Critique : La Belle endormie

L’euthanasie, délivrance ou meurtre ?

Fiche

Titre La Belle endormie
Réalisateur Marco Bellocchio
Scénaristes Marco Bellocchio, Stefano Rulli
Acteurs Isabelle Huppert, Alba Rohrwacher, Maya Sansa, Toni Servillo, Michele Riondino, Brenno Placido
Titre original La Bella Addormentata Date de sortie 10 avril 2013
Pays Italie, France Budget
Genre Drame Durée 1h50

Le 23 novembre 2008, l’Italie se déchire autour du sort d’Eluana Englaro, une jeune femme plongée dans le coma depuis 17 ans. La justice italienne vient d’autoriser Beppino Englaro, son père, à interrompre l’alimentation artificielle maintenant sa fille en vie. Dans ce tourbillon politique et médiatique les sensibilités s’enflamment, les croyances et les idéologies s’affrontent. Maria, une militante du Mouvement pour la Vie, manifeste devant la clinique dans laquelle est hospitalisée Eluana, alors qu’à Rome, son père sénateur hésite à voter le projet de loi s’opposant à cette décision de justice. Ailleurs, une célèbre actrice croit inlassablement au réveil de sa fille, plongée elle aussi depuis des années dans un coma irréversible. Enfin, Rossa veut mettre fin à ses jours mais un jeune médecin plein d’espoir va s’y opposer de toutes ses forces.

La Belle endormie
La Divina Madre, ultime gardienne de la belle endormie.

Critique

En 2008, l’Italie s’est déchirée sur le sort d’Eluana Englaro, jeune femme endormie depuis 17 ans. Est-ce la belle endormie du titre ? Nul ne le sait car il y en a plus d’une dans ce film chorale mêlant plusieurs histoires ayant pour même fil conducteur : l’euthanasie.

Ne voulant pas prendre parti et encore moins imposer son point de vue, le réalisateur italien Marco Bellocchio a signé avec Stefano Rulli, un solide scénario avec un panel varié de personnage dont le plus symbolique est la Divina Madre jouée par Isabelle Huppert. Dans cette histoire, nous sommes ballottés entre les générations, entre les classes et entre les opinions. Ainsi nous suivons un homme politique, une ancienne grande actrice (la fameuse Divina Madre), une jeune femme activiste, une droguée, un médecin et d’autres encore mais ceux cités demeurent les principaux protagonistes. Leurs histoires se déroulent en parallèle des derniers jours d’Eluana.

Le tout est superbement mis en scène. A l’aide d’une magnifique photo, les personnages errent dans une Italie lugubre car frappée par la crise. Le must reste le passage de la Divina Madre empreint d’un fort symbolisme donnant l’impression d’une séquence se déroulant hors de la réalité comme si la maison d’Isabelle Huppert et sa fille endormie semblait tout droit sortir d’un conte, La Belle Au Bois Dormant tiens.

L’idée de base est bonne, la mise en scène aussi mais difficile de ne pas voir le marchand de sable se pointer pour une partie. Le rythme est lent, ne connaît que de très rares pics à tel point que telles les belles endormies du long-métrage, nous sommes aussi invités à plonger dans les bras de Morphée. Malheureusement aussi, l’euthanasie n’est finalement qu’un sujet de fond que trop brièvement abordé. Le réalisateur s’intéressant beaucoup plus aux conséquences sur l’entourage. Seulement il s’y intéresse sur un laps de temps tellement court qu’on n’en a pas retenu grand chose. Ses personnages n’évoluent pas ou peu entre l’ouverture et la fermeture du film.

De plus, ils sont loin d’être passionnants. Entre la fille qui fait sa petite crise, le frère mou du gland et complètement soumis à son frère barjo ou le fils recherchant l’amour de sa mère, on a parfois du mal à s’intéresser à ce qui se passe trop occupé à damner le pion au marchand de sable (il a failli m’avoir sur des coups vicieux n’ayant rien à renier aux meilleurs joueurs de poker). Heureusement Isabelle Huppert et Toni Servillo sont là, campant à merveille leurs personnages. On sent dans ces acteurs une réelle capacité à communiquer et à dévoiler le cœur de leurs personnages, parfois même sans une ligne de dialogue. Toutefois, on n’est jamais réellement touché, nous contentant de suivre de loin ces hommes et ces femmes se débattre pour desserrer les poings de la vie ne cessant de serrer de plus en plus fort jusqu’à que mort s’ensuive.

La Belle endormie Photo
La jeune fille est une des protagonistes les plus utilisées et malheureusement la moins intéressante.

Conclusion

Au final, que retenir de ce long-métrage italien ? Basé sur un sujet sensible, l’euthanasie, il digresse trop, se laissant aller à des amourettes au final peu intéressantes. Seuls les personnages d’Isabelle Huppert et Toni Servillo nous ramène les pieds sur le sujet mais finalement, c’est tellement édulcoré, tellement dans une volonté de ne pas heurter le spectateur qu’il ne l’amènera jamais à entrer dans le vif du sujet. Un coup dans l’eau.

+ – Isabelle Huppert et Toni Servillo
– passionnant sujet
– mise en scène
– des histoires peu intéressantes
– ennuyant
4/10
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