Critique : The Suicide Squad (avec spoilers)

James Gunn apporte du Troma chez DC

Fiche

Titre The Suicide Squad Titre VO
Réalisateur James Gunn Scénariste James Gunn
Acteurs Idris Elba, Margot Robbie, John Cena, Daniela Melchior, David Dastmalchian, Joel Kinnaman, Viola Davis, Alice Braga, Peter Capaldi, Juan Diego Botto, Taika Waititi, Steve Agee, Jennifer Holland, Michael Rooker, Nathan Fillion, Jai Courtney, Pete Davidson, Sean Gunn, Sylvester Stallone
Date de sortie28 / 07 / 2021 Durée2h 12
GenreAction, Aventure, Comédie, Science fiction Budget185 000 000 $

Bienvenue en enfer – autrement dit à Belle Reve, la prison qui détient le record du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis ! C’est là que sont détenus les pires super-vilains du monde, prêts à tout pour s’évader – quitte à intégrer la sinistre et ultrasecrète Task Force X. Aujourd’hui, la mission à haut risque consiste à réunir une bande de taulards, comme Bloodsport, Peacemaker, Capitaine Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et Harley Quinn, psychopathe préférée de tous ! Il faut ensuite les armer jusqu’aux dents et les lâcher (au sens littéral du terme) sur l’île perdue – et infestée d’ennemis – de Corto Maltese. Arpentant une jungle fourmillant d’adversaires redoutables et de guérilleros tapis dans l’ombre, le Squad est chargé d’éliminer physiquement tous ceux qu’il croise sur sa route. Seul le colonel Rick Flag est sur le terrain pour les encadrer et… à distance les geeks du gouvernement d’Amanda Waller pistent leurs moindres gestes et leur soufflent leurs consignes. Et comme toujours, un seul faux mouvement, et c’est la mort assurée ! (aux mains de leurs ennemis, d’un coéquipier ou d’Amanda Waller en personne). Et si des paris sont lancés, ils misent sur leur défaite assurée – à TOUS !

Critique

À cause de vieux tweets à l’humour noir et gras, James Gunn s’est fait virer de Disney. Principale conséquence, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 a été mis de côté. Pas si cons, les pontes des studios Warner Bros. ont senti le bon coup du mercato et se sont dépêchés d’embaucher celui qui est un des réalisateurs phares de Marvel Studios afin de donner un coup de boost à leur univers. DC, donc. Pour convaincre, carte blanche évidemment.

James Gunn en a profité pour se reconcilier avec son passé chez la Troma en livrant, avec The Suicide Squad, un long-métrage barré mélangeant action, gore, vulgarité et humour… noir et gras. La boucle est bouclée. Surtout qu’en plus, Suicide Squad (2016) était une tentative de reproduire le succès de Les Gardiens de la Galaxie (2014).

Tout était réuni mais…

Lors du défilement du générique final, j’étais surpris… Surpris de ne pas avoir adoré le nouveau film de James Gunn. Pourtant, tous les ingrédients étaient bien là. C’est généreux. La galerie de personnages est inspirée. Surtout qu’elle est blindée de super-vilains obscurs avec des costumes dont le kitsch m’a ravi. Du coup, question nouveauté, ça envoie du lourd. La réalisation et la BO sont du pur Gunn. J’ai encore en mémoire cette excellente scène où une belle partie d’un combat se suit via le reflet du casque de Peacemaker. Les effets spéciaux tiennent parfaitement la route et ça, c’est agréable, surtout après Wonder Woman 1984 (2020).

Mais qu’est-ce qui s’est donc passé ? Pourquoi n’ai-je pas adoré The Suicide Squad ? Parce que je suis un fanboy débile de Marvel ? Effrayé par la perspective d’être devenu un vulgaire fan incapable d’apprécier un DC, j’ai mis un petit moment avant de mettre le doigt sur les problèmes. En fait, au fil de ma réflexion, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de gros défauts. Ce qui explique la difficulté. On est davantage dans un cas de figure où c’est un amoncellement de petits défauts qui gâchent le visionnage et empêchant par-là le nouveau-né du Worlds of DC d’être la bombe que j’attendais.

L’escadron suicide promis

Commençons par le commencement. La séquence d’ouverture. Sans hésiter, mon passage préféré. Sachant qu’on est dans un truc bizarre entre la suite et le reboot, on ne perd pas de temps à expliquer le fondement de la Task Force X. Bam, bam, bam, quelques plans accompagnés de dialogues courts et concis suffisent pour poser le contexte. On prend un petit moment pour nous présenter l’équipe avant de balancer la « surprise » (je mets des guillemets, car tout spectateur averti avait déjà deviné ce qui allait se passer) : la grosse majorité de l’équipe crève dans d’atroces souffrances. Souffrances qui sont également pour le spectateur l’occasion de vivre des meurtres jubilatoires, un peu comme si on regardait un slasher. Le tout se terminant sur un dernier plan m’ayant fait penser très fort avec un petit sourire naissant au coin des lèvres : « Karma is a bitch ». C’est digne de la meilleure scène de Deadpool 2 (2018).

À ce moment-là, je m’étais cramponné à mon fauteuil. Bordel, il va le faire. James Gunn va tout dynamiter. C’est malheureusement à ce moment-là que The Suicide Squad va également devenir moins réussi. Un phénomène étrangement similaire au film de David Ayer sans heureusement aller aussi loin dans le ratage.

Reboot, c’est toi ?

Le premier reproche que j’aurais à faire concerne le scénario. Pourquoi diable est-il aussi calqué que sur son prédécesseur ? Dans les grandes lignes, tu remplaces Bloodsport par Deadshot et tu as à peu près le même film. D’autant plus que les deux têtes d’affiche ont pratiquement la même origin story (avec Peacemaker 😛 ), exception faite que celle de Bloodsport est traitée dans l’esprit sale gosse dont James Gunn raffole (cf. l’hilarant échange au parloir).

On a également une évolution de l’équipe qui n’est pas sans rappeler celle des Gardiens de la Galaxie. Jusqu’au bout. Alors que ça avait bien commencé avec une belle équipe de salopards. Le final anéantit tout ça dans un « twist » façon Gardiens où l’équipe trouve du bon dans leur cœur et part sauver le monde. Les Gardiens avaient en plus une véritable excuse (il s’agissait de sauver la galaxie où ils vivaient). Dommage qu’ils ne soient pas allés jusqu’au bout en suivant les ordres d’Amanda Waller et en laissant Corto Maltese dans la panade. Ça aurait été la cherry on the cake.

Je s’appelle Nanaue

Des Gardiens de la Galaxie, on a également le même personnage comique avec une efficacité au combat redoutable en la personne de King Shark, variant perverti de Groot. Mais variant quand même. Par contre, l’alchimie de groupe peine à prendre (par exemple, le passage gênant au bar, encore l’effet remake). Personnellement, je pense que c’est dû au fait qu’il y a trop de personnages. Du coup, je n’ai jamais vraiment eu le temps de m’attacher à qui que ce soit. Ainsi, les morts sont davantage comiques qu’autre chose. Zéro tension, mais pas mal d’amusements. C’est déjà ça.

Passons à l’humour. Alors là… J’ai vraiment été surpris de voir que pas mal de blagues tombaient à plat. La plupart du temps, la vulgarité façon ado casse l’humour. Néanmoins, certaines sont efficaces. En fait, j’en pense surtout à une : le running gag des visions de Polka-Dot Man.

Avec tout mon amour, Taika

Au rayon des émotions, je n’en sortirai qu’un seul nom : Ratcatcher 2. C’est simple, convenu, mais efficace et puis bon, le caméo associé à son origin story quoi ! Pour le reste, étant donné que l’humour désamorce la tension et qu’il y a beaucoup de personnages, difficile de s’impliquer émotionnellement. En plus, on est prévenu. Il ne faut pas s’attacher. J’ai juste été marqué par la fin de Rick Flag, un des rares moments où le film reste sérieux. Mince quoi, cet échange de regards entre Joel Kinnaman et John Cena était superbe.

Un autre point m’ayant un peu déçu : l’action. Ce n’est pas très spectaculaire. C’est certes gore et fun, mais ça reste assez basique. Heureusement qu’il y a le Kaiju (j’adore ça) et une scène plutôt pas mal avec Harley Quinn.

Transition parfaite pour en parler. La concernant, je suis mitigé. D’un côté, je suis content de voir qu’elle a ENFIN été utilisée comme il faut. À savoir comme un agent du chaos, là pour foutre le bordel, mais demeurant en arrière-plan. De l’autre côté, j’en peux plus… Toujours le même type d’humour (la blague Milton m’a donné envie d’appuyer sur le bouton rouge pour lui exploser la tête). Toujours les mêmes situations. Un personnage tourné en boucle. Sans oublier, cette désagréable sensation d’être en face d’un personnage cheaté. Elle fait même un saut comme si elle avait une superforce…

Quand le récit éclate en morceaux

Pour terminer, il y a également un problème de rythme. Je m’attendais à un truc plus pêchu. J’ai été donc un peu décontenancé en voyant que l’histoire prenait son temps. Mais le pire concerne sans doute ces agaçants aller/retour dans le récit. Il y en a trop…

Ah mince, j’ai oublié de parler des méchants. Bon, je zappe les dictateurs militaires, ils n’ont aucun intérêt pour me concentrer sur mon coup de cœur : Starro. Bon, j’ai été un peu dégoûté qu’il ait été dévoilé par le service marketing. Ça aurait été si génial de le découvrir au cinéma. Mais n’empêche que ça reste un méchant vraiment cool. On parle quand même du premier ennemi de la Justice League. Par contre, je n’ai pas compris pourquoi il n’a pas essayé de tuer la Suicide Squad alors qu’il avait une armée à disposition. Reste cette fabuleuse dernière réplique, un brin tragique : « I was happy in space, looking at the stars… ».

Voyez, il n’y a pas vraiment de gros défauts. Ne vous y trompez pas, en l’état, The Suicide Squad reste un bon film. Le genre qu’on pourrait revoir facilement. Néanmoins, je m’attendais à beaucoup plus. Surtout de James Gunn. En tout cas, j’ai vraiment hâte de voir ce qu’il a prévu de faire chez DC.

Par levant son poing de rage, car il aurait kiffé adorer The Suicide Squad.

Conclusion

Je l’attendais comme un des plus grands films DC, James Gunn oblige. Du coup, j’ai été surpris en ayant moins kiffé que prévu. Pourtant, le spectacle promis est là. C’est gore. Il y a un humour sale gosse. Ça va à fond dans l’idée de l’escadron suicide. Malheureusement, un ensemble de petits défauts gâchent le visionnage et empêche The Suicide Squad d’être le grand film que j’attendais. Vraiment rageant !

+

  • Bordel, cette séquence d’ouverture magique
  • Personnages génialement kitschs
  • Running gag des visions de Polka-Dot Man
  • Mélange entre Suicide Squad et Les Gardiens de la Galaxie
  • Beaucoup de bonnes idées dans la réalisation
  • Starro (même s’il n’aurait jamais dû être montré dans la bande-annonce)

  • Trop proche du premier Suicide Squad dans la construction pour son bien
  • « Twist » final
  • Humour pas assez maîtrisé (souvent lourd)
  • Problèmes de rythme
7/10

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