Fiche
D’après la pièce de théatre de Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels | |
Titre | Alabama Monroe |
---|---|
Réalisateur | Felix Van Groeningen |
Scénaristes | Carl Joos, Felix Van Groeningen |
Acteurs | Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattrysse, Geert Van Rampelberg |
Titre original | The Broken Circle Breakdown | Date de sortie | 28 août 2013 |
---|---|---|---|
Pays | Belgique | Budget | – |
Genre | Drame, Musical, Romance | Durée | 1h 52 |
Didier et Élise vivent une histoire d’amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle… |
Critique
Attention, chef d’oeuvre. Et si le meilleur film de l’année venait de Belgique?
Je ne savais pas trop quoi à m’attendre avec Alabama Monroe. Un film musical? Une histoire d’amour? Un drame? Finalement, ce sera tout ça. Alabama Monroe est une œuvre qui m’a frappé et m’a accroché comme jamais. Je n’avais pas subi autant d’intensité dramatique et romantique depuis Blue Valentine… Alabama Monroe m’a fait pleurer, non pas une fois, ni deux fois mais tellement de fois que j’ai arrêté de compter.
Elise aime Didier, Didier aime Elise et de cette union naît Maybelle. Mais la vie, cette salope, s’en charge de la pire des manières en enlevant leur enfant. Oh… encore un de ces films mélos, clichés et casse-bonbon? Pas du tout, Alabama Monroe surprend par sa pudeur et son réalisme via des personnages magnifiques et terriblement proches de nous. Ils aiment, ils détestent, ils s’engueulent, ils sont désemparés face au plus grand combat de leur vie. Et avec eux, ils nous emmènent pour un voyage dont on ne reviendra pas complètement. Alabama Monroe s’inscrira au plus profond de notre âme et fera partie de ces films auxquels on y pense lors des plus grandes étapes de notre vie.
« Elise aime Didier, Didier aime Elise et de cette union naît Maybelle. Mais la vie, cette salope, s’en charge de la pire des manières en enlevant leur enfant. »
Johan Heldenbergh incarne Didier. Il est un de ces personnages terriblement crédibles et surtout attachants. Ceux pour lesquels on ressent vite de l’empathie. A noter que Johan Heldenbergh a aussi co-écrit la pièce de théâtre dont le film de Felix Van Groeningen est l’adaptation, ce qui explique pourquoi il réussit si bien à incarner son personnage. L’auteur doit sans doute avoir puisé dans sa personnalité pour son personnage.
Veerle Baetens incarne Elise. Elle est de ces créatures qui fascinent les hommes et les envoûtent. Il ne lui faut pas longtemps avant de ravir notre cœur. Juste le temps pour lui permettre d’enfiler un bikini et de grimper sur le capot d’un véhicule. Voilà nous sommes foutus. Et si seulement, ça s’arrêtait là. Car son immense talent lui permet aussi de nous émouvoir jusqu’aux larmes. Une grande actrice est née.
Nell Cattrysse incarne Maybelle. Cette pauvre enfant attaquée par le cancer. Elle l’incarne à la perfection allant jusqu’à perdre ses cheveux pour un portrait glaçant du crabe chez les enfants. Elle nous offre aussi une des plus belles scènes du film lors de sa première rencontre face à la mort. Jamais on n’oubliera Maybelle!
Trois magnifiques acteurs, il ne restait plus qu’à Felix Van Groeningen à accoucher d’une belle réalisation et c’est fait avec une de ces vigueurs qui fera des envieux dans la profession. Déstructuré, Alabama Monroe ne respecte pas de chronologie temporelle, à la manière de Blue Valentine justement. Seulement là où le film de Derek Cianfrance respectait une certaine logique temporelle (on suivait dans l’ordre les histoires de la rencontre et de la séparation même si elles se confondaient), celui de Felix Van Groeningen n’en a pas. Il vogue au gré des sentiments amenant un impact émotionnel encore plus puissant. Un modèle de montage! Surtout qu’aucun maquillage, ni filtre ne sont employés pour différencier le passé du futur.
« Les musiques s’enchaînent et se mêlent à l’intrigue faisant outrepasser à l’histoire de Didier et Elise son statut de simple drame, il devient alors un chef d’oeuvre! »
Parlons aussi du soin apporté à l’écriture qui aborde des thèmes aussi universels que difficiles: l’amour, la mort et la religion. C’est le monologue rageur de Didier qui va marquer le spectateur en invectivant la religion (et les cons) des maux du monde moderne. Un discours poignant contrebalançant celui de Bush, oui le président de cette Amérique qu’idolâtrait Didier et le porte-parole des « cons » de Didier. Pour parachever le tout, Alabama Monroe se dote d’une bande son à tomber raide par terre. Les musiques s’enchaînent et se mêlent à l’intrigue faisant outrepasser à l’histoire de Didier et Elise son statut de simple drame, il devient alors un chef d’œuvre!
On pourrait même essayer de critiquer la volonté « marketing » de changer le très beau titre original The Broken Circle Breakdown en un simple Alabama Monroe mais même cette tentative sera veine car pour une fois, le titre remanié est encore plus beau que l’original mais seulement après avoir vu le film et son dernier plan… Alabama Monroe.
Conclusion
Alabama Monroe, deux mots qui flottent en nous. Alabama Monroe, l’histoire d’un amour que la vie a brisée. Un des meilleurs films de 2013. |
|||
+ | – beau – émouvant – romantique – tragique – des acteurs géniaux – montage impeccable – musique |
– | – faut être prêt à chialer ! |
10/10 |