Critique : Narcos – Saison 1

Il était une fois en Colombie

Fiche

Titre
Narcos
Créateurs Carlo Bernard, Chris Brancato, Doug Miro, Paul Eckstein
Acteurs Wagner Moura, Boyd Holbrook, Pedro Pascal, Joanna Christie
Titre original Saison 1
Pays États-Unis Nombre d’épisodes 10
Genre Biopic, Drame, Policier, Thriller Format 52 mn
Diffusion d’origine 28 / 08 / 2015 Chaîne Netflix

Loin d’un simple biopic de Pablo Escobar, Narcos retrace la lutte acharnée des États-Unis et de la Colombie contre le cartel de la drogue de Medellín, l’organisation la plus lucrative et impitoyable de l’histoire criminelle moderne. En multipliant les points de vue — policier, politique, judiciaire et personnel — la série dépeint l’essor du trafic de cocaïne et le bras de fer sanglant engagé avec les narcotrafiquants qui contrôlent le marché avec violence et ingéniosité.

Photo de la saison 1 de Narcos, série créée par Carlo Bernard, Chris Brancato, Doug Miro, Paul Eckstein avec Pablo Escobar
Hum… Mon 6ème sens anal hurle à la mort.

Critique

Vous avez été nombreux à insister pour que je regarde Narcos. Si nombreux que je me suis dit que cette série devait avoir quelque chose. Malgré tout, je n’étais pas vraiment motivé au départ. Faut dire que le sujet des narcotrafiquants ne me passionne pas des masses. Surtout, l’envie d’avoir de la considération pour ces individus méprisables me manque. En plus, Pablo Escobar… Le mec dont on a déjà lu ou entendu parler des dizaines de fois. Il y a encore des trucs à apprendre sur lui ?

Avant de commencer, juste une chose. Merci à tous ceux qui m’ont invité à regarder Narcos. Autrement, il est fort possible que j’aurais zappé et ça aurait été très (et j’insiste sur le très) dommage. Le plus surprenant, c’est que je m’attendais à avoir du mal à rentrer dans le bain. Même pas. Dès le début, j’ai été happé. Le premier épisode de Narcos est un des meilleurs premiers épisodes de l’histoire des séries télévisées. À la fin, j’ai bouffé les dix épisodes en cinq jours (et j’avais des trucs à faire, en plus).

La fusion orgasmique entre la série télé et le documentaire

Ce que j’adore avec Narcos, c’est son style. La série n’hésite jamais à faire intervenir des images d’archive pour illustrer la réalité. Attention, des vraies photos et vidéos, pas des trucs tournés avec les acteurs puis passés à la moulinette Photoshop. Ça rend les évènements encore plus impressionnants, car parfois, je me disais, mais ce n’est pas possible, c’est une fiction, c’est trop gros, c’est tellement 24 heures chrono. Et paf, images d’archive. Et un claquet de rabattu, un ! En plus de ça, la série est narrée par le héros, conférant à l’ensemble un style documentaire. Ainsi, on a le parfait mélange entre le meilleur de la série télévisée et du documentaire.

Les showrunners ont pris d’un côté, une intrigue passionnante, portée par une réalisation impeccable, une musique envoutante et des acteurs monstrueux, et de l’autre, une voix off qui prend le temps d’expliquer et qui livre des tas d’anecdotes. Jamais, je ne me suis senti perdu. Un personnage qui sort de nulle part. Hop, le narrateur marque une pause, fait une petite bio sur celui-ci, et hop, on reprend. Dès lors, on sort du visionnage de Narcos avec plein d’informations intéressantes dans la tête. Des tas d’anecdotes qu’on est prêt à ressortir dans des conversations. C’est justement ce point qui donne envie d’enchaîner les épisodes. À chaque fois, je me disais, mais ce n’est pas possible, s’ils continuent comme ça, ils n’auront plus rien à dire. Et au prochain épisode, on était reparti. Finalement, je me suis rendu compte que je ne savais pas grand-chose sur Pablo Escobar. Ah oui, j’ai oublié de préciser qu’au lieu de se focaliser sur Pablo Escobar, la série prend le temps de détailler son réseau. Narcos n’est donc pas un biopic sur Escobar, mais le récit de sa guerre contre la DEA et le gouvernement colombien. Ça permet d’éviter la monotonie et permet un rythme hallucinant. C’est simple, ça ne faiblit jamais. Assez incroyable.

Un petit air de RoboCop

Ce qui est encore plus fou, c’est quand on examine la filmographie des créateurs. Rien de transcendant. Il y en a même deux qui ont écrit les scénarios des Disney, Prince of Persia: Les sables du temps et L’apprenti sorcier. Avec la série du jour, ils font un grand écart digne de JCVD. Par contre, plus de prestige du côté des réalisateurs avec Guillermo Navarro, un gars qui a eu un Oscar en tant que directeur de la photographie pour Le Labyrinthe de Pan, et surtout José Padilha, le réalisateur du reboot de RoboCop. José Padilha, c’est avant tout l’excellent diptyque Tropa de Elite. Des films où on retrouve justement en tant qu’interprète du héros, Wagner Moura. Pour Narcos, l’acteur passe de l’autre côté de la barrière, car il incarne le monstrueux Pablo Emilio Escobar Gaviria. Une performance hors-norme qui fera date dans sa carrière. Il a tout pour le rôle, notamment le charisme animal. Si Narcos est une aussi grosse réussite, il le doit aussi à Wagner Moura. Autrement rapprochement avec RoboCop (par contre, là, ça relève plus de l’anecdote toute pourrie), le héros porte le même nom : Murphy. D’ailleurs, j’ai même cru qu’il s’agissait de l’acteur principal du reboot, Joel Kinnaman. J’ai vérifié sur Imdb pour en être sûr. Mais non, c’est Boyd Holbrook.

Pour boucler cette critique, un point sur la violence. Narcos est une série assez éprouvante, car elle parle d’évènements qui se sont réellement déroulés et certaines images sont assez dures. Il faut dire que les showrunners ont fait le parti-pris de l’ultra-réalisme. Les gunfights sont violents et ne verse jamais dans le caricatural comme Kill Bill. Au final, un sans-faute dans tous les domaines.

Par Christophe Menat, le , depuis la Colombie.

Photo de la saison 1 de Narcos, série créée par Carlo Bernard, Chris Brancato, Doug Miro, Paul Eckstein avec Steve Murphy et Javier Peña
« C’est des cons, ces Colombiens. Ils ont des fusils d’assaut. Moi, je n’ai qu’un flingue, mais ils n’en ont rien à fiche. C’est moi qui dois y aller en premier. »

Conclusion

Après Mr. Robot, je ne m’attendais pas à mettre un 10 aussi vite, mais là, ce n’est même pas discutable. Dans ma tête, c’est 10 direct ! Cette première saison de Narcos vaut largement cette association de malfaiteurs entre un 1 et un 0. Tout me plaît dans cette saison. Cette fusion entre le meilleur de la série télé et du documentaire permet d’obtenir dix épisodes aussi passionnants les uns les autres. Donc, quand en plus, on bénéficie de très bons acteurs portés par un monstrueux Wagner Moura, une réalisation au sommet de la télé et une intrigue incroyablement riche, difficile de trouver quelque chose à redire. Netflix peut faire le fanfaron.

+

  • Association très maligne entre la série télé et le documentaire
  • Incroyablement riche en détails
  • Réalisation épatante
  • Wagner Moura
  • Rythme ne fléchissant jamais

Trophée10/10
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