Critique : 007 Spectre

« Vous êtes un cerf-volant qui danse dans un ouragan, M. Bond. »

Fiche

Titre 007 Spectre
Réalisateur Sam Mendes
Scénaristes John Logan, Neal Purvis, Robert Wade, Jez Butterworth
Acteurs Daniel Craig, Monica Bellucci, Léa Seydoux, Christoph Waltz, Ralph Fiennes, Dave Bautista, Andrew Scott, Naomie Harris, Ben Whishaw, Stephanie Sigman, Rory Kinnear
Titre original Spectre Date de sortie 11 / 11 / 2015
Pays États-Unis, Royaume-Uni Budget 245 000 000 $
Genre Action, Aventure, Espionnage, Thriller Durée 2h 28

Un message cryptique venu tout droit de son passé pousse Bond à enquêter sur une sinistre organisation. Alors que M affronte une tempête politique pour que les services secrets puissent continuer à opérer, Bond s’échine à révéler la terrible vérité derrière… le Spectre.

Photo du film Spectre avec Daniel Craig, Dave Bautista et Léa Seydoux
« Drax aime beaucoup ton costume. Drax veut l’essayer. »

Critique

Skyfall. Même si, GoldenEye reste à mes yeux la référence absolue, Skyfall avait réussi à m’emmener vers des sommets cinématographiques les cieux. Au point de le considérer comme l’un des meilleurs James Bond. Avec Spectre, on devrait transpercer le ciel et s’approcher du soleil. Mais le récit d’Icare est là pour nous rappeler la dangerosité d’une telle démarche.

On avait longtemps parlé de ce générique d’ouverture à Mexico où 1 520 figurants ont été impliqués. On avait parlé du record inscrit dans le Livre Guinness des Records avec la plus grosse explosion du monde (8418 litres de combustible et 33 kilos d’explosifs). On avait parlé de ce fameux retour aux sources, celui aux James Bond old school. On avait parlé du monstrueux budget : 300 millions de dollars. Surtout, Daniel Craig avait posé la cerise sur le gâteau en affirmant : « Spectre, c’est Skyfall puissance 10. ». Spectre devait donc être la quintessence de cette année riche en espionnage : Kingsman: Services Secrets, Spy, Mission Impossible: Rogue Nation et Agents très spéciaux: Code U.N.C.L.E..

C’est alors que les ailes ont brûlé. À trop vouloir s’approcher du soleil, Spectre s’est cramé la gueule. Le nouveau Sam Mendes a provoqué chez moi avant tout chose la déception. Une déception réellement palpable. Si forte que je ne me rappelle pas de la dernière fois que j’ai été aussi déçu. En fait, si, c’était Sucker Punch, mais ça ne fait pas aussi dramatique, donc faites comme si je ne l’avais pas dit.

Dure est la chute depuis le ciel

Déjà, cette fameuse scène d’ouverture… Euh… C’est une blague ? Certes, il y a beaucoup, beaucoup de figurants, mais il n’y a que ça. La cascade à bord d’hélicoptère n’a rien d’original et en plus, utilisation de FX foireuse. Le seul passage qui m’a vraiment marqué : la cascade où James tombe sur un canapé en mode « ben dis donc, j’ai vraiment du cul, je dois sûrement être un héros de film d’action ». Cette séquence indique l’amorce de cette volonté de revenir aux sources.

Un objectif tout à fait louable et que j’encourage de mes deux mains. Sauf que… Si un vieux James Bond sortait de nos jours, il serait incroyablement ringard. Démodé, comme papy et sa collection de voitures miniatures. Si les vieux sont toujours efficaces, c’est grâce à leur côté vintage. Je peux paraître prétentieux à l’affirmer aussi fort, mais c’est la leçon que j’ai tiré du visionnage. Néanmoins, il y a un bémol à ce que je dis : Kingsman l’avait pourtant fait. Dès lors, le mal se cache peut-être ailleurs ?

Pour ma part, le coupable est tout trouvé. Daniel Craig. Si le choix de l’acteur convenait parfaitement pour le James Bond 2.0, ce n’est pas le cas pour le James Bond 1.0. Quand le James aux yeux bleus tente de charmer ses prétendantes, un malaise s’installe. Je ne l’ai pas trouvé convaincant… Du tout. On dirait qu’il est en train de parodier le James de Sean Connery au Saturday Night Live. Il n’a pas ce côté charmeur, et c’est justement ce qui rendait son 007 intéressant, son côté brut. En conclusion, il a raté sa mue. La chenille s’est transformée en papillon déformé.

Ce n’est pas non plus le seul défaut de Spectre. Si l’intronisation de l’organisation maléfique est très réussie, notamment avec la fabuleuse séquence à Rome où on la découvre toute entière. Au final, ça reste formaté. Aucune surprise. Vraiment, aucune surprise. Tout est prévisible de A à Z. On retombe même dans les vieux travers : le fameux méchant qui dévoile son plan machiavélique avant de se faire humilier par le héros. Quelle ringardise. Et c’est pourtant ce qui apparaît à l’écran. Jamais, James ne semble être inquiété, même aux portes de la mort. James est redevenu Bond. Il est invincible. Toute tension disparaît. Les évènements s’enchaînent sans suspense. C’est alors que, à la moitié du film, j’ai posé mon coude sur l’accoudoir pour permettre à ma main de servir d’assise à ma tête. Je ne croyais pas le dire, mais je me suis emmerdé devant Spectre.

Une aventure démodée dénuée de tout suspense

En James Bond Villain, on retrouve Christoph Waltz. J’ai beau aimer l’acteur, mais il n’a pas la carrure de son personnage, même si paradoxalement, il en a le physique. Ce dernier ne provoque jamais l’inquiétude chez James Bond (contrairement à M. Hinx), par extension, il n’en a pas provoqué chez moi. Ça revient aussi à ce que je disais tout à l’heure : le personnage est une caricature des vilains à l’ancienne. Il est donc pitoyable.

En James Bond Girl, on dispose de Monica Belluci et Léa Seydoux. La première ne sert à rien. La seconde, à peine. Elles font partie des James Bond Girls les moins passionnantes. Pourtant, elle jacte, la Léa Seydoux, mais, c’est (trop) doux. Oh, le jeu de mots pourris. Je l’assume, car il correspond vraiment à l’avis que je me fais de la prestation de l’actrice. Elle aboie, mais ne mord jamais.

Il y a quand même des points forts. Déjà, la réalisation et cet envoutant générique. On est presque au niveau de Skyfall. L’utilisation de Drax le Destructeur en successeur de Requin. L’une des rares satisfactions de cet épisode. Malgré tout, Le Chiffre et Silva restent au-dessus. Le truc que je retiendrais de Spectre restera à tout jamais cette superbe réplique : « Vous êtes un cerf-volant qui danse dans un ouragan, M. Bond. ». Ça reste quand même largement insuffisant pour ce qui aurait dû être l’apothéose du 007 de Daniel Craig.

Par Christophe Menat complètement abattu, le .

Photo du film Spectre avec Daniel Craig et Ben Whishaw
Le plan ringard absolu : les autocollants sur le PC pour symboliser le geek…

Conclusion

Il était parti pour être un des meilleurs de la saga. Il n’en est qu’un épisode de plus. L’objectif premier est pourtant recommandable : au lieu de confirmer sur les acquis du magnifique Skyfall, Spectre tente de faire évoluer James Bond. Mais au final, il le fait régresser en le plongeant des décennies en arrière. Le film ne provoque ni nostalgie, ni tension, ni étonnement, ni surprise, ni spectacle et se paye le luxe d’être ringard. Spectre est une aventure désespérément creuse. Un 007 mineur. Carrément, le moins bon de Daniel Craig après Quantum of Solace.

+

  • Tenter de boucler la boucle en transformant James Bond en « vrai » James Bond
  • Réalisation toujours aussi inspirée
  • Générique d’ouverture
  • Le mystère autour de Spectre dans la première partie

  • Daniel Craig n’est pas du tout convaincant en « vrai » James Bond
  • Scènes d’action aucunement spectaculaires et respirant le déjà vu permanent
  • Le méchant incarné par Christoph Waltz devient ringard, une fois le mystère dévoilé
  • Récit s’étirant en longueur
5/10
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