La Magnifique
Fiche
Titre | Argylle | Titre VO | – |
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Réalisateur | Matthew Vaughn | Scénariste | Jason Fuchs |
Acteurs | Henry Cavill, Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, Bryan Cranston, Catherine O’Hara, John Cena, Samuel L. Jackson, Dua Lipa, Ariana DeBose, Sofia Boutella, Richard E. Grant | ||
Date de sortie | 31 / 01 / 2024 | Durée | 2h 19 |
Genre | Action, Comédie, Thriller | Budget | 200 000 000 $ |
Un romancier d’espionnage introverti est entraîné dans les activités d’un sinistre syndicat clandestin.
Critique
Avec Matthew Vaughn, on sait qu’on va s’éclater. Ce n’est peut-être pas toujours maîtrisé, mais la générosité répond à l’appel comme un premier de la classe quand sa maîtresse dit son prénom. Malgré tout, je ne vais pas mentir et avouer que j’ai longtemps hésité avant d’aller voir Argylle. La faute à un mauvais retour de la presse (33 % sur Rotten Tomatoes) combiné à un box-office désastreux : 35 millions de dollars dans le monde entier pour son premier week-end. La douche est froide quand on regarde le budget. Heureusement qu’Apple est passé par là en posant une petite valise contenant 200 millions pour les droits de distribution.
Bah du coup, Matthew Vaughn s’est complètement vautré sur ce coup, non ?
Un film pas comme les autres
Après avoir vu le film, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ceux qui reprochent à Hollywood de manquer d’audace. Le problème, c’est que lorsqu’ils tentent de le faire, cela donne régulièrement un flop pécunier à l’arrivée. Argylle est une nouvelle preuve à ajouter à la longue liste.
D’autant plus navrant avec l’idée de ne pas vouloir montrer les nombreuses surprises du film. Au contraire, ici, le marketing induit en erreur. Naturellement, certains vont crier, très fort, au scandale. Mais la magie du cinéma n’est-elle pas d’être surpris au lieu de regarder un film balisé du début jusqu’à la fin ? Ce que n’est pas Argylle au bout du compte. Non, mais clairement, c’est à souligner : la bande-annonce est loin, mais loin, de tout montrer.
L’histoire d’Argylle a de très nombreuses influences que je ne citerais pas pour ne pas spoiler et arrive à offrir un melting-pot très réussi où les surprises ne sortent jamais de nulle part. Au contraire, quelques indices sont lâchés en amont. Quoi qu’il en soit, j’ai bien kiffé le voyage.
Un ballet d’action
Au niveau de la réalisation, je vous le dis, ça commence très mal avec une scène d’action incroyablement laide au niveau des effets numériques. On comprend l’idée de faire de la surenchère, mais là, c’est beaucoup trop et, surtout, le rendu est dégueulasse malgré le budget confortable. Heureusement, la suite offrira des scènes d’action totalement folles. Phénomène rare, j’en retiens trois dont deux sont même de vrais coups de cœur. Il faut dire que Vaughn sait y faire. Seul regret à ce jeu, le côté tout public. L’absence totale de sang amoindrit l’impact des gunfights et c’est bien dommage ! J’espère, sans grand espoir, une version non censurée à venir…
Rayon casting, à ma grande surprise, le duo Bryce Dallas Howard et Sam Rockwell volent la vedette à tout le monde et livrent une prestation maîtrisée entre humour et émotion. Non là, j’ai été sur le cul… Bon ok, on sait que Sam Rockwell est vraiment très bon, mais là, Bryce Dallas Howard m’a bluffée.
Maintenant, nous allons entrer dans la partie où je vais divulgâcher. Et j’insiste, ne lisez cette partie qu’après avoir vu le film, sinon vous allez vous gâcher la séance comme on m’avait gâché la mienne avec Le Sixième Sens où le « twist » m’avait été révélé.
Je répète, à ne lire qu’après avoir vu Argylle.
J’insiste.
Vraiment.
Allez, c’est parti.
Twists à gogo
Attention, cette partie contient des spoilers.
J’ai adoré l’intelligence du récit qui multiplie les retournements de situation tout en restant incroyablement fluide. En effet, les retournements de situation ne sortent jamais de nulle part et les explications, jamais lourdes, coulent de source. Excellente idée d’avoir choisi Catherine O’Hara pour jouer la mère d’Elly Conway. Elle est tellement associée à la maman de Kevin, dans Maman, j’ai raté l’avion (1990), que jamais je ne l’aurais soupçonnée. Quant au deuxième retournement de situation concernant Elly, je me suis totalement fait avoir par la mise en scène. J’ai trouvé ça très malin, car ça fait appel à une habitude cinématographique : le coéquipier se révélant être un traître.
Pour les fameuses scènes d’action. Tout d’abord, la scène de bagarre dans le train. J’ai été bluffé par la mise en scène arrivant brillamment à saisir le POV d’Elly pour combiner avec brio (et beaucoup d’humour) la réalité (Sam Rockwell) et le « fantasme » (Henry Cavill) – dans la bande-annonce, seul Rockwell est montré. Les deux autres, il ne faudra pas chercher loin, ce sont tout simplement le ballet sous les balles d’Elly avec son grand amour et le patinage pétrolier. Deux scènes totalement dingues et j’adore ça !
Pour finir, le casting est vraiment excellent, mais c’est le duo Howard et Rockwell qui m’a totalement eu. Je ne m’attendais à rien et je suis totalement tombé sous le charme de ce couple inattendu. J’espère vraiment les retrouver par la suite.
Le chat de Claudia Schiffer
Rayon anecdotes, il y en a des jolies. Le nom « Argylle » est un hommage au chauffeur de limousine dans Die Hard (1988). Le chat d’Elly Conway est joué par Chip, le chat de l’épouse de Matthew Vaughn, une certaine Claudia Schiffer. J’étais scié en apprenant qu’il s’est marié avec l’une des plus belles femmes du monde. Pour rester dans le thème du chat, comme Brie Larson, Henry Cavill est allergique aux chats.
Il y a une référence à la culture populaire que j’ai beaucoup aimée, mais je ne sais pas si c’est fait exprès. À un moment, alors qu’Elly Conway s’apprête à courir, elle prend le soin de retirer ses talons. Dédicace à Jurassic World (2015).
Pour finir, l’anecdote Kingsman. Ou plutôt The King’s Man, comme le nom de ce pub, qui apparaît durant la scène mid-générique. Cela fait partie de la volonté de Matthew Vaughn d’installer un univers cinématographique Marvel, mais version espion. Curieux de voir ce que le final va donner avec le « vrai » Argylle (celui au mulet ?) et cette scène mid-générique, 20 ans dans le passé.
Par Christophe Menat espérant que le flop au box-office ne va pas menacer la suite des plans de Vaughn.
Conclusion
Ne vous fiez pas à sa note Rotten Tomatoes, à son mauvais box-office ou encore à sa bande-annonce, Argylle est la nouvelle bombe signée Matthew Vaughn. Malgré quelques fautes de goût, le réalisateur livre à nouveau une orgie de scènes d’action mémorables avec un casting de choix mené par un duo attachant. Il ne me reste plus qu’une chose à vous dire : si vous avez envie d’être totalement pris par surprise par un film, allez le voir en laissant vos idées préconçues à l’entrée de la salle. |
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8/10 |