Critique : Ironheart – E1,2&3 « Retour au bercail »

Par où commencer avec le projet Ironheart ? Telle est la question que je me pose au moment de débuter l’écriture de cette critique, tant les angles d’attaque sont nombreux. Après une petite réflexion (en vrai, le temps de boire un verre d’eau – il fait chaud, quoi), je vais faire dans la simplicité et suivre l’ordre chronologique.

Hommage à Rihanna

Ironheart au civil est Riri Williams, plus précisément Rihanna Robyn Williams (qui est un hommage à la chanteuse Rihanna, de son vrai nom Robyn Rihanna Fenty). Il s’agit d’une super-héroïne Marvel (la précision est-elle utile ?) créée par Brian Michael Bendis et Mike Deodato et apparue pour la première fois dans Invincible Iron Man (Vol. 3) #7 (mars 2016). Elle a connu un joli succès au point d’avoir droit à sa série dédiée.

Quelques années plus tard, le personnage franchit le cap du live-action sous les traits de Dominique Thorne dans Black Panther : Wakanda Forever (2022). Pour le coup, le personnage n’a pas vraiment déchaîné les foules. Mais alors pourquoi le lancement d’une mini-série à son nom ? Tout simplement parce qu’elle fut annoncée avant, le 10 décembre 2020 durant The Walt Disney Company’s Investor Day. Marvel était visiblement confiant.

À tel point que le tournage de la mini-série a débuté en juin 2022 (pour rappel, Wakanda Forever est sorti en novembre 2022) avant de se terminer en novembre de la même année. Restée un temps dans les limbes à cause de la grève, la série a connu un tournage additionnel de février à avril 2024 puis vient de débarquer sur Disney+ avec six épisodes sur une semaine (et du review bombing habituel), histoire de conclure la Phase 5 du MCU.

Une héroïne terne

Diffuser six épisodes aussi rapidement témoigne d’un manque de confiance de la part de Disney. Un peu à la manière de la mini-série Echo. On pourrait voir ça également comme un présage de mauvaise qualité, mais ça n’avait pas empêché la série consacrée à la super-héroïne sourde d’être bonne. Malheureusement, il m’est difficile de faire le même constat concernant Ironheart. En effet, les trois premiers épisodes m’ont laissé assez indifférent.

Commençons déjà avec le gros point critique : Dominique Thorne. L’actrice a été embauchée dans le rôle sans audition. Un bon témoin de confiance, mais il aurait peut-être mieux fallu, tant j’ai du mal à voir Riri Williams en elle. Certes, je n’ai pas lu beaucoup de comics du personnage, mais je me souvenais d’une fille avec du charisme et une personnalité attachante.

Ce que Dominique Thorne n’a clairement pas. Bref, rien n’a changé par rapport à son apparition dans Wakanda Forever. Elle campe un personnage avec un ego surdimensionné, imbu de sa personne et prêt à tout pour arriver à ses fins. Bref, une description qui colle aussi à Tony Stark. Sauf que Robert Downey Jr. apporte suffisamment de charisme et de malice à son personnage (en n’oubliant pas son coup de fil à l’actrice pour le lancement), à tel point qu’on oublie ces défauts. Le genre de petit bâtard auquel on pardonne facilement parce qu’ils sont attachants.

Et si Natalie avait été Ironheart ?

Le plus drôle dans la mini-série, c’est en découvrant Natalie, interprétée par Lyric Ross. Le personnage est tout simplement l’idée que je me faisais de Riri Williams : une personnalité forte, charismatique et amusante. Si seulement Lyric Ross avait été sélectionnée à la place de Dominique Thorne.

Bref, on se coltine Thorne dans le rôle. Ce qui n’aide pas à cautionner ses actes dans ces trois premiers épisodes, d’autant plus que pour la crédibilité, il faut repasser. Il y a une séquence où un flic voit carrément le visage de Riri alors que cette dernière est dans une armure à la Iron Man (ce qui ne vole pas dans les rues) pour faire un casse. J’ai donc été vraiment étonné de ne pas voir ensuite les flics débarquer chez elle en force ou que le MIT laisse l’armure entre ses mains. Peter Parker, pourquoi tu t’emmerdes avec ton identité secrète ?

Comme si ça ne suffisait pas, le personnage participe à trois casses avec une absence de discrétion forçant le respect pour son niveau de bêtise, mais on nous file un rebondissement en mode « regardez, elle et son pote vont se retrouver dans la merde parce qu’elle a oublié un outil technologique sur les lieux du crime ». Mec !

Autour d’elle, on déploie une intrigue sans originalité, car elle rappelle celle de Spider-Man. Gosse défavorisé des quartiers misant sur son intelligence pour s’en sortir, allant jusqu’à intégrer une école prestigieuse (l’occasion de revoir Jim Rash, vu auparavant dans Captain America : Civil War). Bref, un truc déjà vu des centaines de fois, à la différence près qu’il s’agit d’une femme afro-américaine.

L’arrivée du M

Comme tous les enfants défavorisés, elle finit par s’accointer à un gang chelou pour parfaire son armure. Parce que la pauvre, elle n’a pas d’argent, vous comprenez. Donc ça justifie de voler sans vergogne. Quand je vous disais que c’était dur d’avoir de l’empathie pour le personnage… Alors quand en plus, on a Dominique Thorne, c’est encore plus dur. Avec tout mon respect pour l’actrice, c’est clairement un loupé de l’équipe casting.

Bon, je vais arrêter de taper (et rabâcher) sur Thorne (elle va finir par porter plainte et je comprendrai) et passer au reste du casting. Mais le problème, c’est qu’il n’y a rien de folichon à ce niveau (si on excepte Natalie). Ah si, le Slug de Shea Couleé m’a beaucoup amusé. Voilà un personnage extravagant digne des comics. Sinon, évidemment, une grosse envie de rencontrer Méphisto. Vivement la rencontre (prévue pour l’épisode 5 si on se fie au M du titre de l’épisode dans le calendrier des sorties).

Concernant la réalisation (l’écriture, je n’en parle pas car ce que j’ai écrit au-dessus est déjà explicite), on est dans du Marvel Television classique avec des effets spéciaux convaincants (pour le coup, avec les multiples reports, les artistes ont eu le temps de s’appliquer). Par contre, j’ai kiffé la représentation du titre Ironheart.