Critique : Abigail

Mine de rien, le premier film que j’ai vu du duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett remonte à dix ans. C’était The Baby (2014). Une grosse daube ayant coupé court à toute envie de suivre leur carrière. Du coup, elle s’est faite loin de mon radar et ne semble pas avoir déconné avec les estimés Wedding Nightmare (2019), Scream (2022) et Scream VI (2023). J’ai juste tenté le Scream de 2022 et n’ai pas été spécialement convaincu, mais c’était déjà mieux que cette horreur avec un bébé. Au passage, l’autre point commun entre tous ces films est la présence du scénariste Guy Busick. Bref, on ne change pas une équipe qui gagne.

Pour le film du jour, le pitch de départ est prometteur. En gros, tu as Gus Fring qui réunit une équipe pour kidnapper la fille d’un milliardaire afin de récupérer de l’argent par le biais classique (mais rarement efficace au cinéma) du chantage financier. Bref, un bon plan sur papier. Sauf que tout ne va, évidemment, pas se dérouler comme prévu pour notre plus grand plaisir.

Comment composer avec le marketing ?

Le gros souci d’Abigail, c’est que son « twist » est dévoilé par le synopsis, l’affiche et la bande-annonce. Difficile donc le louper. Seulement, au visionnage, il faut attendre gentiment un sacré moment avant d’y arriver. Du coup, on se tape tout le passage où les personnages s’interrogent sur le pourquoi du comment. Assez relou. Après, à la place de l’équipe du film, c’est compliqué quand même. D’un côté, il y a l’idée de faire monter la sauce afin de choquer le (rare ?) spectateur pas au courant. De l’autre, on est quand même dans une société où le smartphone connecté au net règne en maître.

Bref, ce passage sera le moyen de faire connaissance avec l’équipe. Pour le coup, je trouve qu’ils ont réuni un joli casting. Les personnages sont creux et clichés, mais leurs interprètes apportent suffisamment de charisme pour qu’ils soient, au minimum, consistants. Avec une mention spéciale pour Dan Stevens et surtout la géniale Alisha Weir dans le rôle d’Abigail. Ce n’est pas surpris que j’aie lu que les réalisateurs étaient si impressionnés par les danses de Weir qu’ils ont ajouté d’autres séquences de danse. Il faut dire que la gamine se débrouille super bien et tire largement le film vers le haut. Surtout combiné avec une partie horrifique très généreuse en hémoglobine mettant le long-métrage du jour entre un épisode d’Evil Dead et Blade premier du nom. Par contre, zéro frayeur ici. On est sur de l’horreur décomplexée et fun.

Problème, en contrepartie, on doit se taper une héroïne, celle incarnée par Melissa Barrera, insupportable cumulant tous les pires clichés du genre. La méchante pas si méchante parce que poursuivie par ses démons avec l’arrogance totalement débile qui va bien. Le fond du panier est atteint avec un final nanardesque dont je me demande encore comment on peut faire une telle sortie de route. Dommage.