Critique : L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

Il aurait mieux fait de rester à la maison

Fiche

D’après le roman de Reif Larsen
Titre
L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
Réalisateur Jean-Pierre Jeunet
Scénariste Jean-Pierre Jeunet, Guillaume Laurant
Acteurs Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Judy Davis, Callum Keith Rennie
Titre original The Young and Prodigious T.S. Spivet Date de sortie 16 octobre 2013
Pays États-Unis, France Budget 33 000 000 $
Genre Aventure, Drame, Famille Durée 1h 45

T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu’il porte un bien lourd secret…

Critique

Jean-Pierre Jeunet, 60 ans, exerce son métier depuis 1978, mais c’est seulement avec Delicatessen (1991) qu’il est vu comme un génie du cinéma. Chauvine, la France s’est emballée pour lui surtout quand il a traversé l’Atlantique pour tourner à Hollywood. Malheureusement, c’est aussi le moment où il s’est séparé de Marc Caro. Sans lui, il a tourné Alien, la résurrection. Très critiqué, le film a marqué la fin de la saga Alien (qui a expiré deux horribles derniers râles avec la saga AVP avant de succomber). J’en ai lui beaucoup voulu pour ça. Probablement touché, le gars est retourné en France pour signer Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, son film le plus connu. J’ai fait partie de ceux à l’époque qui n’ont pas trop bien compris l’engouement autour du film… Bref, ses deux prochains longs ont été (très) loin d’être mémorables : Un long dimanche de fiançailles et Micmacs à tire-larigot. C’était la minute historique histoire de se remettre dans le bain. Pour ma part, Jean-Pierre Jeunet appartient au passé même si l’évocation de son nom provoque des remous nostalgiques à l’idée de découvrir son prochain délire visuel.

Avec L’Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, un truc casse-couille à écrire et qu’on va simplifier par T.S. Spivet, JP signe l’adaptation d’un roman dont je n’ai jamais entendu parler, mais n’étant pas un gros dévoreur de livres (hormis Stephen King), je vais fermer ma gueule pour ne pas passer pour un ignorant.

Le nouveau Jeunet fourmille de ces détails qui font le charme comme une galerie de personnages atypiques, d’audaces visuelles rigolotes, de l’humour pince sans-rire et des couleurs pétaradantes au service d’une magnifique photographie.

En tout cas, la bande-annonce m’avait bien botté avec un style qui me donnait envie de retomber en enfance. J’étais pris par une fibre nostalgique en repensant à ces films pour enfants dont les héros sont des enfants et leur destin, magnifique. Je pense notamment à Matilda, La Morsure du lézard (avec Shia l’abbé ouf alors âgé de 16 ans) ou le culte Maman, j’ai raté l’avion (que j’ai vu un nombre incalculable de fois). Je suis donc entré dans la salle de cinéma avec le souhait de retomber en enfance. Ce n’est malheureusement pas arrivé…

On va commencer par les deux plus gros points forts : la 3D et l’ambiance. Pour sa première fois avec la nouvelle technologie qui fout des cauchemars au réalisateur les plus frileux, notre JP national s’en est sorti haut la main. Il se paye même le luxe d’offrir une des plus belles 3D jamais vues au cinéma. Les premiers plans sont superbes ! Deux bémols tout de même sur cette 3D. L’une avec la tentative d’ajouter une petite bulle pour illustrer l’imagination du jeune T.S. Spivet qui m’a foutu un mal de crâne de fou. Je louchais très fort en essayant de concilier les deux éléments. Mais bon, ça dure quelques secondes donc je ne vais pas m’en plaindre plus que ça. Même constat pour le deuxième problème : la 3D a tendance à amplifier la supercherie des incrustations. Un problème notable sur la scène où T.S. Pivet tente de monter dans le train tout en échappant à la vigilance des gardiens. Hormis ces deux points, vous allez baver devant. Je tiens tout de même à souligner que la 3D de la salle était active (avec les grosses lunettes) de qualité bien supérieure à celle passive (avec les lunettes fines et en plastique). Un détail qui a son importance.

Côté ambiance, le nouveau Jeunet fourmille de ces détails qui font le charme comme une galerie de personnages atypiques, d’audaces visuelles rigolotes, de l’humour pince sans-rire et des couleurs pétaradantes au service d’une magnifique photographie. On succombe vite à l’univers de la ferme où évolue la famille Spivet. J’ai pensé très fort à Roald Dahl (ce n’est pour rien que j’ai cité Matilda quelques lignes au dessus).

Mais… Ah le fameux mot qui fait peur et qui refroidit les ardeurs de ceux motivés pour voir le film. Donc, mais, T.S. Spivet ne tient pas sur la durée. Entre l’excellente première demi-heure et la fin, se déroule un voyage fort peu intéressant. On a beau se frotter les yeux, nulle trace du terme « Extravagant ». Je m’attendais à découvrir une galerie de personnages qui ferait le peps de ce voyage. Mais hormis Deux Nuages (incarné par Dominique Pinon, l’acteur fétiche du réalisateur), rien à se mettre sous la dent. Que des personnages secondaires brefs et peu intéressants. On est alors sacrément déçu de ce voyage qui n’a rien d’extravagant… À moins que le terme ne s’applique à l’objectif de ce voyage.

On a beau se frotter les yeux, nulle trace du terme « Extravagant ».

Le final n’arrive pas à remonter le niveau. Les scènes sont accumulées sans parvenir à la candeur d’un Roald Dahl jusqu’à l’arrivée d’Helena Bonham Carter qui arrive à faire mouiller les yeux en à peine quelques secondes (même si le discours du T.S. Spivet n’était pas trop mal, j’ai trouvé qu’il était cassé par les gros plans sur le public aux bords des larmes, too much). C’est là qu’on voit la marque des grands.

T.S. Spivet doit beaucoup au jeune Kyle Catlett, que certains ont peut-être déjà vu dans la série The Following où il incarne le fils du gourou des tueurs. Débordant de charisme et d’humour, il est la touche magique du long-métrage.

PS : à noter que la critique doit être malheureusement prise avec des pincettes. Pourquoi ? Tout simplement parce que durant la projection, j’étais assis à côté de quelqu’un d’hallucinant. Cette personne n’a pas été foutue de rester calme sur son fauteuil et a davantage bougé qu’un gamin pris d’une soudaine volonté de faire dans le pot, mais que la prof oblige à rester en classe. I.N.S.U.P.P.O.R.T.A.B.L.E. Des exemples ? Il croise/décroise les jambes toutes les minutes (littéralement), entrecoupées de phases où sa main passe derrière son dos comme s’il voulait se gratter le dos sans aucun respect pour la personne derrière. Il s’amuse parfois à jouer au toboggan avec son fauteuil quitte à se retrouver comme un gamin allongé le long du siège… Je ne vous ai pas dit qu’il atteignait la quarantaine/cinquantaine ? Ah purée, j’ai failli oublier aussi ses commentaires sur le film. Je tiens à préciser que je suis SOURD PROFOND, mais j’ai quand même réussi à entendre. Au début, je ne voulais pas faire d’esbroufe parce que je me suis dit que peut-être, il a des problèmes psychomoteurs… Mais je m’en suis vite rendu compte que non. J’aurais bien voulu le remettre à sa place, mais étant l’invité d’une projection presse, je n’ai pas voulu faire un scandale et me retrouver blacklisté. Je voulais tout de moins être franc avec vous et le souligner. Bref, c’est le paragraphe HS… mais indispensable pour prendre conscience que la critique n’est pas forcément objective.

Conclusion

Toute la magie de T.S. Spivet est condensée dans la première demi-heure. La suite est beaucoup moins charmante.

+ – 3D
– Kyle Catlett
– Première demi-heure charmante
– L’heure restante
– Un voyage n’ayant rien d’extravagant, et même plutôt ennuyeux
5/10
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