Mad Mel fait son Starship Troopers
Fiche
Titre | Tu ne tueras point | Titre VO | Hacksaw Ridge |
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Réalisateur | Mel Gibson | Scénaristes | Robert Schenkkan, Andrew Knight |
Acteurs | Andrew Garfield, Teresa Palmer, Sam Worthington, Vince Vaughn, Luke Bracey, Hugo Weaving | ||
Date de sortie | 09 / 11 / 2016 | Durée | 2h 11 |
Genre | Biopic, Drame, Guerre | Budget | 45 000 000 $ |
Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, Desmond, un jeune américain, s’est retrouvé confronté à un dilemme : comme n’importe lequel de ses compatriotes, il voulait servir son pays, mais la violence était incompatible avec ses croyances et ses principes moraux. Il s’opposait ne serait-ce qu’à tenir une arme et refusait d’autant plus de tuer. |
Critique
Quand Mad Mel revient à la réalisation, je suis le premier à m’enthousiasmer. Même si j’avais été déçu par son Apocalypto, car j’avais adoré Braveheart et La Passion du Christ. Avec Tu ne tueras point (pour une fois que je préfère le titre français à l’original, je tiens à le souligner), Mel Gibson signe un biopic sur une histoire vraie assez invraisemblable.
Tout d’abord, je vous encourage très fortement à éviter le visionnage de la bande-annonce. Elle est magnifique, épique et fout des frissons, mais elle spoile tout en étant littéralement un résumé du film entier. Dès lors, ma projection s’est déroulée sans aucune surprise si ce n’est la prestation monstrueuse d’Hugo Weaving.
L’acteur mémorable pour ses rôles dans trois des plus grandes sagas cinématographiques (Matrix, Le Seigneur des Anneaux, Marvel Cinematic Universe) livre une prestation habitée. Le mec semblait réellement sortir de la Grande Guerre. Il est sans hésiter le meilleur acteur de Tu ne tueras point. Loin devant Andrew Garfield et tous ses camarades.
Un héros atteint du syndrome Superman
L’ancien Spider-Man n’est pas mauvais. Loin de là. Mais sa composition n’a pas réussi à m’accrocher. Son personnage est intéressant, mais si humble qu’il devient inexorablement fade malgré ses exploits. C’est la même tare qu’un Superman ou un Captain America de l’âge d’or des comics. Des personnages portés par une conviction inébranlable entraînant un manque cruel de profondeur.
Après, c’est un point assez difficile à critiquer, car nous sommes ici dans un biopic donc on ne peut pas changer la nature du héros pour cadrer avec une œuvre cinématographique. Néanmoins, ça n’empêche pas qu’Andrew Garfield n’a pas réussi à me marquer durant les passages où le héros doute.
La guerre, la vraie. Celle dont on n’en ressort pas comme avant.
La troisième et dernière partie est une claque dans la gueule. Elle touche au sommet du genre, à côté d’Il faut sauver le soldat Ryan, en livrant des visions d’une guerre donnant sincèrement envie de partir en courant. C’est le premier film à ma connaissance avec celui de Steven Spielberg qui dégoûte totalement de la guerre. Dans la plupart des autres films, le côté bravoure est tellement mis en avant et les corps qui tombent au combat sont si simulés qu’on en ressort avec l’envie d’y aller pour devenir un héros.
Tu ne tueras point enterre ces velléités de gloire à dix mille lieues sous terre. Fidèle à sa réputation, Mel Gibson livre des magnifiques plans cauchemardesques donnant l’impression d’être dans un film d’horreur. Corps découpé en deux. Balle qui ravage un visage. Viscères qui dégoulinent. Jambe arrachée gisant abandonnée sur le champ de bataille.
Le réalisateur Mad ne nous épargne rien. C’est la guerre qui prend vie à l’écran. Une partie dont on en ressort éprouvé. Plus surprenant, le film vire même un temps au survival n’ayant rien à renier aux classiques de l’horreur. Comme quoi, et contrairement à beaucoup de réalisateurs, pour Mel Gibson, l’horreur et la guerre sont indissociables et il a bien raison. Puissant.
Moins violent qu’un Marvel ?
C’est d’autant plus drôle quand on apprend que l’ancien interprète de Mad Max considère que les films Marvel sont plus violents que les siens… Un joli troll quand même. Car s’il n’a pas tort sur papier, à l’écran, ses films sont bien plus gores. Sa violence est ainsi plus traumatisante. On est dans un truc qui fait mal et Mel nous prend la tête pour nous forcer à regarder le côté sale de la guerre.
Par Christophe Menat qui a l’impression de revenir de la guerre (toute proportion gardée), le10 novembre 2016.
Conclusion
Après une première partie classique (presque trop), mais marquée par un entraînement hilarant, Tu ne tueras point s’envole vers des sommets en livrant une vision de la guerre qui prend aux tripes. Avant que ces dernières ne soient arrachées pour être déversées sur le sol. Avec Mad Mel, la guerre semble réelle. Au point qu’on perd l’envie de triompher sur le champ de bataille au bénéfice de celle encourageant la fuite. Un film puissant à ne pas en douter.
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8/10 |