Critique : The Spectacular Now

Retour dans l’adolescence

Fiche

D’après le roman de Tim Tharp
Titre The Spectacular Now
Réalisateur James Ponsoldt
Scénaristes Scott Neustadter, Michael H. Weber
Acteurs Miles Teller, Shailene Woodley, Brie Larson, Kyle Chandler, Bob Odenkirk, Mary Elizabeth Winstead
Titre original Date de sortie 8 janvier 2014
Pays États-Unis Budget 2 500 000 $
Genre Comédie, Drame Durée 1h 35

Sutter est un adolescent brillant, drôle, charmant… et très porté sur la boisson. Son quotidien est chamboulé par sa rencontre avec la timide Aimee, une jeune femme totalement différente de lui.

Photo de The Spectacular Now avec Miles Teller
« Ah bon, je ne suis pas dans le reboot d’American Pie ? »

Critique

Sorti en catimini sur nos écrans, The Spectacular Now avait attisé ma curiosité grâce au buzz au festival de Sundance où les deux acteurs principaux, Shailene Woodley et Miles Teller, sont repartis avec le Prix Special du Jury et surtout l’affiche proclamant « par les scénaristes de (500) jours ensemble », magnifique comédie romantique avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel. Sans ces deux faits, aucune chance que je sois allé voir le film, et ce serait dommage.

Commençons par le commencement. Je tiens peut-être avec The Spectacular Now, mon film de l’année 2014. Je sais que je m’avance beaucoup (nous ne sommes qu’à la deuxième semaine cinématographique de l’année), mais parfois, il est de ces films dont tu sais qu’ils seront inscrits au fer rouge dans ta filmographie comme l’avait fait pour moi Alabama Monroe l’année dernière. Pourtant difficile de prévoir le choc.

Une des plus belles histoires d’amour au cinéma couplée avec une plongée dans l’adolescence.

James Ponsoldt signe avec The Spectacular Now son troisième film après Off the Black avec Nick Nolte (pas vu) et Smashed avec Aaron « Breaking Bad » Paul et Mary Elizabeth Winstead (immortelle Ramona Flowers de Scott Pilgrim). J’avais trouvé ce dernier plutôt moyen en dépit des excellents acteurs. Le réalisateur adapte pour la première fois un scénario dont il n’a pas participé à l’écriture. Il faut tout de même dire qu’on peut faire confiance au duo Scott Neustadter/Michael H. Weber qui avait réussi à bouleverser les codes de la comédie romantique avec (500) jours ensemble. Cette fois-ci, ils s’attaquent à la comédie romantique d’ados, un genre maintes fois éprouvé mais rarement notables car accouchant souvent d’un truc ringard et déjà dépassé ne devant parfois leur survie qu’à la fascination (incompréhensible pour ma part) des adolescentes pour l’acteur principal. Dans mes souvenirs, je n’arrive à déterrer que Le Péril Jeune de Cédric Klapisch et The Breakfast Club du regretté John Hughes. Je peux désormais ajouter le film du jour à cette liste très restreinte.

Contrairement à ce que laisse penser le titre du film, rien de spectaculaire à attendre… Juste une plongée dans l’adolescence telle que je l’ai connu. Une adolescence sans paillette, sans bombasse avec une décolleté d’actrice porno, ni de beau gosse semblant s’être échappé de la salle de fitness de Schwarzy. Une adolescence où nous sommes en proie à des questions existentielles sur la vie que nous devons mener et surtout sur l’amour. La grande surprise est de voir le traitement de l’alcoolisme, sujet déjà traité dans Smashed, mais cette fois-ci chez les adolescents. Un sujet vraiment dans le vent tant les cas se multiplient mais pourtant si rare au cinéma (je n’ai en tout cas pas souvenir). James Ponsoldt l’introduit en toute discrétion dans une ouverture typiquement comédie hollywoodienne : beau gosse racontant ses délires et ses méga party sur une narration en voix off. C’est toute l’intelligence de la chose, nous emmener vers un chemin qu’on croit avoir déjà vu pour mieux nous reprendre en nous disant : « tu viens de voir le truc cool de l’adolescence comme Hollywood adore faire, mais moi je préfère te montrer la réalité, l’envers du décor où tu pourras retrouver un peu de ta propre expérience ».

La rupture de ton est magique : le héros, ivre mort sur une pelouse, est réveillé par Aimee Finicky (Shailene Woodley). Un plan simple, n’ayant rien d’extraordinaire, mais déjà le charme opère. Shailene Woodley, révélation de The Descendants avec George Clooney, n’a rien d’une bombe. Avec son physique plutôt banal, sa coiffure ringarde, une peau irrégulière, c’est le genre de fille qu’on aurait pu croiser à notre lycée. Par contre, elle a un magnifique sourire. Ceux pour lesquels, nous les garçons, sommes capables de faire les pires bêtises du monde pour la joie de le voir s’afficher sur le visage de notre amoureuse. Ce plan marque le début d’un changement de ton pour une love story d’une rare justesse m’ayant donné l’impression de revivre une nouvelle fois mon adolescence. Cette période où l’amour était rarement calculé, innocent et surtout où il était une découverte.

En écrivant cette critique, j’ai essayé de me raisonner en me disant que je m’enflamme, mais je n’y suis pas arrivé et je n’y arrive toujours pas…

Si l’histoire d’amour marche aussi bien, c’est surtout grâce à l’alchimie Shailene Woodley/Miles Teller (attraction du Rabbit Hole avec Nicole Kidman). Une alchimie d’une telle pureté et évidence que des rumeurs existent sur une vraie relation amoureuse entre les deux acteurs dans la vraie vie. C’est tellement beau et sincère que ces deux-là ont fini par me contaminer me donnant l’impression de vivre cet amour avec eux. C’est très rare. D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai vécu ça qu’avec cinq films : Titanic, Blue Valentine, Alabama Monroe, Méprise multiple et justement (500) jours ensemble. Une performance majeure donc. Et je proclame un grand merci, car c’est tellement rare de vivre de telles émotions au cinéma.

Et ce n’est pas fini… Comme je l’ai dit au-dessus, l’alcoolisme est aussi abordé. Touchant le personnage principal, Sutter (Miles Teller), cette dérive marque une véritable souffrance de la part du héros qui sera révélé dans le climax lors d’une magnifique scène avec la mère (ça m’a arraché des larmes). La surprise réside sur le fait qu’elle est traitée auparavant sur un ton presque comique jusqu’à la confrontation tant attendue entre Sutter et son père (impeccable Kyle Chandler, de retour après avoir arrêté Leonardo DiCaprio dans The Wolf of Wall Street). Tout un symbole d’un mal qui ravage l’adolescence et qui n’est pas forcément traité de façon sérieuse. Cela marque aussi le seul point faible que j’ai trouvé du long-métrage, la mise à l’écart des adultes. Jamais nous ne les voyons s’impliquer dans la vie de Sutter, nous ne pouvons que le supposer. Heureusement que les acteurs sont excellents pour pouvoir le suggérer finement en aussi peu de temps comme Mary Elizabeth Winstead (deuxième collaboration avec le réalisateur après Smashed) et Bob Odenkirk (deuxième transfuge de Breaking Bad à travailler avec le réalisateur, eh oui « Better call Saul »).

Photo de The Spectacular Now avec Shailene Woodley et Miles Teller
Un amour tellement sincère qu’il en devient troublant.

Conclusion

Coup de cœur total et bien plus ! Je ne pourrais pas mieux dire que Peter Travers de Rolling Stone Magazine : « Hits you like a shot in the heart » (« vous frappe comme un tir en plein cœur »). Il a vraiment réussi en une phrase à décrire l’impression que j’ai ressentie.

+ – Histoire d’amour magnifique
– Des émotions rares m’ont parcouru
– Deux acteurs principaux géniaux et très prometteurs
– Un jump scare inattendu
– Me hante encore
– Les adultes peu présents
Trophée10/10
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