John Rambo et Jack Reacher ont un fils
Fiche
Titre | Rebel Ridge | Titre VO | – |
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Réalisateur | Jeremy Saulnier | Scénariste | Jeremy Saulnier |
Acteurs | Aaron Pierre, Don Johnson, AnnaSophia Robb, David Denman, Emory Cohen | ||
Date de sortie | 06 / 09 / 2024 (Netflix) | Durée | 2h 11 |
Genre | Action, Drame, Policier, Thriller | Budget | 28 900 000 $ |
Un ex-Marine s’attaque à la corruption dans une petite ville des États-Unis quand la police saisit injustement le sac contenant l’argent prévu pour payer la caution de son cousin.
Critique
Parfois, malgré la qualité plus que discutable de ses productions, je me dis qu’heureusement, Netflix existe. Car sans eux, nous n’aurions probablement pas eu droit à ce Rebel Ridge. Et ça aurait été bien dommage !
Le grand retour de Jeremy Saulnier
Si je me suis jeté sur Rebel Ridge, c’est parce qu’il s’agit d’un projet de Jeremy Saulnier. Ce dernier a percé avec Blue Ruin (2013) avant de confirmer avec l’excellent Green Room (2015) où le regretté Anton Yelchin se fritait avec un professeur Xavier propriétaire d’un bar néo-nazi puis un film Netflix, Aucun homme ni dieu (2018), qui, malgré des retours mitigés, m’avait mis une claque énorme.
La dernière fois qu’on a pu voir une réalisation de Saulnier, c’était pour les deux premiers épisodes de la saison 3 de True Detective (celle avec Mahershala Ali). C’était quand même en janvier 2019. Il y a plus de cinq ans. Mais il faut dire que le Covid-19 est passé par là (mais, attention spoilers, pas que). Le tournage de Rebel Ridge a débuté en avril 2020 en Louisiane, mais a été suspendu en raison de la pandémie. Il a repris au même endroit un an plus, en mai 2021.
Mais un mois plus tard, John Boyega, qui tenait le premier rôle, a quitté le projet pour « raisons familiales » (notez la présence des guillemets, car il se murmure que l’acteur était en désaccord sur le script même si son entourage le nie). Le tournage a été, alors, une nouvelle fois, interrompu. Finalement, en octobre, le Britannique Aaron Pierre a été annoncé pour le remplacer et le tournage a repris en avril 2022 pour s’achever fin juillet 2022.
Pierre qui roule amasse mousse
Bref, le remplacement de John Boyega par Aaron Pierre a particulièrement bien servi le long-métrage, je trouve. Ne connaissant pas ce dernier, j’ai été épaté par son charisme (et ses yeux perçants), au point que j’ai beaucoup de mal à imaginer Boyega à sa place. Quoi qu’il en soit, Rebel Ridge démarre sur les chapeaux de roue (et c’est le cas de le dire), et son suspense m’a tenu en haleine jusqu’à la fin. Son pitch est au croisement des chemins entre Rambo (1982) et la première saison de Jack Reacher.
Sa ressemblance avec les deux cités pourrait le desservir. Ça le dessert d’ailleurs un peu car ça manque d’originalité. Mais Jeremy Saulnier amène beaucoup d’intelligence au récit, ce qui lui permet de s’émanciper de ce manque. À commencer par une intrigue policière avec un fort contexte politique et social, à la manière de Rambo qui parlait des lendemains de la guerre du Viêt Nam. J’ai beaucoup aimé ce point, car, généralement, dans ce genre de bobines, ça part vite en couilles.
Oh, la petite Violette
Ici, au contraire, cela reste crédible du début à la fin. Son héros, même s’il est formidable, reste un homme. Quand vient l’heure de se battre, on le sent inquiet. Son humanité le rend attachant. Dès lors, il y a un vrai suspense car on nous fait bien comprendre que le héros n’est pas un Rambo ou un Reacher. Au final, mon seul bémol réside dans le fait que les scènes d’action sont loin d’être spectaculaires. En tout cas, rien d’aussi marquant que l’immense scène de fusillade d’Aucun homme ni dieu. Mais, d’un autre côté, c’est cohérent avec cette volonté de rester crédible (même si un certain rebondissement m’a laissé dubitatif).
Face à lui, pour former les méchants, le trio Don Johnson, David Denman et Emory Cohen est d’une efficacité redoutable. Surtout grâce au fait qu’ils ont du répondant et sont loin d’être des méchants, méchants, même si ce sont de superbes enfoirés. J’ai aussi noté la jolie performance d’AnnaSophia Robb. Pour l’anecdote concernant cette dernière, pendant tout le film, je me demandais où je l’avais déjà vue. J’aurais pu chercher longtemps si je n’avais pas fait un tour sur le net. C’était la petite Violette Beauregard dans le Charlie et la Chocolaterie (2005) de Tim Burton. Voilà ce qui ne me rajeunit pas.
Par Christophe Menat venant de remarquer les initiales de Rambo et Reacher sont les mêmes. C’est malin, il ne pourra plus dormir maintenant car il va se demander si c’est volontaire.
Conclusion
Jeremy Saulnier est de retour ! Et avec lui, un excellent film entre Rambo et Jack Reacher, tout en restant crédible. Sans oublier, ce démarrage qui prend aux tripes pour ne plus les lâcher avant la fin. |
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8/10 |