Critique : Superman (2025)

Ouvrir un comic au cinéma

Fiche

Titre Superman Titre VO
Réalisateur James Gunn Scénariste James Gunn
Acteurs David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nicholas Hoult, Edi Gathegi, Anthony Carrigan, Nathan Fillion, Isabela Merced, Frank Grillo
Date de sortie09 / 07 / 2025 Durée2h 09
GenreAction, Aventure, Science-fiction Budget225 000 000 $

Superman se retrouve impliqué dans des conflits aux quatre coins de la planète et ses interventions en faveur de l’humanité commencent à susciter le doute. Percevant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la tech et manipulateur de génie, en profite pour tenter de se débarrasser définitivement de Superman. Lois Lane, l’intrépide journaliste du Daily Planet, pourra-t-elle, avec le soutien des autres méta-humains de Metropolis et le fidèle compagnon à quatre pattes de Superman, empêcher Luthor de mener à bien son redoutable plan ?

Critique

9 juillet 2025. Une date à retenir. En effet, ce n’est pas tous les matins que nous assistons à la naissance d’un tout nouvel (snif, snif, rien de tel que l’odeur d’un livre sorti tout droit de l’imprimerie) univers cinématographique (enfin, tout nouveau, c’est relatif vu l’existence des séries Peacemaker – ça se discute – et surtout Creature Commandos). Bien chauffé par la bonne moyenne sur Rotten Tomatoes, je me suis précipité dans les salles à l’idée de vivre une grande aventure…

… et j’en suis ressorti en ne sachant pas trop quoi penser. Je n’ai pas passé un mauvais moment ou même été ennuyé (ça, c’était Jurassic World : Renaissance, la veille). En effet, le Superman de James Gunn, le Snyder de ce nouveau DCU, est un grand délire, très (trop) rythmé avec beaucoup de choses dans tous les sens. Rien de surprenant si on a déjà ouvert un comic, car c’est exactement l’impression que donne le film : de lire un comic sur l’homme d’acier dans une salle obscure. Bref, on parle d’une adaptation de comic pur et dur, avec ses qualités et ses défauts, qui a le mérite de nous éviter la case origin story déjà vue.

Ça cartoon

Toutefois, il faut dire que je ne suis pas un grand fan de l’homme d’acier dans ses aventures en solo dans les comics. Les films non plus, d’ailleurs. Seul Man of Steel m’a réellement emballé (malgré le sacrilège final). Mais il faut reconnaître une chose au film de James Gunn : il trace sa voie en respectant une certaine idée des comics, dans la direction opposée de celle de Zack Snyder.

Là où le bât blesse à mon avis, c’est que le film est beaucoup trop cartoon à mes yeux. Trop enfantin. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose, mais je n’étais pas préparé à ça. Je m’attendais à un truc dans le ton du MCU, à savoir une combinaison familiale qui réussit à réunir les fameux « 7 à 77 ans ». Là, on a un truc à fond dans le délire des comics pour enfants et ados de Superman.

Le tout avec l’humour typique de James Gunn, sauf qu’il doit se réfréner vu le public visé. C’est tout de même étonnant, car la trilogie Les Gardiens de la Galaxie avait droit à des blagues salaces (mention spéciale au Pollock dans le premier). Du coup, l’humour « family-friendly » fait que ses blagues n’ont pas vraiment de saveur, sauf pour l’armée des trolls qui m’a fait sourire. Dès lors, les rires se font rares (en tout cas, dans ma salle pourtant bien remplie).

Lois & Clark

Étonnamment, mes scènes préférées de la cuvée 2025 de Superman sont celles où il n’y a pas d’action et impliquent Clark Kent et Lois Lane. J’en ai été étonné, car le duo m’avait toujours gonflé, que ce soit dans les précédents films ou la série Smallville. Mais là, Rachel Brosnahan est tout simplement la Fabuleuse Miss Lane. Déjà fan d’elle pour la série La Fabuleuse Madame Maisel, je suis totalement tombé sous le charme de sa prestation. Dès qu’il s’agit d’invoquer l’émotion, la journaliste répond présente et mention spéciale à ma scène préférée du film : l’interview. Une séquence mettant en avant toute la complexité du rôle de Superman dans un monde moderne.

Dommage que ça s’écroule par la suite quand on découvre le pot aux roses : le classique plan machiavélique de Lex Luthor. Et il y avait déjà des fêlures quand le chauve met en marche son stratagème. La réaction du public est tellement disproportionnée qu’il est difficile de la trouver un minimum crédible (même si papa et maman El avaient prévenu – un point que je n’ai pas trop apprécié). En fait, il y a deux parties : une première excellente où le DCU est mis en place (j’ai adoré l’ouverture très sobre autour du nombre 3) et une deuxième où ça vire au grand n’importe quoi, avec une tension désespérément absente tant c’est cartoonnesque.

Pour dire à quel point c’est cartoon, à un moment, une personne se fait tuer de sang-froid. Je n’avais aucune émotion, mais vraiment aucune, car j’étais là : « Mais on est dans un cartoon, la personne n’est pas morte en vrai ». Mais non, elle est bien morte. C’est à ce moment que je me suis rendu compte que j’avais décroché émotionnellement. Heureusement que Miss Lane et papa Kent ont été là pour retenir la corde.

Un entourage coloré

Rayon spectacle, les effets spéciaux sont soignés et les envolées nombreuses. Sauf que Superman n’arrive jamais à inscrire un plan ou une scène décrochant réellement la mâchoire. Tout respire le déjà-vu. Ça m’a d’ailleurs fort étonné, vu que sa trilogie des Gardiens en regorge. En gros, l’action fait le job, sans plus. Toutefois, il y a le côté vraiment cool où on oublie qu’on parle d’acteurs en train de jouer les super-héros. J’ai tout simplement eu l’impression qu’ils ont réellement des pouvoirs.

Au niveau des acteurs, là par contre, c’est une réussite. Chacun colle parfaitement à son personnage. La Lois Lane de Rachel Brosnahan, j’en ai déjà parlé, donc passons à son mec. David Corenswet fait un formidable Superman et Clark Kent. Il est simplement formidable et lumineux. J’espère qu’on le reverra longtemps dans le rôle. Skyler Gisondo est amusant en Jimmy Olsen avec son improbable magnétisme (porterait-il du Axe ?), tout comme Wendell Pierce en Perry White. Mention spéciale à Cat Grant visiblement juste là pour montrer son décolleté (pour faire plaisir au daron venu accompagner le fiston à la séance ?).

Par contre, j’ai moins été convaincu par Lex Luthor. S’il fait illusion un temps (Nicholas Hoult toujours formidable pour incarner les têtes à claque), il se révèle finalement trop bouffon (la manière dont il fait son caca nerveux, c’est cringe) et superficiel pour être réellement pris au sérieux comme menace. C’est une idée du personnage dans les comics (version cartoon, je précise, car il y a plusieurs interprétations), mais je n’ai jamais adhéré. En plus, bon quoi, encore Lex Luthor en méchant… Il y a aussi cette idée du « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». Dans ce Metropolis, tout le monde est un peu con-con, Luthor est juste con.

Les Gardiens de la Justice

Quant au Justice Gang, je n’ai pas spécialement été bouleversé par les performances même si j’apprécie Nathan Fillion et Isabela Merced. Il faut dire qu’on voit déjà tout de Guy Gardner dans les bandes-annonces. Pour celui au-dessus du lot, je retiens le sympathique Mister Terrific d’Edi Gathegi qui a même droit à SA scène d’action, dommage qu’elle est bof. Par contre, l’interaction de l’équipe avec Superman manque cruellement de dynamisme. Ça m’a semblé pas mal forcé. Sans oublier une impression de déjà-vu avec les Gardiens. En effet, James Gunn réapplique les mêmes patterns. C’est particulièrement flagrant avec Drax, euh pardon Metamorpho.

Quant au membre de « l’Authority », l’Ingénieure (María Gabriela de Faría). Elle a une scène cool à son crédit, mais il est difficile de s’y attacher vu à quel point elle se soumet à ce gamin de Luthor (comment prendre au sérieux le con-con du con ?). Pour Ultraman, bon, la révélation de son identité est prévisible, mais j’ai adoré la manière dont il est « manipulé » à distance. Probablement, un des trucs les plus cools du film, avec l’armée des trolls évidemment. Ah, mais j’allais oublier ce « tout petit » Kaiju. Assez anecdotique, mais c’est toujours cool des super-héros contre des monstres géants.

Oh ! J’allais oublier Krypto. Pourtant, on en voit beaucoup. Le chien est superbe visuellement. Par contre, il devient un peu lourd à la longue. Ça manque d’émotion dans tout ça.

À noter une scène mid-générique et une scène post-générique (assez mauvaise) n’apportant rien. C’est la dernière scène avant le générique qui est la plus importante. James Gunn et son équipe avaient-ils peur que le public s’en aille avant ?

Par décontenancé.

Conclusion

Un film qui ose en embrassant jusqu’au bout les origines comics de Superman, au point de les transposer littéralement à l’écran. C’est donc sacrément rythmé avec des personnages hauts en couleur et des scènes d’action spectaculaires (même si rien de marquant). Le bémol, c’est que l’ensemble est plus proche d’un Superman pour jeune public qu’autre chose, donc il faut adhérer.

+

  • David Corenswet et Rachel Brosnahan
  • Les acteurs collent aux personnages
  • Du comic live

  • Trop cartoonesque pour moi
7/10
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