Netflix fait son Massacre sans Psychose
Fiche
Titre | Monstre | Titre VO | Monster |
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Créateur | Ian Brennan | ||
Acteurs | Charlie Hunnam, Laurie Metcalf, Suzanna Son, Tom Hollander, Vicky Krieps, Olivia Williams, Lesley Manville, Joey Pollari, Charlie Hall, Tyler Jacob Moore | ||
Saison | 3 | Nombre d’épisodes | 8 |
Date de sortie | 03 / 10 / 2025 | Durée | 45 à 63 mn |
Genre | Biographique, Drame, Horreur, Policier, Thriller | Chaîne | Netflix |
La choquante histoire vraie d’Ed Gein, l’infâme tueur et pilleur de tombes qui a inspiré bon nombre des meurtriers les plus emblématiques du cinéma hollywoodien.
Critique
Jusqu’ici, j’étais plutôt réticent à me lancer dans la série Monstre. J’ai toujours eu du mal avec l’idée de mettre à l’honneur (on remplace le « n » par un « r », ça donne horreur, coïncidence ?) des individus pareils.
Mais là, c’était presque mission impossible de résister : le combo Charlie Hunnam et le tueur en série qui a inspiré une flopée de classiques du 7ᵉ art comme Psychose (Psycho, 1960) d’Alfred Hitchcock, Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chain Saw Massacre, 1974 — dont le titre québécois Le Massacre à la scie me fera toujours rire) de Tobe Hooper ou encore Le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs, 1991) de Jonathan Demme, ça avait de quoi piquer ma curiosité.
Il s’agit donc de ma première incursion dans la série anthologique créée par Ian Brennan et Ryan Murphy, avec une petite particularité : pour cette troisième saison, Ryan Murphy a laissé les commandes (le mec a des projets partout, c’est effrayant), et Ian Brennan s’est retrouvé seul à la barre comme showrunner.
Avec tout le barouf que j’avais entendu autour de Dahmer, je m’attendais à une série d’horreur bien malsaine. Franchement, j’ai été surpris de découvrir quelque chose de beaucoup plus… gentillet, pour ne pas dire kitsch. Pour illustrer la schizophrénie d’Ed Gein, la série mélange des séquences pop avec la réalité, ce qui donne un ton étonnamment léger (le passage du babysitting est hilarant). Il y a bien quelques passages un peu rudes, mais rien de choquant pour un habitué du genre horrifique. Résultat : on a plus affaire à des scènes horrifiques fun qu’à un malaise profond.
Une histoire étirée comme une peau humaine
Concernant l’histoire d’Ed Gein, le récit prend des libertés avec la réalité (sic) pour offrir un spectacle censé captiver sur toute une saison. Malheureusement, ça ne prend pas totalement. Malgré les performances bluffantes de Laurie Metcalf et Charlie Hunnam — presque méconnaissable —, le voyage de près de huit heures en compagnie de ce simplet finit par lasser. Tout semble fait pour tirer en longueur afin de remplir la durée promise.
Paradoxalement, la série reste superficielle dans son exploration de la psyché du tueur. Et lorsqu’elle évoque les chefs-d’œuvre du cinéma inspirés par le Boucher de Plainfield, c’est expédié, sauf peut-être pour Psychose. Dommage : il y avait là matière à creuser bien davantage, plutôt que de s’éparpiller dans des intrigues secondaires sans grand intérêt — mention spéciale à celle de la voisine Adeline Watkins, inutile au possible (le passage à New-York, sic).
Une tentative d’analyse plus profonde apparaît dans le dernier épisode, quand la série aborde l’influence d’Ed Gein sur les tueurs en série des générations suivantes. Mais là encore, ça reste superficiel. Et le pire, c’est sans doute ce clin d’œil maladroit à Mindhunter. Comme si ce n’était pas déjà douloureux de se rappeler que Netflix a annulé cette série, voilà qu’on en retrouve ici une version « Wish » dans une autre production Netflix… Ironie, quand tu nous tiens.
Par Christophe Menat hésitant à regarder Dahmer.
Conclusion
Au final, Monstre : L’histoire d’Ed Gein laisse un goût étrange, à mi-chemin entre fascination et déception. Ian Brennan signe une série propre sur elle, joliment mise en scène, mais qui n’ose jamais plonger dans la folie de son sujet. Charlie Hunnam porte tout sur ses épaules, sans pour autant parvenir à combler un scénario qui s’éparpille. |
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6/10 |