Who you gonna call ? Suicide Squad !
Fiche
Intégré au DC Extended Universe | |
Titre | Suicide Squad |
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Réalisateur | David Ayer |
Scénariste | David Ayer |
Acteurs | Will Smith, Jared Leto, Margot Robbie, Joel Kinnaman, Viola Davis, Common, Jai Courtney, Ezra Miller, Jay Hernandez, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Cara Delevingne, Scott Eastwood, Adam Beach, Karen Fukuhara, Ike Barinholtz, Ben Affleck |
Titre original | – | Date de sortie | 03 / 08 / 2016 |
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Pays | États-Unis | Budget | 175 000 000 $ |
Genre | Action, Aventure, Comédie, Fantastique, Science fiction, Thriller | Durée | 2h 03 |
Face à une menace aussi énigmatique qu’invincible, l’agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu’aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s’embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu’au moment où ils comprennent qu’ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ? |
Critique
Après l’échec (tout de même relatif) de Batman v Superman: L’Aube de la Justice, beaucoup (dont moi) ont reporté leurs espoirs sur Suicide Squad qui s’annonçait bien meilleur et innovant en s’approchant davantage de la formule d’un film fun et décomplexé tout en restant dans l’ambiance dark du DC Extended Universe. En plus, David Ayer (End of Watch, Fury) à la barre, quoi !
Vous n’y avez sans doute pas échappé. La sortie de Suicide Squad fait peur. Si le film va sans aucun doute cartonner durant sa première semaine au box-office (comme BvS), il risque de sacrément souffrir du bouche à oreille les semaines suivantes (comme BvS). Derrière ça, un « Fuck Marvel » lancé par David Ayer (qui s’est évidemment excusé platement sur Twitter par la suite – dégonflé, va) et des critiques presse désastreuses sur le site à la tomate au point que des fans ont lancé une pétition pour demander l’arrêt du site (niveau ridicule, on sera d’accord pour dire qu’on atteint des sommets).
La malédiction du DCEU à nouveau en marche ?
Pour resituer le contexte de cette critique, je n’ai vu les mauvais retours qu’après avoir vu Suicide Squad et franchement, je les ai trouvés sévères, mais en même temps, le nouvel épisode du DCEU est bien loin de la bombe promise par le barouf marketing. J’éviterais de commenter à nouveau l’affligeante politique promo de la Warner (Est-ce vraiment nécessaire de faire autant de bandes-annonces ? Perso, je me suis arrêté à la deuxième et je pense avoir eu raison.), mais il faut reconnaître qu’elle donnait sacrément envie. Seulement, elle nous vend un film que le bébé de David Ayer n’est pas.
Si vous vous attendez à avoir un film sur des vilains obligés de travailler ensemble pour sauver le monde tout en restant des vrais méchants, préparez-vous à être déçu. Très déçu. J’ai été surpris de voir que cette Task Force X (le vrai nom de la Suicide Squad) est plus proche des Gardiens de la Galaxie que d’une vraie équipe de méchant. En fait, on sent que la Warner a voulu calibrer le produit pour s’offrir leurs propres Gardiens de la Galaxie au lieu de s’en émanciper et aller encore plus loin dans le délire.
Les Gardiens de la Galaxie DC
Ainsi, au lieu d’avoir des vilains méchants psychopathes, on a pratiquement des anti-héros sur la voie de la rédemption, surtout en ce qui concerne le personnage de Will Smith, Deadshot. Même si le mari de Fish Mooney n’est plus trop ma tasse de thé en ce moment, je reconnais qu’il a du charme à revendre avec son crâne rasé et sa barbe. Bémol tout de même, c’est la star du film. Il est donc inévitablement mis en avant. Beaucoup trop. En enchainant des répliques « bad-ass » (j’insiste sur les guillemets parce qu’elles sonnent pour la plupart creuses) et avec un background un peu « cheveu dans la soupe », Deadshot devient un simple anti-héros au lieu d’être le tueur psychopathe qu’il est.
Certes, on l’introduit comme tueur, mais à l’écran, le seul assassinat qu’il commet est sur un mec qui a un tel look et dégaine dont le jugement qui suit ne peut être que la mort (le Juge Dredd sera d’accord avec moi) ! On remerciera donc Deadshot d’éviter d’exposer cet individu à nos yeux plus longtemps. L’ennemi de Batman est un chaton au lieu d’être un tigre féroce, mais au moins, il en impose durant les scènes d’action.
Amanda Waller et El Diablo sont les stars de Suicide Squad
Pour ses compagnons, c’est aussi un peu décevant sauf en ce qui concerne Amanda Waller, Rick Flag et El Diablo. Amanda Waller (monstrueuse Viola Davis) est finalement la seule à être réellement poussée à son paroxysme en étant réellement détestable. Ce qui rend le personnage immédiatement cool malgré son look très Hillary Clinton. En la voyant, je me suis dit que si tous les personnages étaient comme elles, Suicide Squad aurait pu être énorme. Rick Flag (personnage qui a failli être incarné par Tom Hardy finalement retenu sur The Revenant) est attachant et en impose, mais reste tout de même interchangeable. Me concernant, la vraie révélation du film est El Diablo (Jay Hernandez). On sent que David Ayer a eu un vrai coup de cœur pour le personnage qu’il a modélisé comme un anti-héros dont il affectionne.
Quid alors d’Harley Quinn, la star de la promo ? Déjà, le bât qui fait mal : toutes ses bonnes répliques sont dans les bandes-annonces (et en plus, je le rappelle, je me suis arrêté à la deuxième). Du coup, aucune surprise en la découvrant dans le film, si ce n’est que ses passages les plus sexy (je me prends pour une acrobate dans la cellule de prison, je lèche les barreaux et j’enfile mon T-Shirt) perdent beaucoup de leur force au montage final. Elle reste un personnage agréable, permettant de bénéficier d’un peu d’humour, mais dont l’impact n’est finalement pas aussi important que je l’espérai. Ça reste tout de même mieux que le Joker !
Le pire Joker de tous les temps, Scarface Joker
Ririe Williams m’avait prévenu sur un commentaire. Le Joker incarné par Jared Leto était raté. Je ne voulais pas le croire. Le personnage était si cool. Le look était risqué et marquait une rupture par rapport aux précédentes incarnations du pire ennemi du Dark Knight. De plus, Jared Leto avait créé une délicieuse ambiance malsaine autour de lui. Par exemple, en foutant les jetons à ses partenaires sur le tournage via des cadeaux pas vraiment enviables. À l’écran, c’est le désastre. Seul le passage où il créé Harley Quinn est réussi, le reste est raté. Je savais que ce Joker-là serait différent. Mais à ce point ?
Ce n’est même plus un Joker, juste une racaille. Une sorte de baron de la drogue héritier du style Scarface. Le cirque pitoyable qu’il fait à Common… Le reboot de son sourire légendaire où il utilise le tatouage de sa main (j’ai failli pleurer de honte)… Où est passée sa folie absolue ? Plus agaçant, il n’est même pas fasciné par son Batou. Trop focalisé sur Harley Quinn, alors que je l’avais toujours vu traiter sa girlfriend avec un certain dédain, comme s’il s’en accommodait. En voulant renforcer Harley Quinn, la Warner a rendu le Joker beaucoup, beaucoup moins cool. D’ailleurs pour info, son temps de présence à l’écran ne doit pas excéder les quinze minutes. Heureusement, histoire de limiter les dégâts.
Je termine le tour du casting de la Suicide Squad en abordant ceux qui restent. En fait non, je n’ai pas vraiment envie, car ils font davantage office de figuration qu’autre chose. Captain Boomerang est typiquement le mec qui ne sert à rien. L’Enchanteresse est un délice pour les yeux, mais ça s’arrête là. Passons directement aux vilains. Les vrais.
Des vilains pas à la hauteur des vilains
C’est la règle pour chaque film de super-héros. Les héros doivent avoir des vilains à leur hauteur et ici, c’est une tragédie. Deux, ils sont. Le maître et l’apprenti. Merde, ce n’est pas le bon univers, mais ils sont bien deux. Je ne vais pas spoiler leurs identités, mais quel fiasco. L’un est un méchant semblant sortir d’un mauvais épisode de Buffy contre les vampires (avec le niveau des images de synthèse qui va avec) et l’autre n’arrête pas de gesticuler comme s’il était dans une série B légèrement parodique.
Je précise aussi que le background de ces deux vilains est inexistant pourtant avec deux heures et son scénario très direct (on forme l’équipe et on y va – dommage de ne pas avoir livré un petit passage entraînement qui aurait pu être très cool), le long-métrage avait de la place. Le pompon survient lors du climax d’un ridicule abyssal. Pour résumer, je me suis cru devant SOS Fantômes (Sigourney Weaver !!!). J’ai même cru qu’Harley Quinn allait proclamer : « Viggy, Viggy, tu as été un méchant petit ! ».
Par ailleurs, les soldats de l’armée des vilains sont à leurs images. Ratés. Pourquoi leur avoir fourni un look aussi oubliable ? Certes, c’est de la chair à canon appréciable comme en témoigne un excellent gunfight au milieu du film, mais ce dernier aurait été plus agréable s’ils ne donnaient pas l’impression de voir la Task Force X en train de détruire des bonshommes en pâte à modeler. On sent trop qu’ils ont été faits pour éviter une censure qui aurait pu monter plus haut que le sacro-saint PG-13.
Revenons au climax désastreux (avec des ralentis à mourir de rire plagiant légèrement Les Gardiens de la Galaxie, oui, encore lui). Il est d’autant plus étonnant, car les scènes d’action qui ont précédé sont absolument énormes. Facile de remarquer la différence. Elle est due au fait que durant ces scènes, le réalisateur David Ayer n’a pas essayé de faire un film de super-héros, mais un film bien bad-ass comme il sait le faire avec des gunfights de malade. Résultat, un long-métrage très cool et agréable à suivre.
Un premier acte proche du chef d’œuvre
Par ailleurs, je vais en profiter pour dire un peu de positif parce que Suicide Squad en a. De prime abord, le premier acte est absolument démentiel. La coolitude dans toute sa splendeur. L’introduction des personnages est un passage que j’ai très envie de revoir (mais j’attendrais le Blu-ray, parce que je n’ai pas envie de me retaper la deuxième partie). Le premier acte, c’est Suicide Squad tel qu’il aurait dû être pendant toute sa durée. C’est fun. C’est méchamment drôle. Il y a un petit côté réaliste sympa. Bref, c’est irrésistible. C’est donc pourquoi l’incompréhension pointe le bout de son nez au fur et à mesure qu’on avance dans le film. Plus on avance, moins ça devient fun. Ça devient balisé. Ça rentre dans le moule film de super-héros classique avec la scène cliché où les « héros » se réunissent avant de se lancer pour un ultime baroud. Est-ce dû aux remontages du film ? La question mérite d’être posée.
Par Christophe Menat conscient de vivre le pire été cinématographique depuis un bout de temps, le 3 août 2016.
Conclusion
Encore une fois, le DCEU a manqué son coup. J’attendais tellement de ce Suicide Squad et j’étais persuadé que l’échec était impossible. Surtout après avoir vu les bandes-annonces. Pourtant, mon constat est le suivant : le film est raté. Attention, il reste tout de même assez cool à regarder (une fois) grâce à sa prodigieuse première partie. Malheureusement, plus on avance, plus l’ensemble reprend une route très classique avec tous les clichés possibles et se termine en sortie de route avec un climax prouvant que le ridicule ne tue pas. En bonus, le pire Joker jamais vu à l’écran.
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6/10 |