Critique : Neds

« Si vous voulez un NED, vous allez avoir un putain de NED ! »

Date de sortie cinéma : 31 août 2011

Écrit et réalisé par Peter Mullan (The Magdalene Sisters)

Avec Conor McCarron, Gregg Forrest, Joe Szula, Peter Mullan, John Joe Hay, Richard Mack et Gary Lewis (le papa de Billy Elliot)

Interdit aux moins de 12 ans
Long-métrage britannique, français, italien
Genre : Drame
Durée : 1h58

Glasgow, 1973. Le jeune John McGill est sur le point d’entrer au collège. Garçon brillant, la voie est cependant loin d’être toute tracée pour lui, entre un père violent et les préjugés de ses professeurs qui n’ont pas oublié son frère aîné « irrécupérable », Benny, devenu membre des NEDS. Les NEDS (Non Educational Delinquents), dangereuses petites frappes, font régner la terreur dans les quartiers. La réputation de Benny vaut à John d’être protégé et lui ouvre très vite les portes du gang.

Chronique sociale sur les jeunes délinquants. S’il se déroule à Glasgow en 1973, force est de constater que de nos jours, rien n’a encore changé. Le film garde donc un fort impact social en révélant les dessous de ce milieu où règnent les jeunes adolescents paumés. Telle une guerre des boutons moderne où chacun lutte pour son morceau de territoire, son quartier. Où ces jeunes sans échappatoire, bloqués dans les sous-sols de la hiérarchie sociale, ne peuvent plus que s’exprimer dans le seul langage qui leur reste : la violence.

Parmi eux, un jeune garçon, un bon premier de la classe, plus intéressé par ses livres que le monde qui l’entoure. Mais une confrontation à la fin de la primaire lui fera perdre ses idéaux et le plongera dans le monde réel. Fini le temps de l’innocence pour John McGill. Neds suivra sa plongée en enfer avec un réalisme qui fait froid dans le dos. Ne s’épargnant aucun tabou, il permet aussi de s’éviter le coup de la morale pitoyable, ne faisant que nous livrer à des constats terrifiants ponctués par une dernière confrontation qui clôturera le film d’une manière inattendue (en évitant avec justesse tous les clichés du genre).

Neds est une sorte de Les 400 coups moderne sans arriver à l’excellence du film de François Truffaut, il s’y approche nettement et finit par nous fasciner. Le destin de John McGill est encore plus tragique vu qu’il ne s’agissait que d’un garçon pourtant bien décidé à s’en sortir grâce au travail.

Si Neds fascine autant, il le doit aussi aux performances géniales de Conor McCarron et de Gregg Forrest. Ces deux-là jouent John McGill, Conor McCarron le campe étant adolescent et Gregg Forrest, version jeune. Il en sort aussi une petite facilité de la part du réalisateur en effet les deux acteurs n’ont pas le même regard, l’acteur qui joue John jeune a un regard innocent enfantin, celui d’un gamin qui subit tandis que Conor McCarron a un regard d’un ado qui a déjà pas mal de choses, trop de choses pour son âge. Cela change nettement des films qui garde le même acteur en le faisant vieillir, car si la peau change, les yeux non et ça nuit en un sens à la crédibilité du film car ne dit-on pas : « Les yeux sont le miroir de l’âme ». De plus, les deux acteurs se ressemblent beaucoup donc on n’est absolument pas choqué par le changement malgré le peu d’années qui les séparant (moins d’une dizaine).

La réalisation est intelligente et s’efface derrière son sujet. Pas d’artifices inutiles, le tout est filmé avec simplicité (à ne pas confondre avec pauvreté) et ponctué par une belle bande son toujours efficace quand elle intervient.

Une chronique sociale se déroulant dans les années 70 mais toujours d’actualité de nos jours. Neds revient sur l’explosion de la violence chez les jeunes dans les milieux pauvres avec un réalisme foudroyant et presque dérangeant.

Sa scène culte : la confrontation entre le père et le fils

Note : 8/10

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