Le multivers des abrutis
Fiche
| Titre | Peacemaker | Titre VO | – |
|---|---|---|---|
| Créateur | James Gunn | ||
| Acteurs | John Cena, Danielle Brooks, Freddie Stroma, Jennifer Holland, Steve Agee, Frank Grillo, Robert Patrick | ||
| Saison | 2 | Nombre d’épisodes | 8 |
| Date de sortie | 10 / 10 / 2025 | Durée | 33 à 58 mn |
| Genre | Action, Aventure, Comédie, Fantastique, Policier, Science-fiction | Chaîne | HBO Max |
Tandis que Peacemaker tente de rejoindre la Justice Gang, Harcourt peine à trouver du travail et Economos se voit confier une mission difficile.
Critique
Eh ben dis donc, quelle aventure, cette deuxième saison de Peacemaker… Non, je déconne. C’est plutôt la déception qui domine après avoir bouclé le dernier épisode (pas aidé par le fait que c’est clairement le moins bon de la saison). Encore une fois, James Gunn a fait le con. Il nous refait le même coup qu’avec The Flash (2023), qu’il avait qualifié de meilleur film de super-héros qu’il ait jamais vu. Après, les goûts, c’est subjectif, comme on dit. Mais enfin bon… The Flash, quoi.
Pour Peacemaker, la presse n’a pas pu voir les trois derniers épisodes de la saison 2, car il y avait, paraît-il, des spoilers trop puissants, dixit l’homme aux cheveux en pétard. Et il en a rajouté des caisses, allant jusqu’à présenter cette saison 2 comme une préquelle à Man of Tomorrow (2027), expliquant même que Superman (2025) était sorti rapidement en VOD pour que les gens puissent le voir avant Peacemaker.
Avec le recul, cette saison reste « toute mignonne ». Des caméos vite expédiés et un final qui ressemble presque à une scène post-générique étendue sur un épisode entier (quelle déception, ce dernier épisode, malgré un vrai moment d’émotion). Au final, ça reste très, très anecdotique. D’autant plus que le lien entre cette saison et Man of Tomorrow pourrait littéralement se résumer en une ligne de dialogue.
Heureusement, j’ai envie de dire : les enfants qui ont adoré Superman (2025) ne peuvent pas voir Peacemaker saison 2, puisqu’elle est interdite aux moins de 16 ans.
Le lien avec le DCU
L’un des points intéressants de cette deuxième saison, c’est son intégration au nouveau DCU, car la première saison n’en faisait pas partie. Officiellement, le point de départ du DCU, c’est la série animée Creature Commandos, sortie au début de l’année, où l’on retrouve d’ailleurs le Rick Flag Sr. de Frank Grillo (même si j’ai eu l’impression qu’il ne s’agit pas du même personnage). La première saison de Peacemaker étant sorti avant, ça devenait compliqué.
James Gunn avait indiqué que cette saison 2 clarifierait ce qui était canon ou non dans la première. Ce qui est la solution de facilité. Et dès l’ouverture, le ton est donné : la fin de la saison 1 est revisitée, avec la Justice Gang à la place de la Justice League du DCEU. Quelques épisodes plus tard, un élément clé du film The Suicide Squad (2021) refait surface, mais ça reste léger.
Et surtout, l’intrigue multidimensionnelle de cette saison n’apporte strictement rien pour clarifier les liens avec le DCEU. C’est même l’un des aspects les plus décevants. Cette histoire de dimensions ne sert qu’à livrer une blague sur la meilleure dimension de tous les temps pour Chris Smith. Sauf que la blague du twist, typique du style James Gunn, m’a fait lever les yeux au ciel. Prévisible donc lassant.
Le syndrome du monde d’abrutis
James Gunn a toujours aimé mettre en scène des marginaux et des « débiles », mais là, ça tourne à la caricature. Tout le monde dans Peacemaker est complètement idiot — du héros jusqu’au méchant. C’était déjà perceptible dans Superman, mais ici, on atteint un niveau d’absurdité inquiétant pour un univers partagé. Gunn privilégie la bonne vanne au détriment de la cohérence de son monde.
Dans le MCU, il était bridé par un cadre strict — et paradoxalement, c’est ce qui lui a permis de livrer ses meilleurs travaux. Dans le DCU, sans limite, on ressent clairement un problème de cohérence globale et de crédibilité : chacun fait ce qu’il veut selon le bon vouloir de Gunn, pour caser une blague ou un cliffhanger. Et celui de la fin de saison 2 est un gros nawak. Le cliffhanger pour faire du cliffhanger.
Bilan : moins inspirée, mais toujours divertissante
Je trouve cette saison 2 nettement moins aboutie que la première, qui était géniale. L’intrigue générale souffre de longueurs, mais le rythme reste bon, donc on ne s’ennuie jamais. J’ai juste eu l’impression que Gunn voulait rentabiliser à fond l’idée de la dimension alternative et de l’histoire d’amour entre Chris et Harcourt (pour mettre en avant sa femme, Jennifer Holland, qui est d’ailleurs un des acteurs les plus utilisés ?), faute de meilleures idées. Une fois la surprise passée, on enchaîne les péripéties souvent sans intérêt, juste pour combler les trous.
John Cena, lui, a vraiment progressé. Il livre des moments sincèrement touchants face à ses démons. Dommage que sa relation avec Harcourt parasite autant l’ensemble en retombant sans cesse dans les mêmes travers (« Il faut qu’on parle du bateau ! »). Le reste du casting reste en retrait, à l’exception de Robert Patrick, toujours excellent.
Côté action, rien de mémorable, à part l’attaque des Fils de la Liberté et la révélation sur la véritable nature d’Aiglounet. Quant à la danse du générique d’ouverture, elle m’a semblé moins marquante que celle de la première saison, que j’avais adorée. Mais au moins, elle a permis un délire cross-média amusant avec Fortnite : un emote Peacemaker – Peaceful Hips reprenait la chorégraphie du générique. Sauf qu’après le twist final, l’un des mouvements était clairement problématique. Il a donc été retiré, puis réintégré… sans le geste en question.
Enfin, j’ai cru pouvoir dater l’action dans le DCU grâce au billet du concert de Nelson tenu par Harcourt dans le dernier épisode, mais raté : on n’y lit que la date, le 22 mai, et le prix, 65 dollars.
Par Christophe Menat de plus en plus inquiet pour le DCU et pense que Lanterns sera un tournant.
Conclusion
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Cette deuxième saison de Peacemaker m’a clairement moins convaincu que la première. Elle reste rythmée et jamais ennuyeuse, mais souffre d’un vrai manque de fond. L’intrigue multidimensionnelle tourne vite à vide et ne sert qu’à placer quelques blagues, souvent au détriment de la cohérence. Tout le monde agit comme un abruti, et l’univers de James Gunn commence à ressembler à une grande farce où la vanne passe avant tout le reste. Dommage, parce que John Cena, lui, s’est vraiment amélioré et livre des moments sincèrement touchants. Bref, cette saison 2 laisse surtout un goût de gâchis. |
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| 7/10 | |