Quand le braquage déraille (littéralement)
Fiche
Titre | Play Dirty | Titre VO | – |
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Réalisateur | Shane Black | Scénaristes | Shane Black & Chuck Mondry & Anthony Bagarozzi |
Acteurs | Mark Wahlberg, LaKeith Stanfield, Rosa Salazar, Tony Shalhoub, Keegan-Michael Key, Nat Wolff, Chukwudi Iwuji, Thomas Jane | ||
Date de sortie | 01 / 10 / 2025 (Amazon Prime Video) | Durée | 2h 07 |
Genre | Action, Drame, Policier, Thriller | Budget | – |
Un voleur expert prépare le plus gros coup de sa vie dans Play Dirty, un thriller riche en action réalisé par Shane Black. Parker (Mark Wahlberg), accompagné de Grofield (LaKeith Stanfield), Zen (Rosa Salazar) et d’une équipe chevronnée, tombe par hasard sur un butin qui les oppose à la mafia new-yorkaise dans cette aventure réaliste et intelligente.
Critique
Ben putain.
J’en aurai appris un truc en écrivant cette critique. Le héros de Play Dirty, incarné par Mark Wahlberg, n’en est pas à sa première apparition à l’écran. Il s’agit du protagoniste d’une série littéraire signée Donald E. Westlake, déjà adaptée plusieurs fois au cinéma avec différents acteurs : Lee Marvin (Le Point de non-retour, 1967), Michel Constantin (Mise à sac, 1967), Jim Brown (Le crime c’est notre business, 1968), Robert Duvall (Échec à l’organisation, 1973), Peter Coyote (Slayground, 1983), Mel Gibson (Payback, 1999) et Jason Statham (Parker, 2013).
Le choc quand j’ai découvert Payback dans la liste. D’ailleurs, Play Dirty, Payback et Le Point de non-retour partagent un point commun : ils adaptent le même roman, Comme une fleur (The Hunter, 1962), premier tome de la série dédiée à Parker.
Shane Black is back
Toutefois, Shane Black oblige, le scénario (écrit à six mains — je dis ça, mais si ça se trouve, l’un des scénaristes est manchot, auquel cas je présente mes excuses) prend ses distances avec le matériau d’origine. Et si je parle de Shane Black, c’est surtout parce qu’il représente la raison number uno qui m’a poussé à lancer le film. Il faut dire que le bonhomme s’est fait désirer : sept ans d’absence, depuis The Predator (2018). Ok, un flop ne fait jamais plaisir, mais sept ans, tout de même !
Petite anecdote : Robert Downey Jr. devait à l’origine tenir le rôle principal, mais il a finalement lâché l’affaire pour des raisons inconnues. Il reste toutefois crédité comme producteur, aux côtés de sa femme.
Cette fois-ci, Shane Black revient à sa saison préférée, Noël, pour une histoire de braqueurs qui braquent… des braqueurs. Comme le dit la tagline : « Même les voleurs se font détrousser. »
Le début démarre fort avec une course-poursuite hallucinante et des morts à gogo. La suite déroule une intrigue classique de vengeance enrobée d’un parfum de film de braquage, avec tout ce que ça implique : deux fortes têtes obligées de cohabiter, la constitution d’une équipe, un plan qui tourne mal puis un nouveau plan « de génie » avec les fameux flash-backs explicatifs (au cas où t’aurais rien capté ou que t’étais distrait, mon petit).
Bref, aucune surprise dans le déroulement.
Quand le fun fait place au massacre gratuit.
Aucune surprise… sauf une.
À un moment, les mecs organisent le braquage d’un train, et le font dérailler en pleine ville, provoquant une pluie d’explosions et un nombre de morts tout simplement hallucinant (même si à l’écran, on a un body count à un ou deux). Attention : on ne parle pas de soldats entraînés, mais de civils. Impossible de ne pas imaginer une famille tranquille sur la route du retour après une soirée… Boum, happée par un train.
Et là, t’as les héros et leur équipe qui reprennent leur vie pépère, rigolant devant les infos sur le déraillement, pendant que le film évite soigneusement d’évoquer le nombre de victimes.
Alors oui, on est dans un film complètement irréaliste (le synopsis sur Prime Video m’a d’ailleurs bien fait marrer en parlant d’une « aventure réaliste et intelligente »), et d’habitude, je l’accepte volontiers. Mais encore faut-il ressentir un minimum d’empathie pour les personnages. Et là, les voir agir comme de vrais psychopathes, prêts à sacrifier des innocents pour arriver à leurs fins, casse tout. Impossible de s’y attacher. Too much, c’est too much.
Bref, à vouloir toujours plus spectaculaire, ils ont oublié une leçon basique : rendre ses héros attachants, même quand ils font des trucs pas nets. Par exemple, John Wick a beau avoir une liste de cadavres longue comme le bras, il ne tue que des méchants — donc on applaudit.
Par Christophe Menat se demandant comment la scène du train a pu être validée.
Conclusion
Avec Play Dirty, Shane Black signe un retour en demi-teinte : ça démarre fort, mais ça se perd vite dans une surenchère absurde et des choix moraux discutables. Spectaculaire, oui, mais sans cœur ni attachement pour ses héros. |
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4/10 |