Critique : The Last of Us Part II (avec spoilers)

Le cercle vicieux de la vengeance

Fiche

Titre The Last of Us Part II
Éditeur Sony Développeur Naughty Dog
Plate-forme PlayStation 4 Date de sortie 19 / 06 / 2020
Joué sur PlayStation 4Game Genre Action, Aventure, Drame, Horreur, Thriller

Critique

Accessibilité (dés)accrue

Difficile de passer à côté du phénomène The Last of Us Part 2. Rien qu’avec le buzz autour des menaces de mort prononcées envers une des doubleuses du jeu. Même si ça témoigne principalement de l’ahurissante connerie humaine, c’est également bon signe. Car cela signifie qu’on est devant d’un jeu qui marque.

Au premier lancement, belle surprise. Le studio Naughty Dog a mis en place des éléments pour favoriser l’accessibilité. Étant malentendant, c’est avec un sourire au coin que j’ai accueilli cette nouvelle. Si au début, j’étais circonspect, au final, ce n’est pas de la merde. Un vrai plus, par exemple, d’avoir le nom du personnage qui parle, sa position s’il est hors champ et j’en passe. Si les autres développeurs pouvaient suivre le même modèle, ce serait vraiment génial.

Un des plus beaux jeux de l’histoire

Bref, je reviens au jeu. Je lance. Là, clairement, je suis étonné que le temps de chargement soit aussi long. Plus d’une dizaine de secondes. Je n’ai pas pensé à chronométrer, mais au pifomètre, je dirais 30 au total (précision, je suis sur la PS4 Fat). Par la suite, je me rends compte que ça les vaut, car plus aucun temps de chargement ne sera à noter durant la partie. J’ai embrayé ensuite sur la baffe graphique. Pour le coup, The Last of Us Part II est magnifique. Le plus beau jeu de la console et de loin. Avec un gros bonus pour les animations faciales criantes de vérité. Le premier était déjà une réussite sur ce point, mais là, on franchit un nouveau cap.

Le seul bémol que j’adresserais au jeu concerne la diversité des environnements. Surtout comparé à Uncharted 4. En passant la majorité du jeu à Seattle, je me suis retrouvé avec la pénible sensation de toujours traverser les mêmes décors (bâtiments délabrés dévorés par les plantes). Toutefois, certains dénotent comme l’Aquarium ou l’île des Séraphites et, heureusement, il y avait les flash-backs pour briser la monotonie.

Quand la comédie romantique vire gore

Bref, le début de la narration de The Last of Us Part II est un poussive à mon goût. On se tape une love story assez mièvre entre deux ados digne d’une série pour ados (en même temps… ce sont des ados ou pas ?!) dont la seule originalité demeure qu’elles soient lesbiennes. En toute franchise, je commençais à légèrement m’inquiéter. Heureusement l’arrivée de l’antagoniste, Abby, permet de dynamiter tout ça jusqu’à une conclusion digne de l’arrivée de Negan dans The Walking Dead.

Le truc bien foutu, c’est qu’on sent que Joel va y passer depuis le début. Tout est formaté pour. En aparté, c’est d’ailleurs un des plus gros reproches que je ferais. La narration est ultra formatée et sans aucune surprise sauf celle intervenant à mi-parcours consistant à nous faire changer de personnage. Pour revenir à Joel, le fait que je sentais que ça allait mal finir m’a laissé avec une petite boule au ventre au fur et à mesure que je m’approchais de l’instant fatidique. Quand j’ai vu Abby achever Joel avec le club de golf, c’est un véritable sentiment de haine qui est monté en moi. Je m’identifiais alors totalement à Ellie.

Le chemin de la vengeance est alors savoureux. Classique certes, mais efficace, à condition d’avoir fait le premier. Autrement le destin de Joel, ben, logiquement, on s’en fout du style « pauvre gars ». Il n’y a pas les tripes qui forme un nœud marin. À noter également les interludes via des magnifiques flash-backs, surtout le premier où Ellie et lui vont visiter le musée. Le passage dans la fusée est un grand moment. Le plus marquant de l’aventure me concernant.

Décalage

Pour revenir à la vengeance façon la mariée dans Kill Bill, remonter la piste d’Abby tout en éliminant les membres de son groupe assoit petit à petit la soif de vengeance qui m’habite malgré une certaine incompréhension. Selon la manière de jouer, on peut se retrouver à faire un carnage parmi les rangs des Wolfs. Du coup, c’est un peu étonnant de voir la réaction d’Ellie après qu’elle ait tué Nora. Comme si c’était son premier meurtre.

Dès lors, j’ai senti un vrai décalage entre l’histoire et le gameplay. Un peu comme Uncharted. Ben oui, avec le recul, on peut dire que Nathan Drake est un véritable meurtrier de masse alors qu’il se comporte comme un Indy bis. Mais là, ça passe, car c’est traité sur le ton du fun. Ce qui n’est pas le cas de The Last of Us Part 2. Personnellement, ça m’a un peu cassé le délire. Quantic Dream et Telltale Games gèrent mieux ce point.

Ça ne m’a tout de même pas empêché de prendre le cliffhanger avec une belle claque. Sérieux, j’incarne Abby maintenant ? Elle est là, la touche de génie de Naughty Dog. Nous forcer à incarner l’antagoniste pour se rendre compte qu’elle demeure un être humain. Ses motivations sont parfaitement compréhensibles, car elles sont identiques à celle d’Ellie. Abby a d’ailleurs carrément plus de légitimité qu’Ellie si on veut être impartial. 

Briser le cercle de la vengeance

On prend une belle leçon d’humanité qui nous fait prendre conscience, si besoin a, que la loi du talion n’amène qu’encore plus de violence sur son sillage. Faire connaissance avec les personnages qu’on a tués de sang-froid quelques instants plus tôt est un exercice assez traumatisant. Surtout le sympathique Owen et la pauvre Alice (la chienne pour ceux qui ont oublié).

Encore une fois, un problème surgit concernant la cohérence entre le gameplay et la narration. Cette leçon, on l’apprend trop en avance par rapport aux personnages. Du coup, quand on nous demande, dans la peau d’Abby ou Ellie, de massacrer l’autre, c’est vraiment à contrecœur qu’on le fait. Un sentiment vraiment désagréable comme si on nous demandait de péter la gueule à quelqu’un qu’on aime bien sous la menace d’une arme à feu. Dès lors, en agissant de telle manière, Naughty Dog va à l’encontre de sa leçon de vie. Je me suis alors obligé à me déconnecter émotionnellement avant de matraquer le bouton Carré. Autrement, je ne le finissais pas.

L’autre point négatif, ce sont les monstres. Jamais pu adhérer à ces hommes plantes. Difficile d’être terrifié quand le look fait marrer. Néanmoins, comme les morts-vivants de la série The Walking Dead, ils demeurent anecdotiques. Aussi, il y a beaucoup trop de The Walking Dead dans The Last of Us. Comme j’ai abandonné la série parce qu’elle me gavait à recycler les mêmes thèmes, ça m’a un peu gavé de me les retaper. Je tiens tout de même à préciser que j’ai kiffé la créature durant le passage semblant sortir de Resident Evil 2.

Gameplay amélioré mais loin d’être idéal

Rayon gameplay, le jeu n’est pas foufou, à cause de son système « réaliste » (je mets des guillemets parce que sérieusement…). Nous forcer à devoir scruter les décors pour pécho des outils… Même dans des moments ne s’y prêtant pas forcément. Ça casse l’immersion. Franchement, quand Abby quitte son camp avec ses armes. Elle ne prend qu’un chargeur avec trente balles ? Heureusement, le système de compagnon, sans se révéler dingue, est moins raté que sur le premier où il était hallucinant de voir celui qui nous accompagne être en face d’un ennemi sans que ce dernier ne daigne réagir.

Résultat, le procédé de fouilles colle mal avec la durée. On dépasse facilement les vingt heures donc, au bout d’un moment, j’en avais marre de devoir fouiller toutes les boutiques de la rue pour récupérer des médicaments et j’en passe. Pire, la répétition fait que je ne regardais même plus les décors et passais mon temps à chercher le triangle magique en faisant le tour d’une pièce en collant le mur. Tant mieux donc que la diversité des situations demeure présente. Je ne vais pas en faire la liste, mais elle mérite d’être soulignée, car je n’ai pas trop ressenti de longueurs. Même si j’aurais aimé quitté Seattle plus tôt.

Par marqué par l’aventure.

Conclusion

Ses nombreux défauts empêchent The Last of Us Part II d’atteindre le statut de chef d’œuvre dans mon cœur, mais il n’en est vraiment pas loin. Un des meilleurs jeux de la PS4.

+

  • Graphiquement exceptionnel
  • Personnages à l’écriture soignée, surtout Abby
  • Le cliffhanger au milieu du jeu
  • Briser la loi du talion
  • Premier flash-back
  • Durée de vie conséquente sans trop de répétition

  • Toujours du mal avec la crédibilité des hommes plantes (sauf pour celui digne dans le passage digne de Resident Evil 2)
  • Gameplay lourdingue à la longue
  • Gameplay ne se mariant pas avec les thèmes de l’histoire
9/10
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