The Rock met K.O. son image
Fiche
| Titre | Smashing Machine | Titre VO | The Smashing Machine |
|---|---|---|---|
| Réalisateur | Benny Safdie | Scénariste | Benny Safdie |
| Acteurs | Dwayne Johnson, Emily Blunt, Ryan Bader, Bas Rutten | ||
| Date de sortie | 29 / 10 / 2025 | Durée | 2h 03 |
| Genre | Action, Biographique, Drame, Historique, Sport | Budget | 40 000 000 $ |
Le chouchou du public, Dwayne « The Rock » Johnson, se glisse dans le rôle du légendaire combattant MMA Mark Kerr et laisse entrevoir les abîmes d’un homme qui se bat même lorsque plus personne ne le regarde.
Critique
On s’était bien foutu de la gueule de Dwayne Johnson avec sa manie d’enchaîner les blockbusters où il joue systématiquement le même rôle — sans parler de son obsession pour la jungle. Pendant ce temps-là, ses collègues de la WWE, Dave Bautista et John Cena, se construisaient tranquillement une vraie réputation à Hollywood. Mais avec Smashing Machine, The Rock veut clairement montrer que c’est encore lui le boss.
Dwayne Johnson quitte la jungle
Et le pari est réussi : sa prestation dans la peau de l’ancien combattant Mark Kerr est tout simplement phénoménale. Il est méconnaissable. Certes, il est aidé par le travail impressionnant de Kazu Hiro, maquilleur doublement oscarisé pour Les Heures sombres (Darkest Hour, 2017) et Scandale (Bombshell, 2019), mais la performance de Johnson dépasse largement la transformation physique. Il n’a aucune mimique de son personnage habituel, aucune trace de « The Rock » : on ne voit que Mark Kerr (pour l’anecdote, le fils de ce dernier était scié après avoir vu le film, il a raconté qu’il voyait vraiment son père). Et que dire des passages dramatiques, face à Emily Blunt, où il étonne en montrant une réelle fragilité.
Je garde toutefois quelques réserves. D’abord, le gabarit : Dwayne Johnson dépasse de dix bons centimètres le vrai Mark Kerr, ce qui change un peu la perception du personnage. Quand j’ai vu le véritable Kerr, j’ai été choqué tant le contraste est grand. Ce n’est pas dramatique, mais l’âge, lui, pose plus question. Johnson a aujourd’hui 53 ans, Kerr en a 56, et le film raconte une période située à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Et ça se voit à l’écran, surtout au niveau du corps.
Pour finir sur une note plus légère : sur certains plans, j’ai eu l’impression de revoir le Rock des débuts à la WWE, avec ses veuchs.
Benny Safdie sans son bro
À la réalisation et à l’écriture, on retrouve Benny Safdie, qui signe ici son premier film en solo sans son frère Josh — avec qui il avait co-réalisé l’excellent Uncut Gems (2019). Pas de brouille entre eux, simplement des envies différentes. Fait amusant : Josh Safdie a lui aussi réalisé un film sportif, Marty Supreme (2026), où Timothée Chalamet incarne le champion de tennis de table américain Marty Reisman.
Benny Safdie adapte ici le documentaire HBO The Smashing Machine: The Life and Times of Extreme Fighter (2002). Et franchement, je serais curieux de le voir : la bande-annonce du docu montre des plans presque identiques à ceux du film. Le long-métrage de Safdie adopte d’ailleurs un style quasi documentaire, jusqu’à engager Bas Rutten, le véritable entraîneur de Kerr, pour rejouer son propre rôle.
Du coup, difficile de ne pas se demander quelle est la valeur ajoutée du film si le documentaire existe déjà. Mais vu que celui-ci n’est pas disponible en France, la question ne se pose pas vraiment.
Au cœur des combats
Les combats, eux, sont saisissants de réalisme et d’intensité. On ressent la violence et la douleur. Sans oublier, la construction loin du classique à la Rocky. Pour l’anecdote, Dwayne Johnson a demandé à Yoko Hamamura, qui incarne le combattant Kazuyuki Fujita, de le frapper pour de vrai afin d’accentuer la crédibilité des scènes. Le comédien a d’abord refusé (on le comprend), avant d’être convaincu par Safdie lui-même.
Le film explore aussi la vie privée de Mark Kerr, et là, j’avoue avoir un peu décroché. Le personnage joué par Emily Blunt est franchement insupportable, voire toxique, ce qui rend les scènes d’engueulade assez lourdes.
Même si, avouons-le, voir « Mark Kerr » défoncer une porte d’un coup sec a de quoi impressionner.
Par Christophe Menat curieux de voir le prochain projet de Johnson.
Conclusion
|
Alors oui, Smashing Machine traîne un peu quand ça cause cœur et engueulades, mais franchement, voir Dwayne Johnson livrer une performance aussi habitée, c’est un petit choc. On se disait qu’il était condamné aux blockbusters interchangeables — et voilà qu’il vient de nous prouver le contraire. Non, The Rock n’est pas seulement une montagne de muscles dont le milieu naturel est la jungle, c’est aussi un acteur. |
|
|
+
|
–
|
| 7/10 | |