Critique : [REC]³: Génesis

Le mariage était chiant !

Fiche

Réalisateur Paco Plaza (co-réalisateur sur les deux premiers [REC])
Scénaristes Paco Plaza, Luiso Berdejo ([Rec])
Acteurs Leticia Dolera ([REC] 2), Diego Martín, Ismael Martínez, Àlex Monner, Claire Baschet, Sr. B, Jana Soler, Emilio Mencheta
Pays Espagne Date de sortie 4 avril 2012
Genre Comédie, Drame, Horreur, Thriller Durée 1h20
C’est le plus beau jour de leur vie : Koldo et Clara se marient ! Entourés de leur famille et de tous leurs amis, ils célèbrent l’événement dans une somptueuse propriété à la campagne. Mais tandis que la soirée bat son plein, certains invités commencent à montrer les signes d’une étrange maladie. En quelques instants, une terrifiante vague de violence s’abat sur la fête et le rêve vire au cauchemar…

Critique

L’épisode de tous les risques car en plus d’être celui des origines (quasiment jamais réussies pour une saga d’horreur), il est aussi celui de deux innovations : plus de coréalisation (les deux réalisateurs des deux opus précédents sont partis chacun de leur côté pour réaliser un film sur la saga [Rec]), ni de found fountage (à vrai dire, seulement 20 minutes) pour se tourner vers une réalisation classique.

On sent que le réalisateur a voulu tourner une comédie horrifique dans le style Peter Jackson mais surtout Sam Raimi pour ne parler que des plus connus. Seulement, ces deux gars sont blindés de talent pour conter une histoire, ce qui n’est pas le cas de Paco Plaza malgré toute sa bonne volonté. Déjà gros point noir, son film n’est pas drôle mis à part la blague sur John l’éponge, visible dans la meilleure partie du film : le mariage.

C’est quand même un comble qu’un film d’horreur voit sa meilleure partie être le seul passage sans horreur… La scène d’ouverture est même un petit bijou en simulant la mise en route d’un DVD de mariage, une excellente idée qui nous fait trépigner d’excitation pour la suite. Les protagonistes sont bien mis en place, demeurent vivants et réalistes, on s’y attache très rapidement. La mission la plus difficile (s’attacher aux personnages) pour un film d’horreur est accomplie puis le drame, dans les deux sens du terme : un monstre survient et le film s’effondre. On peut même aisément identifier le moment où la catastrophe arrive : l’abandon du style caméra amateur pour une mise en scène « cinéma ».

A ce moment-là, à ma grande stupeur, j’ai été choqué par le mauvais jeu des acteurs. Comme si la présence d’une vraie caméra les paralysaient, pire même les inhibaient. Mention spéciale au héros incroyablement mauvais. En fait, les deux seuls à s’en sortir correctement sont l’héroïne et le dragueur Rafa.

L’auteur tente aussi de faire de l’humour mais je ne vois pas plus compliqué mélange que l’horreur et la comédie, il faut un énorme talent pour faire passer la pilule et ce génie, Paco Plaza ne l’a pas. Les scènes ne sont pas drôles, frisent parfois même le ridicule (le héros dans l’armure de St Georges) ou la consternation (répliques à côté de la plaque). Puis comme s’il se rendait compte de son erreur, l’ex-coréalisateur tente parfois d’insuffler du sérieux lors des décès les plus dramatiques sauf que ça contraste énormément avec la partie comique et ça fait merder le tout, transformant le film en ratatouille indigeste. Les 1h20 semblent longues…

On traverse le film comme une âme en peine en se demandant comment cette saga a pu tomber aussi bas et en regrettant que les zombies deviennent ridicules à ce point. Le point d’orgue survenant lors de la technique spéciale pour les immobiliser (qui a dit Mars Attack ?). Je trouve un tel procédé très dangereux car cela démystifie complètement ces anges de la mort en les transformant en de ridicules pantins. Pourtant l’idée de leurs origines est bonne. Pour vous donner une idée un peu de la « dépeurtification » des créatures, c’est peu comme Freddy, plus la saga avançait, moins Freddy faisait peur tant il faisait le guignol et que les réalisateurs successifs le montrait sous toutes les coutures, la créature des cauchemars devenait une créature de foire.

Le seul moment où le film redevient intéressant survient dans les dix dernières minutes où le réalisateur se lâche. La mariée devient un clone de celle qui voulait tuer Bill et arbore une tronçonneuse (hommage à Evil Dead). En tout cas, le côté fétichiste de la scène est ultra jouissive (une mariée en sang, porte-jarretelles visibles, mascara qui coulent, tronçonneuse, on se croirait dans ces films japonais barrés) et les mises à mort sympathiques même si les trucages sont gros comme des pâtées de maisons. Surtout ce plan directement sorti de Mortal Kombat où la Mariée découpe un zombie en deux en partant du ventre. En effet, on voit aisément que le corps est déjà découpé alors que la tronçonneuse n’a pas fini son chemin vers le haut.

Par contre, j’ai adoré la scène finale qui rend la chose encore plus triste car c’est la seule scène où on a l’impression que le réalisateur a retrouvé sa mémoire donc comment filmer efficacement, avec émotion et rythme. A ce moment-là, on se dit qu’il aurait peut-être du se garder de vouloir faire une comédie.

Conclusion

[REC]³ Genesis devait être une comédie horrifique, seulement Paco Plaza foire dans les deux genres, ne reste plus qu’une œuvre dégénérée. Espérons que l’autre réalisateur du duo s’en sorte mieux avec son [Rec] Apocalypse.
+ – le début
– le final
– l’entre-deux
3/10
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