui, grâce au changement de décor, insuffle un souffle nouveau à la franchise. On retrouve les éléments iconiques, mais avec des nouveautés bienvenues : la brume est désormais accompagnée d’une « végétation » couleur sang, le changement de monde prend une portée spirituelle et la culture nippone se mêle à l’ensemble. Les ennemis sont toujours issus des angoisses et des névroses du héros. Comme il s’agit d’une jeune fille japonaise, on ne retrouve pas les monstres iconiques de la saga, même si certains semblent familiers.
Des combats plus nerveux, moins effrayants
Côté gameplay, on reste dans du classique pour la franchise : un équilibre entre exploration (aidée par la carte et ses annotations au feutre rouge – mais il sort d’où ce feutre ?), combats et énigmes. Si l’exploration et les puzzles demeurent fidèles à l’esprit de Silent Hill, les combats ont évolué vers une approche plus dynamique, façon Souls, avec gestion de l’endurance, esquives et absence d’armes à feu. L’intelligence des développeurs, c’est de ne pas transformer l’héroïne en machine à tuer malgré son endurance impressionnante (malicieusement justifiée par le fait qu’elle est fana de marathon). On sent la maladresse dans ses coups, et les attaques les plus puissantes sont lentes. J’ai beaucoup apprécié cette évolution, qui apporte du peps et un challenge aux affrontements.
Malheureusement, adopter une approche à la Souls rend le jeu nettement moins effrayant. À part quelques jumpscares bien placés (celui du collège a failli me faire lâcher la manette), Silent Hill f ne fait jamais vraiment peur. Heureusement, on peut toujours compter sur son ambiance extraordinaire et son héroïne fascinante. Le travail sur les animations faciales est excellent. Les graphismes sont impeccables, mais j’ai toujours un peu de mal avec la physique, qui reste limitée (le coup de l’impossibilité de passer à travers du linge étendu, ça ne passe pas). Un petit mot sur le bestiaire : une légère déception. Trop peu d’ennemis diversifiés à mon goût et trop de réutilisations de boss, même si les créatures rencontrées restent mémorables.
Silent Hill réinterprété
Et enfin, l’histoire. Franchement, j’ai été totalement happé. Le rythme est excellent, sans aucun temps mort malgré une bonne durée de vie (plus d’une dizaine d’heures en mode Histoire), ce qui est rare pour un jeu du genre. J’étais captivé, à essayer de rassembler les morceaux, comprendre ce qui se passe, percer le mystère. Et là… la fin. Décontenancé. On entre dans la zone spoiler 👇
⚠️ Spoilers
Quand j’ai terminé le jeu, j’étais en mode “WTF ? Ça s’arrête comme ça ?!”. Puis vient la scène post-générique, qui permet de comprendre ce qui vient de se passer. Un classique de la saga : la « brume » exacerbe la « folie » interne du héros. Mais malgré tout, ça laisse un petit goût d’inachevé.
Et puis, la révélation : il faut refaire le jeu pour découvrir jusqu’à quatre fins supplémentaires. Je n’ai pas trop apprécié ce procédé qui oblige à recommencer plusieurs fois le jeu malgré les bonus. Résultat : direction YouTube pour découvrir les autres fins.
Ces nouvelles fins ne sont pas à négliger car elles apportent beaucoup à la compréhension de l’histoire. Sans oublier les boss marquants et la fameuse ending OVNI, un classique de la franchise, ici hilarante et inspirée. Mais est-ce que ça justifie de relancer une partie alors qu’un Ghost of Yōtei m’attend ? Pas pour moi. Bref, heureusement qu’on a YouTube aujourd’hui.
Par Christophe Menat ravi du retour en fanfare de la licence.
Conclusion
Silent Hill f marque un retour audacieux et inspiré pour la licence. NeoBards réussit à mêler l’essence horrifique et psychologique de la saga avec une identité nippone marquée. Clairement un des meilleurs Silent Hill. |
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9/10 |