Fiche
D’après le livre A Captain’s Duty: Somali Pirates, Navy SEALS, and Dangerous Days at Sea par Richard Phillips et Stephan Talty | |
Titre |
Capitaine Phillips
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Réalisateur | Paul Greengrass |
Scénariste | Billy Ray |
Acteurs | Tom Hanks, Barkhad Abdi, Barkhad Abdirahman, Faysal Ahmed, Mahat M. Ali, Catherine Keener |
Titre original | Captain Phillips | Date de sortie | 20 novembre 2013 |
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Pays | États-Unis | Budget | 55 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Biopic, Drame, Thriller | Durée | 2h 14 |
Capitaine Phillips retrace l’histoire vraie de la prise d’otages du navire de marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates somaliens. La relation qui s’instaure entre le capitaine Richard Phillips, commandant du bateau, et Muse, le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au cœur du récit. Les deux hommes sont inévitablement amenés à s’affronter lorsque Muse et son équipe s’attaquent au navire désarmé de Phillips. À plus de 230 kilomètres des côtes somaliennes, les deux camps vont se retrouver à la merci de forces qui les dépassent… |
Critique
Malgré la présence en tête d’affiche de Tom Hanks, j’avais bien du mal à avoir envie de voir Capitaine Phillips. À cause de deux choses. D’un, Tom Hanks, ça fait un moment qu’il n’a rien proposé de convaincant : Il n’est jamais trop tard ou le catastrophique Cloud Atlas malgré un second rôle marquant dans Extrêmement fort et incroyablement près. Mais bon, un acteur ne m’a jamais coupé l’envie de voir un film. C’est surtout l’autre point qui me dérangeait. Ayant vu le génial Hijacking sur le même thème, mon sens d’araignée (Spider-Man n’en a pas le monopole, noméo) faisait un boucan dans ma tête, me disant qu’on allait avoir grosso modo le même film à la sauce hollywoodienne avec un super-héros bien propre (et un peu torturé, histoire de coller à la mode). Conclusion, je me suis planté, et ça fait du bien…
Euh, non, je ne me suis pas planté, c’est mon sens d’araignée qui s’est planté. Nuance. Marvelll ne se trompe jamais, même quand il met deux chaussettes dépareillées parce qu’il ne s’est pas bien réveillé.
Là où Hijacking traitait de la piraterie avec deux points de vue géniaux, l’un du côté des otages, l’autre du côté de l’entreprise propriétaire du bateau piraté, Capitaine Phillips apporte un nouveau point de vue intéressant pour palier à l’absence de celle de l’entreprise : celle des pirates. Le montage est intelligent sur ce côté en commençant sur le début de l’expédition via les deux points de vues : celui de Rich Phillips et celui de Muse, le pirate somalien. Deux journées ordinaires, mais diamétralement opposées. Cela permet aussi d’apporter un peu d’humanité aux pirates en nous permettant de comprendre leur moteur au lieu de les diaboliser comme c’est souvent le cas dans ce genre de film. Sur ce point, Capitaine Phillips fait beaucoup penser à Hijacking. D’ailleurs, les ressemblances entre les deux films sont parfois troublantes.
Capitaine Phillips fait beaucoup penser à Hijacking.
Sauf que, là où Hijacking parlait de la difficulté des négociations, avec des pics de suspense vertigineux grâce à un montage impeccable, le capitaine Phillips devient vite une sorte John McLane, mais attention, on reste réaliste, histoire vraie oblige. C’est d’ailleurs le côté histoire vraie qui impressionne, car il en a fallu une sacrée paire au capitaine pour faire ce qu’il a fait. On ne peut pas s’empêcher de se demander si ce qu’il a fait était bien la bonne méthode. N’y a-t-il pas une ligne à suivre imposée par l’entreprise en cas de piratage afin de limiter les dégâts ? J’ai du mal à imaginer qu’on puisse demander à ses employés de prendre autant de risque sans s’attirer les foudres du droit du travail.
Le point fort de Capitaine Phillips concerne les acteurs qui jouent les pirates somaliens d’une justesse inouïe et véritablement captivants, voir même effrayants par moments. Tom Hanks avait des poids lourds en face de lui, et le voir n’en mener pas large est assez original dans le monde hollywoodien (surtout après Jason Bourne). M’enfin, à partir du moment où la marine débarque, l’affaire est vite bouclée. Quand j’ai vu les SEALS avec leurs biscotos à faire pâlir le Terminator et des fusils sniper que je serais incapable de porter sans l’aide d’un pote, je me suis dit : « Ben p’tain, c’est sûr que je m’frotterais pas à l’armée américaine ! ».
À ce moment-là, j’ai eu des flashs du film Négociateur avec Samuel L. Jackson et Kevin Spacey, le final « ça part en couilles » en moins. Je n’en dis pas plus. En plus de ça, j’ai été agréablement surpris de voir que le film n’est pas redondant comme pouvait l’être parfois Hijacking. Ça dure deux heures et quart, mais on ne les sent pas passer. Pas trop mal comme constat au vu du sujet.
Ben p’tain, c’est sûr que je m’frotterais pas à l’armée américaine !
Pour le reste, je vais tirer un coup de chapeau à la réalisation qui aura su jouer avec l’étroitesse des décors sans jamais demeurer illisible. On est parfois épaté par le fait qu’ils aient réussi à foutre une caméra malgré des salles toutes riquiqui. Heureusement qu’ils n’avaient pas décidé de faire le film en 3D, hein ? Un autre coup de chapeau au réalisme de l’ensemble surtout dû au fait de ne pas avoir décidé de tourner en studio. Ça donne au film ce petit cachet fort appréciable.
Pour finir, Tom Hanks est décidément un putain d’acteur. Dans la peau d’un monsieur Tout-le-monde confronté à un événement hors du commun, il arrive à communiquer des sentiments malgré des mouvements et des dialogues avares et m’a épaté sur la fin. On sentait dans ses yeux, la détresse, la peur et la panique. Il a réussi en peu de séquences à faire comprendre l’évolution psychologique de son personnage. Un truc que n’a pas réussi par exemple Sandra Bullock dans Gravity.
Conclusion
Sur un sujet rarissime au cinéma, Paul Greengrass livre un thriller solide porté par un souci de réalisme épatant et des acteurs de très haut niveau. |
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+ | – Histoire vraie, sérieux ? – Des acteurs convaincants – Le réalisme – Stressant |
– | – Hijacking est passé par-là |
8/10 |