Critique : Les Immortels

La mythologie selon Tarsem

Fiche

Réalisateur Tarsem Singh
Scénariste Charley Parlapanides, Vlas Parlapanides
Acteurs Henry Cavill, Mickey Rourke, Luke Evans, Stephen Dorff, Freida Pinto, Joseph Morgan, John Hurt
Titre original Immortals
Pays États-Unis Date de sortie 23 novembre 2011
Genre Action, Aventure, Drame, Fantastique, Mythologie Durée 1h50
Budget 75 000 000 $
Les armées du roi Hypérion ravagent la Grèce, détruisant chaque village sur leur passage. Le roi sanguinaire ne laissera personne l’empêcher d’atteindre son but : libérer le pouvoir des Titans endormis afin d’anéantir les dieux de l’Olympe et l’humanité tout entière.

 

Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter la folie destructrice d’Hypérion, jusqu’à ce qu’un jeune tailleur de pierre, Thésée, jure de venger sa mère tuée par ses soldats…

Lorsque le jeune homme rencontre Phèdre, l’oracle, celle-ci est assaillie de troublantes visions. La jeune femme est désormais convaincue que Thésée est le seul qui pourra arrêter la destruction. Avec l’aide de Phèdre, Thésée rassemble une petite troupe de fidèles, et part affronter son destin dans une lutte désespérée pour préserver l’avenir de l’humanité.

Critique

Beaucoup voient en Les Immortels, le nouveau 300. Il faut dire qu’ils ne sont pas bien aidé par son buzz sur l’affiche avec un gros « par les producteurs de 300 ». Pourtant les deux films n’ont pas grand chose à voir si ce n’est que leurs héros partagent le même goût pour les torses dénudés over bodybuildés et pour les combats dantesques.

Commençons avec les points positifs de Les Immortels. Déjà un, commun à toutes les réalisations estampillées Tarsem, un goût pour le visuel confinant au génie avec une esthétique magnifique. Sans aucun doute, le gros point fort du film.

Les architectures respirent la Grèce de cette époque, à savoir un certain sens de la démesure et du trait. Les décors les plus réussis de loin sont la grotte dans le mont Tartare où sont emprisonnés les Titans et le labyrinthe du Minotaure. Dans la grotte du mont Tartare, on est soufflé par la présence de quatre Atlas qui soutiennent le sommet de la montagne (au lieu du monde dans la mythologie). Pas étonnant quand on sait que Persée transforma Atlas en pierre à l’aide de la tête de Méduse ainsi il devint le mont Atlas. C’est justement ce genre d’exemples qui font de Les Immortels, un cas à part. En effet, le film ne reprend pas la mythologie telle quelle, elle est réactualisée.

Ainsi de nombreux changements surviennent, le Minotaure devient un homme portant un masque de Taureau, les dieux sont des chevaliers du Zodiaque arborant une armure en or et des casques de toute beauté permettant de les identifier aisément, les Titans des espèces de zombies à l’échelle humaine (et non plus de gigantesques créatures). Certains s’offusqueront par tant de traîtrises à la mythologie mais si elle correctement employée pourquoi pas ?

Cela confère à Les Immortels, un certain style estampillé Tarsem. Les costumes sont d’ailleurs là pour identifier à la seconde la marque de fabrique du réalisateur. On y retrouve un peu de The Cell et de The Fall.

Les meilleurs moments du film sont de loin ceux faisant intervenir les dieux bien aidé par un Zeus magnifique. Luke Evans qui joue le personnage lui apporte un sens de la déification absolue. Tel le père de toute chose, il pleure quand le temps est venu de punir ses enfants mais jamais en hésitant. La rage s’exprime sur son visage lors de temps les plus durs. Pour faire simple : « Quand Zeus entre en scène, tout le monde ferme sa gueule. ». Une véritable prouesse de la part de Luke Evans bien aidé par la réalisation qui le sublime. On en vient à regretter que le film ne tourne pas davantage autour de lui. En tout cas, ça nous change du Zeus de Le Choc des Titans.

A ses côtés vivent les enfants de l’Olympe dont les plus marquants sont Athéna, Poséidon et Arès, le dieu de la guerre. Les combats les faisant intervenir sont des purs moments de jouissance surtout le combat d’Arès. On contemple alors à une telle différence de niveau entre la puissance des Dieux et celle des Hommes qu’on a encore plus de respect pour les habitants de l’Olympe. Ils respectent leur loi consistant à ne pas intervenir dans les affaires des hommes alors qu’il serait si facile de remédier à leurs maux.

Du coup, à ses côtés, on pourrait ne voir en Thésée qu’un vulgaire combattant moisi. Si fait mais ses combats respirent tellement la rage, la volonté de vaincre à tout prix qu’ils en transpirent une certaine émotion. Les combats sont violents, très violents. Décapitation, mutilation, écrasement de couilles (véridique) sont l’apanage de Les Immortels. Ils en deviennent immédiatement jouissifs. Gardez vos forces pour le combat final qui représente le summum.

Aussi, on sera content de voir Mikey Rourke en Hypérion, un personnage sanguinaire adepte du viol et de la torture, le transforme en véritable méchant. Ses monologues sont des bons moments.

Donc résumons, le film est magnifique visuellement, doté d’une belle réactualisation de la mythologie, dispose de combats puissants. Donc il est nickel ? Malheureusement non. Le plus gros problème du film réside dans son scénario. Car si la réalisation et la mise en scène de Tarsem est de haute volée multipliant les prouesses visuelles et justifiant pleinement son budget de 75 millions de dollars. Le script a du mal à suivre se contentant d’être un vulgaire pastiche de ce qui a déjà été vu à droite et à gauche. Surtout au niveau des dialogues (sauf ceux de Rourke) respirant le déjà-vu. On se prend à rêver d’un film de Tarsem au service d’un excellent scénario.

Pour les autres points négatifs, je reprocherais au film un manque d’épique. La faute à des décors souvent restreints. Il n’est pas encore arrivé le successeur de Le Seigneur des Anneaux (The Hobbit?). Même si on ne peut l’impute seulement aux décors parce que 300 souffrait du même problème. On pourrait alors davantage penser à la musique et à une réalisation pas assez humaine. C’est bien souvent ce qu’on reproche à Tarsem, de tellement privilégier l’esthétique qu’il en oublie de densifier ses personnages et de véhiculer leurs émotions.

Dommage aussi d’avoir transformé les Titans en zombies, nous privant au passage d’un combat dantesque (sans nul doute que Tarsem ne voulait pas trop avoir recours aux effets spéciaux vite devenu ringards). Même si au final, le combat final est très bon grâce à un certain style de combat donné aux dieux de l’Olympe. J’ai adoré l’extrême violence que je n’aurais jamais cru voir dans un blockbuster hollywoodien.

Mais le plus gros point faible concerne les temps morts qui parsèment le film et qui se révèle au final peu intéressant. Comme l’historie reliant Thésée et l’Oracle. Mon dieu, que la Slumdog Girl est maigre. Son visage est squelettique. Brrr. En plus, elle est manque cruellement de consistance. Je ne sais pas mais je n’y arrive pas à m’attacher. Le personnage de Stavros souffre du même problème pourtant j’adore Stephen Dorff.

En tout cas, on se sent rassuré par le choix de Snyder pour son Superman. Cavill tenant totalement la route en Thésée même s’il n’arrive pas à rivaliser avec Léonidas de 300 surtout lors du discours final.

En tant que gamer, en regardant Les Immortels, difficile de ne pas penser au jeu culte de Sony : God of War. On se prend alors à rêver de voir une adaptation réalisée par Tarsem car son style correspond parfaitement (et surtout, il n’a pas peur de rendre ses films violents et dieu sait que God of War l’est) mais par contre, le budget risque d’exploser !

Mention spéciale à la fin absolument magnifique mettant en exergue la difficulté du réalisateur d’être au top durant tout le long-métrage. Son style confine au génie mais seulement par intermittence.

Conclusion

Au final, Les Immortels n’a que peu de choses à voir avec 300. S’il fallait le comparer à un autre film, son rival serait Le Choc des Titans. Il le surpasse sans problème mais manque de moments épiques et souffre de quelques longueurs. Nul doute qu’il ne plaira pas à tout le monde et surtout pas aux détracteurs de Tarsem mais il n’en reste pas moins un beau film mythologique parsemé de très bons moments.
+ – une réactualisation de la mythologie originale
– visuellement splendide
– Luke Evans en Zeus
– l’extrême violence
– des combats dynamiques
– des longueurs
– certains choix artistiques discutables
– les personnages secondaires suivant Thésée dans son périple sont inintéressants
Trophée7/10
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