Et si Kurosawa avait fait un jeu vidéo ?
Fiche
Titre | Ghost of Tsushima | ||
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Éditeur | Sony | Développeur | Sucker Punch |
Plate-forme | PlayStation 4 | Date de sortie | 17 / 07 / 2020 |
Joué sur | PlayStation 4 | Genre | Action, Aventure, Drame, Guerre, Histoire |
Critique
La crainte du monde ouvert
J’ai pris Ghost of Tsushima sans grande conviction. Je craignais qu’après la séance de rattrapage avec l’open world Horizon Zero Dawn (2017), enchaîner directement sur un autre jeu de style monde ouvert ne provoque une certaine lassitude. Car, malheureusement, les mécaniques du genre sont lourdes et redondantes. Principalement avec les habituels « je cherche la tour pour réduire le brouillard sur la carte, je farm pour récupérer des meilleures armes ou équipements et j’accumule les quêtes secondaires sans intérêt pour récupérer de l’expérience ».
Fort heureusement, le jeu de Sucker Punch permet d’éviter les pires maux de l’open world. Déjà, le voyage rapide. Alléluia. On peut se déplacer rapidement partout, car beaucoup de points pour voyage rapide sont présents. Cerise sur le gâteau, les temps de chargement sont assez courts. Dès lors, on ne perd pas de temps à multiplier les allers-retours pour les besoins d’une quête (Red Dead 2, c’est pour toi !). Deuxième mal, les quêtes secondaires. Je n’ai fait que les récits des personnages secondaires et les quêtes mythiques. Pour le coup, elles sont suffisamment bien écrites pour être intéressantes. Seul bémol, l’impossibilité d’avancer durant les dialogues.
Reste alors le farm. Pour le coup, Ghost of Tsushima regorge de possibilités pour améliorer Jin, notre héros. Je ne les ai pas tous fait. En effet, beaucoup sont pénibles et peu intéressants. Le seul que j’aime bien, c’est suivre le renard, car on peut le caresser à la fin. Bref, un des points faibles du jeu pour ceux n’aimant pas les mécaniques de l’open world. En temps normal, ça me gonfle, mais bizarrement, je me suis pris au jeu.
Voyage au bout du Japon
Pas surprenant, puisque j’ai totalement adhéré à l’ambiance. Enfin, un jeu vidéo nous offrant un voyage dépaysant. J’ai eu l’impression de vivre un film d’Akira Kurosawa. Les décors sont extraordinaires. Malgré la petite taille de l’île Tsushima, j’ai rarement eu l’impression de tout le temps parcourir le même endroit. Dur, par exemple, de ne pas s’arrêter régulièrement pour admirer le paysage. Surtout quand les fleurs suivent le rythme du vent. Ça donne un côté poétique.
Pour autant, Ghost of Tsushima reste une aventure violente reposant sur l’art des combats. En fait, on passe même la majorité du temps à se battre au sabre (avec un peu d’arc). Du coup, il y avait intérêt à ce que le système de combat soit au poil. Heureusement, il l’est. J’ai eu l’impression de revenir aux plus belles heures du jeu de combat Bushido Blade (1997).
Sans aller aussi loin que le jeu de Light Weight, Ghost of Tsushima demeure assez exigeant. Surtout au début du jeu où on peut se faire tuer assez rapidement. Dès lors, il faut faire preuve de patience, adapter sa posture face à son ennemi et jouer sur des coups d’esquive et parade. Le gameplay devient vite intuitif pour demeurer efficace de bout en bout. Pour tout avouer, je me faisais toujours un plaisir de me battre (dommage qu’on ne puisse pas se beurrer la biscotte). Coup de cœur pour les duels où le challenge est accru.
L’art du combat prime sur tout
Pour le reste, le gameplay ne se démarque pas particulièrement d’un open world classique malgré une interface réduite au strict minimum (bien cool pour l’immersion). On a droit à du cheval, du plate-forme et de l’infiltration. Juste un mini-jeu que j’ai bien aimé : la découpe de bambous. Malgré tout, il est regrettable que les missions se renouvellent rarement. Pourtant, il y avait de l’idée au début avec un tutoriel en mode souvenirs. Dommage de ne pas avoir essayé plus de diversité dans ce style.
Terminons avec un mot sur l’histoire. Rien d’ouf, mais du classique assumé et plutôt bien mis en scène même si ça manque d’un côté épique et du nerveux du côté de l’action. Bref, une aventure Kurosawa à la sauce mini-série où les quêtes secondaires permettent d’en savoir plus sur nos compagnons (coup de cœur pour les récits de sensei et de Yuriko). Bon point pour les personnages où aucun beau gosse n’est à noter. Encore moins pour le héros (qui demeure ultra classe quand même). Ça change et ça fait du bien.
Par Christophe Menat agréablement surpris.
Conclusion
Ghost of Tsushima est l’occasion unique de vivre une aventure de Kurosawa dans un monde ouvert. Jamais, j’ai eu autant l’impression d’incarner un samouraï. |
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8/10 |