Nolan fait son Citizen Kane
Fiche
Titre | Oppenheimer | Titre VO | – |
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Réalisateur | Christopher Nolan | Scénariste | Christopher Nolan |
Acteurs | Cillian Murphy, Robert Downey Jr., Emily Blunt, Matt Damon, Florence Pugh, Josh Hartnett, Casey Affleck, Rami Malek, Kenneth Branagh, Benny Safdie, Dylan Arnold, Gustaf Skarsgård, David Krumholtz, Matthew Modine, David Dastmalchian, Tom Conti, Michael Angarano, Jack Quaid, Josh Peck, Olivia Thirlby, Dane DeHaan, Danny Deferrari, Alden Ehrenreich, Jason Clarke, James D’Arcy, Gary Oldman, Macon Blair | ||
Date de sortie | 20 / 12 / 2023 | Durée | 3h |
Genre | Biographique, Drame, Historique | Budget | 100 000 000 $ |
L’histoire du scientifique américain J. Robert Oppenheimer et son rôle dans le développement de la bombe atomique.
Critique
Depuis Inception, d’ailleurs mon film préféré de Christopher Nolan, j’ai enchaîné les déceptions dont la plus grande fut, sans hésiter, un Interstellar attendu comme le messie. Dès lors, je guette, du coin de l’œil, le nouveau Nolan sans grand enthousiasme. Au point même d’en zapper certains comme Dunkerque. Un sacrilège pour le moi de 20 ans qui n’aurait pas hésité à me baffer à ce sujet. En vrai, non, je suis trop une victime pour ça. J’aurais fait : « monsieur vieux Marvelll, vous savez, c’est pas bien de zapper un Nolan ».
Avec ses trois heures au compteur, Oppenheimer aurait, en temps normal, sans doute rejoint Dunkerque. Néanmoins, son énorme succès mondial a attisé ma curiosité. Un succès hérité de l’incroyable et improbable phénomène, Barbenheimer. Un outil marketing à l’efficacité redoutable vue que Barbie a franchi la barre du milliard de dollars au box-office tandis qu’Oppenheimer a échoué sur le palier. J’attribue principalement le succès à ce phénomène au vu de la qualité du long-métrage de Greta Gerwig. C’était sympa, mais certainement pas incontournable.
Mais, qu’en est-il du Nolan ?
Porté par ses acteurs
Vu la note IMDb, il est indéniable qu’il s’agit d’un excellent film. Indéniable. Malgré tout, encore une fois, la déception a prédominé à la fin de la séance. Tout d’abord, je voulais souligner l’excellent casting. C’est affolant, ce niveau. Même les figurants sont des têtes connues : Hughie de The Boys !
En tête d’affiche, un Cillian Murphy toujours aussi charismatique, mais dont il est difficile de dissocier l’image de Tommy Shelby. C’est simple, son Oppenheimer, j’avais l’impression que c’était un variant de son Peaky Blinder. Robert Downey Jr. est également à souligner tant il livre une performance mémorable en bad guy. Lui, par contre, impossible de voir du Tony Stark dans ce rôle.
Malgré tout, qu’est-ce que je me suis ennuyé. Surtout dans la première partie. Pas aidé par un montage alambiqué. Mais Nolan aime bien le procédé. Une façon comme une autre de se démarquer. Pour paraître « intelligent ». Perso, je suis un adepte du pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Sauf si c’est pour se la péter. D’autant plus flagrant avec certains plans « cools » comme celui où Oppie se retrouve à poil en plein interrogatoire puis en train d’avoir une relation sexuelle non tarifiée sous les yeux bien vénères de sa femme (Emily Blunt assez méconnaissable). Nolan a des acteurs suffisamment talentueux pour transmettre l’émotion. Utiliser un tel procédé casse ce transfert à cause du clownesque.
Nolan veut son Citizen Kane
Quoiqu’il en soit, est-ce que ça colle à un biopic aussi classique ? Sur Citizen Kane, c’était un exercice fascinant (d’ailleurs, Nolan reprend un peu le procédé de Rosebud avec Enstein). Sur Oppenheimer, j’ai trouvé que ça complexifiait inutilement un récit qui n’en avait pas besoin tant il était déjà suffisamment dense.
Au passage, bonne idée de Nolan d’avoir utiliser des acteurs connus partout, ça évite d’être serré devant la densité de personnages au kilomètre carré. Mais, ça m’a empêché toute empathie, car ce genre de procédé implique une prise de recul pour voir le puzzle en entier afin de recoller les morceaux. Donc on analyse une histoire de fourmis, au lieu de la vivre à leurs côtés. Bon, ça fait un peu branlette intellectuelle ce que je viens de dire, mais au moins, vous aurez compris.
Le format aurait certainement mieux convenu à une mini-série façon Chernobyl. Elle aurait permis cette profondeur. Surprenant que Nolan ne tente pas l’essai, car le format convient bien à son style. Bref, ça dure trois heures, on les sent bien passer. Pour tout dire, je me suis senti heureux de ne pas avoir vu le film au ciné. Reste une dernière partie un peu plus rythmée, mais également plus hollywoodienne. Comprendre par là qu’on nous sort une intrigue à twist un peu WTF dont je me suis demandé que ça pouvait bien foutre dans un biopic.
Pour finir, l’attraction phare du film : la fameuse reproduction de l’essai atomique Trinity. Ben franchement, elle m’a déçu, mais à un point… Tout ce barouf pour ça… Un peu comme l’avion dans Tenet.
Par Christophe Menat pas encore réconcilié avec Nolan.
Conclusion
Depuis Inception, je n’arrive plus à accrocher au cinéma de Nolan. Malheureusement, ce ne sera toujours pas le cas avec Oppenheimer. La faute à une intrigue inutilement complexifiée au point d’être transformée en puzzle façon Citizen Kane. Sans oublier, sa longueur que j’ai bien senti passer. Petite déception au niveau de l’essai de la bombe. Ça m’a fait l’effet d’un pétard mouillé. Reste un casting exceptionnel et une histoire vraie fascinante. |
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6/10 |