Le Xénomorphe joue à cache-cache
Fiche
Titre | Alien : Earth | Titre VO | – |
---|---|---|---|
Showrunner | Noah Hawley | ||
Acteurs | Sydney Chandler, Alex Lawther, Timothy Olyphant, Essie Davis, Samuel Blenkin, Babou Ceesay | ||
Saison | 1 | Nombre d’épisodes | 8 |
Date de sortie | 23 / 09 / 2025 | Durée | 46 à 65 mn |
Genre | Horreur, Science-fiction, Thriller | Chaîne | Disney+ |
Lorsqu’un mystérieux vaisseau spatial s’écrase sur la Terre, une jeune femme et un groupe hétéroclite de soldats font une découverte qui les amène à affronter la plus grande menace que la planète ait connue.
Critique
Alien : Earth faisait partie de mes plus grosses attentes côté télévision. M’enfin, ce n’est pas tous les jours qu’un nom aussi atypique que Noah Hawley s’attaque à une franchise pareille. Quand même, on parle du gars derrière la pépite dérivée du film des frères Coen Fargo (2014-2024) et l’OVNI de la franchise Marvel Legion (2017-2019). Bref, pour Alien : Earth, il reste dans son domaine de prédilection, car visiblement, le cinéma, ce n’est pas trop pour lui, vu l’échec de Lucy in the Sky (2019) avec Natalie Portman.
Un fantasme de fan : Alien débarque (enfin) sur Terre
Le fantasme était immense : voir enfin la créature mythique designé par H.R. Giger débarquer sur notre planète bleue. Techniquement, c’était déjà le cas dans les deux Alien vs. Predator, mais bon, vu la qualité des films (et leur statut non canon), on va faire comme si de rien n’était. Il y a d’ailleurs eu débat sur la place de cette série dans la chronologie de la saga. Noah Hawley a précisé :
Je pense que ça se situe quelque part autour d’Aliens, autour de l’histoire racontée par James Cameron. Je n’ai pas eu besoin d’être super précis là-dessus, mais les événements du premier film sont mentionnés à un moment dans la série. Donc, je dirais que ça se passe à peu près au moment du deuxième film, soit juste avant, soit juste après.
En vrai, c’est anecdotique. Du moins pour cette saison, tant la série prend ses distances avec la quadrilogie Ripley et même les autres (Covenant, Romulus). De toute façon, la saga Alien n’a jamais été très pointilleuse sur la continuité, préférant laisser ses auteurs s’exprimer (même si Fincher dira sûrement le contraire).
Plus Blade Runner qu’Alien
Avec le recul d’une première saison bouclée, je me suis demandé s’il était vraiment utile d’appeler cette série Alien, tant la créature est pratiquement reléguée à l’arrière-plan. Noah Hawley et son équipe préfèrent se concentrer sur les hybrides. Le thème aurait d’ailleurs davantage collé à un Blade Runner, à mon goût. Mais bon, reconnaissons que les synthétiques ont toujours eu une place importante dans la franchise.
En tout cas, c’est flagrant dès l’ouverture : Alien : Earth avec un texte qui annonce la couleur :
Dans le futur, la course à l’immortalité prendra trois formes : des humains cybernétiques — les Cyborgs, des êtres dotés d’une IA — les Synthés, et des Synthétiques à la conscience humaine — les Hybrides.
Difficile alors de ne pas ressentir une frustration face à la faible place laissée à la mythologie du Xénomorphe. Comme s’il ne fallait pas marcher sur les plates-bandes des films. Ou alors, peut-être que Hawley n’a pas eu toute la liberté voulue, et qu’il a préféré se rabattre sur un sujet plus libre. Résultat, on ressent une petite tromperie sur la marchandise. Ben quoi, moi, je suis venu voir un Alien, pas un Blade Runner.
Cela dit, le propos n’est pas inintéressant sur fond de Peter Pan. Un mystère demeure : ces hybrides sont-ils vraiment des enfants ? Ou juste des IA ayant copié une conscience humaine ? Pour ma part, je penche pour la deuxième option. Le tout est porté par une galerie de personnages plutôt singuliers, même si certains comportements font grincer des dents. Je pense surtout aux deux potes : leur attitude est tellement puérile qu’ils donnent l’impression d’avoir cinq ou six ans, mais certainement pas plus de dix.
L’Œil vole la vedette
Autre aspect abordé : la lutte entre entreprises pour le contrôle de la Terre. Prometteur, le sujet reste malheureusement en surface. La série démarre fort, avec en point culminant un épisode qui rend hommage au Huitième Passager, mais plus les épisodes avancent, plus l’intrigue se referme dans un huis clos qui perd en intérêt. Au final, le dernier épisode est clairement le moins bon de la saison.
Je ne sais pas si c’est une question de budget, mais la réalisation reste globalement solide, avec la patte graphique typique de Hawley — cette ambiance old school qu’on retrouvait déjà dans Fargo et Legion. Sauf sur un point critique : l’Alien lui-même. Il est bien trop évident qu’il s’agit d’un acteur dans un costume.
Pour conclure, fidèle à son envie d’expérimenter, Hawley introduit de nouvelles créatures, dont un œil (oui, un œil !) qui s’impose comme le personnage le plus fun et fascinant d’Alien : Earth — au point de voler la vedette au xénomorphe. Un comble, on en conviendra. Mais ça reste un alien, malgré tout ! Ah oui, le David Bowie de Timothy Olyphant est intéressant également, même s’il a une trop grande proximité avec les personnages de Michael Fassbender.
Par Christophe Menat espérant tout de même une deuxième saison avec un Hawley qui va plus loin.
Conclusion
Alien : Earth est une série ambitieuse et bien réalisée, pleine de bonnes idées et de mystères intrigants. Mais pour les fans venus chercher le Xénomorphe, la créature se fait trop discrète, et l’ambiance penche plus du côté de Blade Runner. Un plaisir donc, mais qui laisse un petit goût de frustration avec notamment un final un peu facile. |
|
+
|
–
|
7/10 |