« Et c’est tout ? »
Titre original : Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides
Scénario par Ted Elliott et Terry Rossio (la saga Pirates des Caraïbes, Benjamin Gates et le livre des secrets)
Réalisé par Rob Marshall (Nine, Chicago, Mémoires d’une geisha)
Avec Johnny Depp (Jack Sparrow), Penélope Cruz (Angelica), Geoffrey Rush (Barbossa), Ian McShane (Barbe Noire), Kevin McNally (Gibbs), Sam Claflin (Philip), Astrid Berges-Frisbey (Syrena), Stephen Graham (Scrum), Keith Richards (Capitaine Teague Sparrow) et Richard Griffiths (Roi George)
Date de sortie cinéma : 18 mai 2011
Film pour enfants à partir de 10 ans
Genre : Action, Aventure, Comédie, Fantastique
Durée : 2h20
Distributeur : The Walt Disney Company France
Jack Sparrow est en quête de la fontaine de jouvence. En chemin, il retrouve un ancien amour Angelica et croisera les fers avec le craint Barbe Noire.
Une réalisation plate
Déjà le fait de donner les rênes à Rob Marshall a provoqué une grosse surprise. Ce dernier ne s’étant signalé que par des drames ou des comédies musicales. De plus, prendre la suite de Gore Verbinski n’était pas une mince affaire car même s’il avait signé de grosses daubes (La Souris, Le Mexicain, La Machine à explorer le temps et Le Cercle), Gore avait une certaine expérience dans le domaine des effets visuels : La Souris proposait certains passages en images de synthèse tout comme Le Cercle et La Machine… proposait de très nombreux plans avec des effets spéciaux sans compter le fait que ces films sont surtout orientés fantastique et action (le cocktail des Pirates…).
Rob Marshall souffre assez dans ce Pirates… à tel point qu’il est l’épisode offrant le moins d’effets spéciaux donc le moins de fantastique et pour la saga, ça la fout assez mal à tel point que j’ai pas mal hésité à lui attribuer le genre fantastique mais une excellente scène n’est pas à oublier : l’attaque des sirènes. Malheureusement, il s’agit bien de la seule. Qu’il est loin le temps des pirates maudits se transformant en squelette sous la lumière de la lune, qu’il est loin le temps des membres d’un équipage aux allures d’animaux marins et dévorés par la mousse marine, qu’il est loin le temps d’un Kraken capable de broyer un vaisseau en deux, qu’il est loin le temps un bataille navale en plein maelström. Oubliez tout ça dans ce nouveau Pirates…, à tel point qu’on se demande ce qui a bien pu se passer pour qu’une saga qui arrivait par moments à toucher l’excellence des plus grandes sagas du cinéma (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux) devienne un simple épisode de Xena la Guerrière (sans vouloir faire insulte à Xena).
On n’oubliera pas non plus les passages d’actions devenus très mauvais, la malice des trois premiers Pirates… a disparu. Fini de voir des passages d’actions assez cocasses comme le combat entre trois protagonistes dans une roue ou le premier combat entre Jack et Will Turner en utilisant tous les éléments du décor ou encore la bataille finale dans le maelström du troisième opus.
Ici, point de batailles navales, non je ne rigole pas (on y croit un moment mais non). Un combat entre Jack et Angelica plagiant sans vergogne le premier combat entre Jack et Will ! Sans oublier un final nul mais nul, n’espérez pas une fin détonante, c’est très mou et sans surprise, même pas un petit combat tragique.
Spoiler
Je n’en suis pas encore remis de comment Barbe Noire se fait évincer. C’est ridicule qu’un pirate de cette ampleur parte comme ça !
L’épisode le plus faible de la saga
En relisant la première partie, je me trouve un peu sévère en descendant la réalisation de Rob Marshall. Il n’y est pour rien si le fantastique a pratiquement disparu (par contre l’action, c’est de sa faute ou du chorégraphe?), c’est surtout un script vraiment mauvais qui est à remettre en cause. Pourtant il est signé par l’équipe des trois premiers. Que s’est-il donc passé ?
Pourquoi Jack Sparrow n’arrive plus à me faire rire ? Pourquoi est-ce que j’assiste aux évènements sans excitation ? Les seuls moments de plaisir sont les interactions entre Penélope Cruz et Jack et la beauté de la française Astrid Berges-Frisbey vue récemment dans La Fille du Puisatier. Le reste est d’un ennui profond. Surtout quel déception ce personnage de Barbe Noire pourtant joué par l’excellent Ian McShane (vu dans Deadwood dans le rôle d’un tenancier de bordel sans scrupules), il n’atteint jamais le niveau des méchants Barbossa et surtout pas Davy Jones. Quel misérable tour de sort pour un des plus grands pirates qui ait existé réduit à un simple vieillard obsédé par une prophétie.
Revenons à Jack Sparrow, il cabotine toujours autant même s’il n’arrive plus vraiment à faire rire à cause d’une inefficacité à se renouveler. Tout ceux qui ont vu les trois premiers ne seront aucunement surpris par les blagues qui ne sont qu’une énième resucée de ce qui a déjà été vu.
Et Barbossa ? Le fait que l’acteur ait explosé dans Le Discours d’un Roi a mis une certaine pression autour de son retour et il est peu dire que le personnage est devenu fade. D’un terrifiant pirate squelette maudit par un coffre, il est devenu un vieillard se tenant sur une jambe de bois ne s’intéressant qu’à collectionner des grenouilles et se contentant de répéter ses mimiques. Quel pitoyable destin !
Serait-ce donc un certain ennui dû à une répétitivité. On tend à le croire quand on considère que Penélope Cruz est l’attraction de ce nouveau Pirates, elle cabotine, nous fait craquer avec Jack Sparrow. Elle est une des rares points positifs du film. Je chipote mais sa grossesse parfois trop visible m’a un peu gêné surtout lorsqu’elle se déplace causant un déhanchement que seul une grossesse peut provoquer pour une personne de sa stature (d’ailleurs, je lui adresse mes félicitations). Malgré tout, je vais m’adresser à elle pour parler, je pense, en nos noms « Please, nous laisse pas tous seuls avec eux, ils sont devenus chiants à mourir. Reviens pour le cinquième ! ».
Que reste-t-il à sauver ?
Personnellement, je dirais « Pas grand chose », juste une Penélope qui réussit son entrée en fanfare dans la saga. Mais je persiste à penser que le gros point faible de cet opus est son histoire d’une affligeante banalité nous contant l’histoire d’une fontaine de jouvence dont le relent nous fait irrémédiablement penser au Graal du troisième Indiana Jones qui malgré son âge est bien plus attractif que ce Pirates…. Déjà les enjeux mettent trois plombes à s’installer malgré un passage assez réussi mais aussi mitigé dans le Londres de l’époque. Réussi dans le sens où les décors sont impressionnant et le roi joué par Richard Griffiths (un acteur dont son âge n’a d’égal que son talent) est absolument et délicieusement ridicule sans oublier le papa de Jacky débouler pour donner de précieux conseils, ni Judi Dench en femme bourgeoise retournée par les charmes de Jack Sparrow et se parant de la meilleur réplique du film (voir le titre de l’article) et mitigé par des scènes d’actions assez faiblardes, se contentant de plagier les épisodes précédents.
D’ailleurs le plagiat semble être la marque de fabrique du quatrième opus des aventures du pirate au déhanchement homosexuel. Comme s’il régnait une certaine peur de perdre le public des trois premiers. Au lieu de se renouveler, ils se contentent de nous resservir une soupe déjà servi trois fois et ce n’est pas Jack Sparrow et Barbossa qui me diront le contraire, ni les scènes d’action.
Le plus deuxième gros point faible est l’acteur Sam Claflin qui est un remplaçant à peine masqué de Will Turner (Orlando Bloom) sauf qu’il réussit à être encore plus ridicule que le Legolas pirate. Difficile de ne pas être horripilé par son personnage qui réunit tous les défauts de celui qui est désormais exilé en mer en les exacerbant (hautain, naïf).
Spoiler
A tel point que j’ai été déçu qu’il ne meurt pas. Prions tous pour qu’il ne revienne pas dans les épisodes suivants. A moins que la sirène ne l’ai noyé. Si c’est le cas, bien joué Syrena !
La 3D
Le film a été tourné en 3D à l’aide des caméras Red One donc on assiste à une 3D très bonne même si elle est peu impressionnante. On voit que le film est réellement en 3D car il n’y a jamais cette impression de plans superposés. Vous savez cette impression d’avoir un bonhomme en pancarte qui se balade devant un décor.
La meilleure 3D est celle qui ne pique pas aux yeux et pour cela Pirates… réussit son boulot.
On s’ennuie, on se réveille par intermittence surtout quand Penélope et Jack sont ensemble puis on passe en mode veille pendant une longue partie pour se réveiller avec l’attaque des sirènes avant de revenir à nouveau à la lutte contre Morphée (la divinité du sommeil).
Le problème est un enjeu très faible, un méchant bien pâle comparé à ses prédécesseurs et surtout une certaine lassitude à propos de Jack Sparrow et Barbossa.
Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence réussit le pari, sans surprise, d’être l’épisode le plus mauvais de la saga. Loin derrière le deuxième.
Sa scène culte : l’attaque des sirènes.
Note : 4/10
3D : 5/10
PS : Je vous donne rendez-vous pour le cinquième et sixième opus mais malheureusement Terry Rossio sera toujours scénariste.
PS2 : je viens de lire que le film est librement adapté du roman de Tim Powers sorti en 1988, Sur des mers plus ignorées. On comprend mieux pourquoi la saga s’éloigne de la trilogie originelle.