Le moins pire de Ridley Scott
Fiche
Titre | Gladiator II | Titre VO | – |
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Réalisateur | Ridley Scott | Scénariste | David Scarpa |
Acteurs | Paul Mescal, Pedro Pascal, Connie Nielsen, Denzel Washington, Joseph Quinn, Derek Jacobi, Fred Hechinger, Rory McCann, Matt Lucas, Peter Mensah, Yuval Gonen, Tim McInnerny | ||
Date de sortie | 13 / 11 / 2024 | Durée | 2h 28 |
Genre | Action, Aventure, Drame | Budget | 310 000 000 $ |
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Critique
Ridley Scott qui revient sur l’une de ses franchises les plus cultes. Ce n’est le genre d’info qui rassure. La dernière fois que le type s’y est mis, ça a donné Prometheus (2012) et surtout Alien : Covenant (2017). Heureusement que le Denis Newtown s’est occupé de Blade Runner 2049 (2017). D’autant plus que là, on ne part pas sur un préquel, mais une suite (je vais préciser que j’étais content, car les préquels, bof) de l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Noté 10/10 par votre serviteur et revu un nombre incalculable de fois. C’est même carrément le film de chevet du daron.
La bande-annonce ne m’a pas rassuré des masses, mais de toute façon, il n’existe pas un univers dans tout le multivers où je refuse de regarder Gladiator II. Par contre, Gladiator III, y a moyen.
Surtout que je ne peux pas m’enlever de la tête que c’est mister Scott derrière la caméra. À 86 ans, le maestro enchaîne les films comme si c’était une question de survie. Rendez-vous compte, quatre films dans les années 80, quatre films dans les années 90, huit films dans les années 2000, sept films dans les années 2010 et déjà quatre films dans les années 2020 alors qu’il reste encore six ans avant de boucler la décennie. Je pense que ça se ressent devant ses réalisations. Je ressens moins la passion du projet, plus l’industrie où l’on enchaîne les films à la pelle. Le fameux « la quantité au détriment de la qualité » qui a fait très mal à Netflix, ces derniers temps. Pourtant, avec l’âge, il devrait prendre le temps et se focaliser sur ce qui l’intéresse le plus..
Dernier point m’inquiétant, la bande-annonce laisse croire à un remake du premier en mode séquelle jouant sur la nostalgie. Ce qui est vrai, mais aussi faux. Quoi qu’il en soit, c’est clairement une des qualités de Gladiator II.
Deux films en un
Avant d’enchaîner, je tiens à préciser que j’ai apprécié ma séance de Gladiator II, car je pense que ça ne va pas transparaître dans ce que je vais écrire. En effet, je suis sorti de la salle déçu. Déçu, car cette suite n’arrive clairement pas à la cheville du premier. Allez, soyons sympas et remontons le mètre à la taille. Mais était-ce franchement possible ? Non, Gladiator, premier du nom, est un chef-d’œuvre absolu.
Gladiator II m’a semblé comme coupé en deux : une partie façon « passage obligatoire » où l’on nous sort un remake du premier opus et une deuxième plus portée sur la politique de Rome. À mon goût, il aurait été plus intéressant de développer cette deuxième partie au détriment de la première pour éviter le sentiment de déjà-vu et surtout approfondir cet élément, car il est presque expédié au point que c’est réduit à des clichés. Sans compter sur un enchaînement d’événéments m’ayant paru invraisemblable. Dès lors, avec ses presque deux films en un, tout m’a semblé légèrement bâclé et surtout déconnecté.
Par ce mot « déconnecté », je veux dire que je n’ai pas réussi à me connecter émotionnellement à l’histoire. Les seuls moments où Gladiator II a réussi à m’émouvoir, c’est quand il invoque la nostalgie (un sentiment puissant) via le personnage de Maximus. Bien servi par Connie Nielsen. D’ailleurs, blague à part, son personnage semble visiblement avoir un goût prononcé pour les généraux. Une femme de standing. Mais ce ne sont que des moments fugaces. Au final, j’ai suivi les aventures de Julius (quelle connerie d’avoir dévoilé le twist dans la bande-annonce, même si ça sert à gonfler les entrées) un peu de loin.
Du spectacle, sans l’envie
Au niveau des combats, heureusement, c’est un peu plus généreux ici que dans Napoléon (2023). Il y a une belle petite séquence de bataille au début du film et plusieurs castagnes dans l’arène. Visuellement, la photographie, les décors et les costumes sont splendides. On sent bien la fameuse industrie derrière la caméra pour faire revivre la Rome romaine. Par contre, les doublures numériques, c’est non. C’est quoi, ces singes immondes (non, pas toi, Dundus) ? Cela casse le côté antique de l’histoire en y impliquant du moderne… moche. À noter les requins, mais ils ont l’intelligence de rester cachés façon Les Dents de la Mer (1975) en omettant le climax.
Malgré tout, rien de bien fou. Il n’y a pas de tension, comme s’il s’agissait d’obligations qu’il fallait expédier rapidement au lieu de faire monter la sauce. Sans oublier que les chorégraphies sont sommaires, avec une mention spéciale pour le combat final, particulièrement raté à ce niveau. Auparavant, les scènes d’action étaient le morceau de bravoure des films de Ridley Scott. Désormais, il ne semble plus s’y intéresser, se contentant du strict minimum pour monter son film. Comme avec Napoléon où sa relation avec sa maîtresse l’intéresse bien plus que sa carrière militaire, alors que bon, les histoires de cul du Bonaparte…
Au niveau des acteurs, je n’ai pas grand-chose à dire. Chacun joue bien à son niveau, mais il n’y a pas de performance marquante. Ça m’a fait juste marrer de voir Johnny Storm martyriser son beau-frère Red Richards. J’avais entendu parler en bien de la performance de Denzel Washington dans ce film. Je cherche encore en quoi elle est mémorable, à part son dernier plan. Par contre, j’ai bien retenu son coup de gueule à propos du baiser gay qui a été coupé au montage.
Par Christophe Menat qui se dit que si Gladiator III doit se faire, Ridley Scott devrait confier la réalisation à quelqu’un d’autre.
Conclusion
S’il est toujours possible de s’interroger sur l’intérêt d’une suite à Gladiator, le fait est qu’elle existe. Au final, il s’agit d’un bon film souffrant tout de même de sa schizophrénie entre sa volonté d’offrir un film de gladiateur sur un fil conducteur pratiquement identique à celui du premier et celle d’explorer la politique de Rome. Bref, un résultat bâtard ne réussissant vraiment dans aucun des aspects, sauf quand il s’agit d’invoquer la nostalgie avec l’ombre de Maximus. |
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7/10 |