Critique : Logan

Sortir par la grande porte

Fiche

Titre Logan Titre VO
Réalisateur James Mangold Scénaristes Michael Green, Scott Frank, James Mangold
Acteurs Hugh Jackman, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Patrick Stewart, Stephen Merchant
Date de sortie 01 / 03 / 2017 Durée 2h 15
Genre Action, Drame, Science fiction Budget 127 000 000 $

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Photo du film Logan avec Hugh Jackman dans le role de Wolverine
« Allez, une dernière pour la route et après, je vais me coucher. »

Critique

Tout avait commencé avec une annonce. Une photo d’Hugh Jackman avec les trois mots suivants…

Old Man Logan

Évidemment, chaque fan de comics s’est évanoui devant la photo avant de subitement se relever, l’index pointé vers le ciel et une question sur le bord de la bouche. Mais comment diable, est-il possible d’adapter la bombe de Mark Millar sans Hulk, Spider-Man, Hawkeye, Crâne Rouge, et j’en passe ? La réponse est toute simple. Ce n’est pas possible. C’est pourquoi quelques mois plus tard, le film est réapparu avec un nouveau titre. Un simple et sobre Logan. Il s’agit de marquer une rupture. Ce que fait clairement comprendre la promotion du film. Il ne s’agit alors que de garder l’essence du comic Old Man Logan (comme Marvel Studios l’avait fait avec Civil War). À savoir, narrer la dernière aventure d’un Wolverine, alors vieux, dans un monde sans X-Men.

Du réalisateur James Mangold, on avait eu droit à Wolverine: Le Combat de l’Immortel. C’était mieux que le catastrophique X-Men Origins: Wolverine, mais ça restait très moyen. Dès lors, le voir rempiler pour cette suite ne m’a fait ni chaud, ni froid. Sauf que cette fois-ci, le bonhomme a posé les bases de l’histoire. Il revient à l’essence de ses meilleurs films : Copland qui avait marqué le début de la résurrection de Sylvester Stallone, 3h10 pour Yuma et Walk the Line dont les chansons du personnage principal, Johnny Cash, ont merveilleusement servi les bandes-annonces du film du jour. Un style lorgnant sur le western. Car, c’est bien de ça qu’il s’agit avec son nouveau long-métrage. Un western. Plus précisément, un western super-héroïque. Sans rien innover, juste en combinant deux genres qu’on n’avait pas encore vus ensemble au cinéma, James Mangold prend juste le risque de sortir Wolverine de sa routine afin de l’installer dans un style qui lui est bien plus fidèle. Violent, brutal, désespéré, déprimé. Tous ces adjectifs collent au griffu. Et c’était le bon choix, malgré les réticences de certains cadres de la Fox.

Le premier film à nous livrer le vrai Wolverine

On ne remerciera jamais assez Deadpool (même si j’ai trouvé le film moyen) pour avoir permis d’ouvrir une nouvelle voie pour les super-héros au cinéma. Ridiculisés par Marvel Studios, les X-Men de la Fox n’arrivent plus à suivre la cadence qu’ils avaient pourtant initiée. Dès lors, Deadpool, en prenant ce nouveau chemin ayant pour destination des aventures super-héroïques plus violentes, a permis, ce que j’espère, l’éclosion de nouveaux films bien plus réussis du côté de la Fox. Ça commence déjà avec cet excellent Logan porté par trois acteurs au sommet. Hugh Jackman, absolument merveilleux, n’a jamais été autant si parfait dans le rôle. Patrick Stewart, qui lui aussi incarne son personnage pour la dernière fois, campe un Professeur Xavier déroutant, mais finalement splendide. La touche émotion. Pour compléter le trio, la révélation Dafne Keen. Une furieusement excitante X-23 dont la genèse fait froid au dos. Chez les méchants, on peut compter sur le Reaver Donald Pierce incarné par la star de Narcos, Boyd Holbrook. Le personnage a un look génial et son interprète, beaucoup de charisme. Une combinaison gagnante.

Photo du film Logan avec Boyd Holbrook dans le rôle de Donald Pierce
Vu que Pablo Escobar, le narcotrafiquant le plus dangereux du monde, est maintenant mort, Steve Murphy s’est mis en tête de chasser le mutant le plus dangereux du monde.

Pour résumer mon expérience Logan. Ça m’a pris aux tripes dès la première seconde. Au point que j’avais envie de crier au chef d’œuvre. Plus le film avançait, plus je me disais qu’il est là, mon premier 10/10 pour un Marvel de la Fox. Finalement, James Mangold a vraiment réussi à faire du chef d’œuvre, mais pendant une heure quarante-cinq (j’y reviens). La scène d’ouverture fait comprendre en quelques secondes qu’on n’est pas devant un Marvel grand public. Quand Logan se déchaîne, ce n’est pas l’Arme X bisounours d’X-Men: Apocalypse, mais une véritable machine à tuer malgré son âge. Les membres tombent. Le sang gicle. Les balles fusent.

Une dernière partie décevante

Seulement, il y a un bémol à cette histoire. Une dernière partie bien en deçà. On n’atteint pas celle catastrophique de Le Combat de l’Immortel et son Transformers de Samouraï d’Argent, mais on n’est clairement pas au niveau de tout ce qui a précédé. Il est assez facile de trouver l’instant où tout a basculé. C’est triste à dire, mais X-23 est concernée. Les méchants du film aussi.

Spoiler

Pour moi, l’instant où tout a basculé, c’est quand la jeune Laura ouvre la bouche pour la première fois. Logan prend alors un virage digne de Mad Max: Au-delà du dôme du tonnerre. On bascule brusquement vers la comédie. Cette déviation m’est tombée dessus comme si je venais de remarquer un doigt tranché (par Wolverine, naturellement) dans ma soupe. De plus, elle nuit, à mes yeux, au personnage de X-23. En un claquement de doigts, on passe du personnage bad ass vers la petite fille horripilante. Ça ne s’arrange pas non plus avec la bande des enfants. La scène où ils coupent la barbe de Logan, j’étais là… Mais qu’est-ce que c’est cette connerie ? Dès lors, quand il a fallu repartir au combat pour le climax, j’ai eu un mal fou à revenir dedans.

Le climax n’arrange pas non plus les affaires du film. En plus, de nous faire revivre encore une fois le duel contre X-24 engendrant par-là un sentiment de répétition. Je me suis pris à regretter que Boyd Holbrook n’ait pas eu droit à un traitement à la hauteur du charisme qu’il diffuse à son personnage. Pourtant, en faisant de lui un Reaver, il y avait de quoi faire. Ça aurait pu donner naissance à une créature terrifiante à la Terminator. Mais non, ils préfèrent nous refourguer à nouveau un combat contre le double maléfique de Wolverine. D’autant plus qu’on voit venir l’issue à des millions de kilomètres. II n’y a alors aucune angoisse, aucun suspense, juste un certain détachement amusé envers les pouvoirs des mutants revisités à la sauce réaliste.

Photo du film Logan avec Patrick Stewart et Hugh Jackman
« Logan, il m’est arrivé un truc de fou, ce matin. Je me suis levé comme d’habitude, j’ai éteint le réveil puis je suis allé devant le miroir et qu’est-ce que je vois ?! Des cheveux. J’ai des cheveux, Logan ! Pourtant, ça fait quarante ans que plus rien ne pousse sur ce caillou. »

Dire au revoir à Hugh Jackman (et Patrick Stewart)

Quand arrive la fin, j’attendais l’émotion. Malheureusement, celle-ci n’est pas arrivée jusqu’à mon cœur. Pourtant, la porte était grande ouverte grâce aux moments émouvants qui ont précédé. Le problème n’est pas vraiment compliqué à cerner (« Sortez de là Monsieur Problème, vous êtes cernés ! »). Déjà, on était largement préparé à cette fin. Car la dernière partie rentre dans un moule trop classique et trop prévisible. De plus, on n’a pas non plus la sensation de dire adieu au Wolverine qu’on a toujours connu. Le film s’inscrivant en dehors de la continuité. Pendant quelques minutes, j’ai essayé de trouver sa place dans la chronologie des X-Men avant de laisser tomber. Il n’a pas de places. Il se tient vraiment tout seul. Cette liberté lui a permis de bénéficier de beaucoup de qualité, mais en contrepartie, il en perd aussi.

Au bout du compte, peu importe, Logan reste un des meilleurs films X-Men et le meilleur film solo sur Wolverine.

PS : pas de scène post-générique.

Par Christophe Menat frustré par la dernière partie, mais conscient d’avoir frôlé le chef d’œuvre, le 1er mars 2017.

Photo du film Logan avec Dafne Keen dans le rôle de X-23
La terreur de la section maternelle.

Conclusion

Avec Logan, la Fox creuse encore plus loin le tunnel que Deadpool avait commencé à entreprendre. En inscrivant Wolverine dans un registre western, avec la violence et le ton dépressif qui vont avec, James Mangold permet à Hugh Jackman de quitter le personnage en livrant son meilleur film solo. Si on fait la fine bouche, on peut dire que ce n’était pas très compliqué, mais là, c’est vraiment du bon. Logan est un excellent film. Néanmoins, sa dernière partie, moins réussie, fait que la dernière aventure de Wolverine s’achève sur une légère fausse note. Or, on connaît l’importance qu’il y a à bien démarrer (de ce côté-là, c’est parfait) et surtout bien finir. Logan était à une griffe du chef d’œuvre.

+

  • La performance du trio d’acteurs principaux
  • Boyd Holbrook, vraiment cool, même si en action, c’est une autre histoire
  • Pas mal d’émotions
  • Délicieusement violent

  • Dernière partie décevante
Trophée8/10
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