Critique : Le Congrès

La folie du cinéma et des hommes

Fiche

D’après le roman Le Congrès de futurologie de Stanislas Lem
Titre Le Congrès
Réalisateur Ari Folman
Scénariste Ari Folman
Acteurs Robin Wright, Harvey Keitel, Danny Huston, Jon Hamm, Paul Giamatti, Kodi Smit-McPhee
Titre original The Congress Date de sortie 3 juillet 2013
Pays États-Unis Budget 8 000 000 €
Genre Animation, Science fiction Durée 2h

Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

Le Congrès Photo
Le scanning, une scène exceptionnelle grâce au duo Wright/Keitel.

Critique

Difficile de ne pas baver malgré un titre rasoir et une affiche donnant envie de fuir en courant car le pitch complètement fou de Le Congrès (sorte de S1m0ne à l’envers) offre cette sensation rare d’aller assister à un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié). En plus, c’est une adaptation d’un roman Stanislas Lem (auteur déjà adapté au cinéma deux fois avec Solaris).

L’originalité du long-métrage est qu’il est divisé en deux parties, la première est tournée en prises de vues réelles et la seconde est en animation via la rotoscopie (consiste à dessiner sur l’interprétation de l’acteur). Un schéma atypique expliqué par son sujet. La deuxième partie est difficilement possible en images de synthèse à moins de bénéficier d’un budget très élevé or « seuls » huit millions d’euros sont attribués.

« Le pitch complètement fou de Le Congrès (sorte de S1m0ne à l’envers) offre cette sensation rare d’aller assister à un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié) »

Débattons un peu sur les deux parties. La première est tout bonnement exceptionnelle en brouillant magnifiquement les cartes entre la réalité et la fiction. L’héroïne s’appelle Robin Wright et elle EST Robin Wright. On n’aurait pas pu rêver meilleur rôle et meilleure actrice car l’ex-femme de Sean Penn colle parfaitement à la thématique. Elle a été une actrice extrêmement prometteuse (Princess Bride, Forrest Gump) qui n’aura jamais su, ou pu, franchir le palier qui aurait pu faire d’elle une reine d’Hollywood. Elle bénéficie alors d’une offre exceptionnelle d’un major (Miramount, probable fusion entre Miramax et Paramount) pour la scanner en personnage numérique.

Le Congrès Photo
La partie anime est souffreteuse. Très chiante dans sa première moitié, elle devient magique dans sa deuxième.

Cette partie est l’occasion d’observer un casting tout à fait conséquent pour un film de cet acabit (les acteurs ont activement participé au projet après la nomination de l’actrice principale, allant même jusqu’à réduire leurs cachets) et surtout de bénéficier d’un monologue exceptionnel d’Harvey Keitel durant la phase de scanning où confrontée au monologue, Robin Wright fait preuve d’un monstrueux panel d’émotions. Une très belle scène qui aurait pu faire de Le Congrès un film SF majeur.

Malheureusement, le film où Robin joue Robin est plombé par une partie anime, n’ayons pas peur des mots, chiante ! Dès qu’on bascule de la réalité vers la fiction, on perd énormément en émotion. La rotoscopie n’étant pas capable de reproduire le jeu de Robin Wright (essentiellement basé au niveau du regard). On a alors un personnage assez mou déambulant dans des décors assez fous. Si l’effet de surprise (et de nostalgie – époque Betty Boop, Popeye) est assez grisant, il n’empêche pas un sentiment d’ennui (j’ai vraiment eu envie de me barrer de la salle). On peut considérer cette partie trop longue d’au moins vingt minutes (il est facile de repérer des endroits où couper).

« [Le Congrès] distille des plans de toutes beautés rappelant le meilleur d’Hayao « Le Voyage de Chihiro » Miyazaki »

Fort heureusement, la deuxième partie en anime est bien plus réussie et distille des plans de toutes beautés rappelant le meilleur d’Hayao « Le Voyage de Chihiro » Miyazaki. Surtout c’est l’occasion de bénéficier d’un des plus grands castings de tous les temps : Michael Jackson, Tom Cruise (son visage en anime est absolument hilarant), Jésus Christ, Elvis Presley, Bouddha, Shiva et j’en passe. Après donc une longue période creuse, Le Congrès finit par se sauver à l’aide d’un final hypnotisant basé sur un ingénieux twist.

Le propos du film est aussi très intéressant et surmonte largement son pitch de départ. Alors qu’on croit alors bénéficier d’un de ces long-métrages au pitch très prometteur mais au traitement binaire, le nouveau long-métrage d’Ari « Valse avec Bachir » Folman part vers d’autres cieux qu’on n’aurait même pas fantasmé. Une véritable prise de risque tellement agréable dans un cinéma SF formaté même si ça a pour conséquence de rendre le film invendable tant c’est presque inracontable sans spoiler.

Le Congrès Photo
On dit oui au Congrès, rien que pour cette image !

Conclusion

Le Congrès repose sur une idée SF complètement folle parfaitement traitée mais souffre d’une partie anime trop lourdingue (long, chiant, mou, sans émotion). Fort heureusement, il se sauve dans son dernier tiers en offrant des visuels hallucinants couplés à une musique enivrante. On a frôlé le chef d’œuvre… qu’on aurait pu avoir avec un budget plus conséquent et 20/30 minutes en moins.

+ – Robin Wright
– La scène du scanning
– Dernière partie superbement onirique
– Un gros creux au milieu
– Le procédé de rotoscopie pas vraiment adapté au jeu de Robin Wright
6/10
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