27 ans plus tôt
Fiche
| Titre | Ça : Bienvenue à Derry | Titre VO | IT: Welcome to Derry |
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| Créateurs | Andy Muschietti, Barbara Muschietti, Jason Fuchs | ||
| Acteurs | Taylour Paige, Jovan Adepo, Chris Chalk, James Remar, Stephen Rider, Madeleine Stowe, Rudy Mancuso, Bill Skarsgård | ||
| Saison | 1 | Nombre d’épisodes | 8 |
| Date de sortie | 15 / 12 / 2025 | Durée | 54 à 68 mn |
| Genre | Drame, Fantastique, Horreur | Chaîne | HBO Max |
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Cette terrifiante série préquelle remonte à 1962 pour retracer les origines de l’entité meurtrière et métamorphe connue sous le nom de Pennywise. | |||
Critique
Et voilà, nous arrivons à la fin de l’incroyable année 2025 de Stephen King avec Ça : Bienvenue à Derry, série préquelle du diptyque Ça, où un clown sympathique nommé Grippe-Sou s’amuse à faire des blagues aux enfants. Ah là là, quel boute-en-train celui-là !
Retour à Derry, la boule au ventre
Plus sérieusement, j’avoue que, même si j’étais excité à l’idée de découvrir la série, je la craignais un peu. Déjà parce que l’idée d’explorer les origines d’un mythe est souvent décevante. Mais aussi parce qu’on retrouve Andy Muschietti à la réalisation, lui qui était déjà à ce poste sur les deux films. Pourquoi cette crainte ? Parce que, dans ma tête, j’attribue en partie l’excellence du premier film à Cary Joji Fukunaga, attaché au projet avant de le quitter pour des divergences artistiques (la New Line voulait un film plus commercial, tandis que Fukunaga souhaitait aller plus loin). Andy Muschietti est arrivé ensuite, et sur le second film — où Fukunaga n’est plus mentionné au scénario — la qualité baisse drastiquement.
Mais en tant que grand fan de l’œuvre de Stephen King, Ça : Bienvenue à Derry était un passage obligatoire. Il convient aussi de souligner qu’Andy Muschietti n’est pas showrunner : le poste est occupé par Jason Fuchs (Argylle) et Brad Caleb Kane (Warrior, Tokyo Vice). Il réalise tout de même quatre épisodes — les deux premiers et les deux derniers (le bâtard, il a pris les meilleurs).
Le yo-yo numérique
Je vais commencer en évacuant un gros point (qui a dit caca ?) qui m’a dérangé dans cette adaptation : les effets spéciaux. Comment est-il possible de faire autant le yo-yo entre le superbe et le dégueulasse ? Je sais qu’on parle du réalisateur de The Flash (2023 — qui a oublié ses immondes doublures numériques ?), mais quand même. Parfois, il vaudrait mieux rester discret plutôt que de mettre en avant des images numériques qui ne fonctionnent tout simplement pas.
L’exemple le plus frappant concerne le meilleur épisode de la saison : le septième, The Black Spot. Il contient un passage enflammé spectaculaire… sauf qu’ils ont misé à fond sur des fonds verts beaucoup trop visibles. Évidemment, impliquer un vrai feu aurait été extrêmement compliqué, mais il y avait sans doute moyen de faire mieux. J’ai également en tête les modélisations numériques de Ça lors des passages dans le passé.
Pour le reste, la série est bourrée de bonnes idées et, plus on avance, plus on comprend où elle veut nous emmener. Si les préquels ont tendance à m’agacer, ici, j’avoue qu’ils tiennent quelque chose. Le casting est très solide, notamment deux enfants qui crèvent totalement l’écran. Côté réalisation, on reste dans la lignée des films, avec des passages horrifiques très excitants, même si la peur pure est absente. On est davantage dans du blockbuster horrifique que dans une véritable expérience de terreur. D’ailleurs, il est amusant de constater que le passage le plus terrifiant de la série n’implique aucunement Ça, mais bien les hommes.
⚠️ Allez, spoilons maintenant ⚠️
Bienvenue dans le Macroverse
Dans l’œuvre de Stephen King, il est question du Macroverse. Une sorte de multivers au centre duquel se trouve une structure cosmique reliant tous les mondes et maintenant l’équilibre entre les réalités : la Tour Sombre. Les différentes œuvres de King sont ainsi liées entre elles même si elles ne se déroulent pas toujours dans le même univers. La série y fait d’ailleurs référence via la Tortue Maturin, et ce n’est pas la seule réf’.
Ainsi, si Bienvenue à Derry peut laisser certains croire que Ça est un simple alien à travers la séquence de son arrivée sur Terre, ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une entité cosmique démoniaque, une incarnation du mal primordial cherchant à détruire l’équilibre qui permet à la Tour Sombre de tenir. Le dernier épisode soulève un point excellent : la temporalité du métamorphe. Il ne vit pas le temps de manière linéaire. Mieux, il a conscience de sa mort de la main du fils de Marge et ses amis.
Une histoire d’amour inattendue
J’en profite pour faire une parenthèse sur les deux meilleurs personnages de la saison, que j’avais totalement sous-estimés au départ : Marge Truman et Rich Santos. La première semblait n’être qu’une fille insupportable, tandis que le second faisait figure de simple faire-valoir comique. Quelle claque j’ai prise en suivant leur évolution et leur histoire d’amour. Sortie de nulle part, leur trajectoire devient l’une des plus puissantes de la série et fait écho au « futur » à travers le personnage de Richie Tozier. Et puis bon… les trois bangers de Rich — son sacrifice au Black Spot, le doigt d’honneur en slow motion adressé à Ça et les funérailles — m’ont littéralement mis en PLS, les larmes coulant le long des joues. Marge, elle, n’a pas de moments « bangers » de même niveau (son attaque de Ça est tout de même mémorable), mais son évolution en fait à mes yeux le personnage le plus intéressant de la saison.
Revenons à cette histoire de temporalité. Elle offre à Bienvenue à Derry un intérêt supplémentaire en révélant que la série n’est pas seulement un préquel, mais aussi un séquel. On comprend alors que Ça n’est pas « mort » en 2016. Dès lors, les deux saisons suivantes prévues — qui reculeront de 27 ans à chaque fois — prennent un intérêt totalement inattendu, façon Terminator : et si Ça tuait les ancêtres de ceux qui l’ont « tué » ? Autant dire que je suis désormais totalement excité à l’idée de découvrir la suite.
Dick Halloran
Parmi les bonnes idées de la série, je tiens à souligner les nombreuses références aux autres œuvres de Stephen King. Notamment, l’approfondissement du personnage de Dick Halloran, le célèbre chef cuisinier de l’hôtel Overlook dans Shining, aussi mentionné dans le roman Ça. J’ai adoré l’idée de tuer la majorité des membres du premier groupe — un sacré choc que chaque premier épisode d’une série doit avoir.
Je suis en revanche moins convaincu par l’implication des militaires, car je la trouve gérée de manière un peu bancale. La partie avec les autochtones me paraît également peu convaincante, même si elle pourrait être améliorée dans la suite (si elle se fait, mais le contraire serait étonnant), vu qu’on reculera de 27 ans.
Le retour du roi (clown)
Quant aux origines du « costume » de Grippe-Sou, l’idée de la fille aux fils du cerveau déconnectés est sympathique (le flash-back en noir et blanc est génial). Il manque toutefois quelque chose, mais j’imagine que ce point sera encore approfondi dans les prochaines saisons, si elles voient le jour. Et comment ne pas vibrer devant la dernière scène, du pur fan service (seulement ?) impliquant le meilleur personnage des deux films ?
Pour finir, quel kif de retrouver Bill Skarsgård. Le « fils de » et « frère de » est toujours aussi génial dans ce rôle. J’ai beaucoup aimé le fait que la série mette bien en avant l’aspect métamorphe de la créature. Ah, et mention spéciale pour le générique, tout simplement excellent.
Par Christophe Menat vraiment pressé de découvrir la saison 2.
Conclusion
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Ça : Bienvenue à Derry n’est pas exempte de défauts, loin de là, mais elle réussit l’essentiel : enrichir le mythe sans le trahir. Entre ses idées narratives audacieuses, ses personnages marquants et ses connexions assumées au Macroverse, la série dépasse le simple statut de préquelle opportuniste. Malgré des effets spéciaux inégaux et quelques arcs maladroits, je ressors clairement conquis et surtout curieux de découvrir jusqu’où la série peut aller. |
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| 8/10 | |