Critique : Premier contact

Rencontres du cinquième type

Fiche

D’après l’histoire Story of Your Life de Ted Chiang
Titre Premier contact Titre VO Arrival
Réalisateur Denis Villeneuve Scénariste Eric Heisserer
Acteurs Amy Adams, Jeremy Renner, Michael Stuhlbarg, Forest Whitaker
Date de sortie 07 / 12 / 2017 Durée 1h 56
Genre Drame, Mystère, Science Fiction, Thriller Budget 47 000 000 $

Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions.

Photo de Premier contact avec Forest Whitaker, Amy Adams et Jeremy Renner
« Écoutez. Cette fois-ci, il n’y a aucun moyen de coucher avec l’alien pour se le mettre dans la poche. Il va donc falloir se débrouiller autrement. »

Critique

Désormais, rien qu’avec l’annonce de Denis Villeneuve à la barre, on sait qu’on peut aller voir un film les yeux fermés (pas trop quand même, sinon c’est galère pour trouver le cinéma, par contre, ça ne change rien pour trouver une place). Il faut dire qu’à chaque film, le réalisateur forge un peu plus sa légende. Jugez un peu : Incendies (2010), Prisoners (2013), Enemy (2013) et Sicario (2015). L’année prochaine, on aura droit de sa part au très excitant Blade Runner 2049 avec Harrison Ford, Ryan Gosling, Robin Wright, Jared Leto et Dave Bautista. Mais là, je m’avance un peu trop dans le futur. Revenons au présent. Ou plutôt dans le passé.

En 1978 sortait dans le pays où bientôt François Hollande ne sera plus le président, Rencontres du troisième type signé par le barbu qui ne s’appelait pas Lucas. Ce film était devenu un modèle inégalé en ce qui concerne la rencontre avec une race extra-terrestre (même si Independence Day ou Mars Attack étaient sacrément fun). Inégalé, j’ai dit ? Cet adjectif prend un sacré coup au menton avec la sortie de Premier contact.

Bouleversement des schémas d’une rencontre avec une race extra-terrestre

L’un des producteurs de Premier contact a reconnu que le film de Steven Spielberg (si tu étais encore en train de chercher qui était ce satané barbu, tu vas pouvoir refroidir ton cerveau) a été une influence majeure pour leur film. Néanmoins, Premier contact s’affranchit de son modèle en réinstallant les enjeux dans notre époque, mais surtout en bouleversant certains codes. Fini, le piano magique. Oubliés, les bonhommes gris à forme humaine. Le film de Denis Villeneuve part dans de nouvelles directions. Et celles-ci sont époustouflantes.

Pourtant, le démarrage est longuet. Malgré des plans magnifiques (et j’insiste sur l’adjectif) qui provoquent des émotions rares dans les salles obscures dans le pur style de Villeneuve, l’histoire est calée sur des balises légèrement redondantes. Avec des années d’expérience cinématographique, je n’étais pas à ma première rencontre avec des visiteurs d’une autre planète. Je me suis alors demandé comment le film allait réussir à se démarquer de la concurrence.

Photo de Premier contact avec Amy Adams
Amy Adams face au plus grand écran de cinéma du monde.

Communiquer pour éviter le Kangourou

Il le fait en traitant ce premier contact avec un trait encore plus réaliste. Les aliens ne sont alors plus des créatures semblables à nous. Les formes humanoïdes sont jetées à la corbeille. Elles ne communiquent pas comme le général Zod. C’est ici que l’héroïne incarnée par Amy Adams, éminente linguiste, va intervenir en tentant d’instaurer des codes pour pouvoir établir une conversation avec ces entités venues d’ailleurs. Je ne vais pas plus loin, sinon pour dire que j’ai été vraiment subjugué par l’aspect linguistique de l’histoire (je n’ai pas souvenir d’avoir vu telle chose au cinéma). Néanmoins, je regrette un peu qu’elle ne soit pas davantage approfondie.

Paradoxalement, il n’empêche que Premier contact traine toujours ces longueurs au travers des phases oniriques marquées par les souvenirs de l’héroïne. Des souvenirs d’ailleurs derrière le très beau titre de la nouvelle de Ted Chiang publiée en 1998 dont s’est inspiré le film : L’Histoire de ta vie (Story Of Your Life). Ces souvenirs ne sont pas anodins. Je n’en dis pas plus.

Arrivé au dernier tiers, Premier contact bouleverse les enjeux grâce à une idée tout simplement géniale. Le genre d’idée qui te fait pardonner instantanément les longueurs subies, car elles ont alors un sens. Une idée grandiose dont on en voit que quelques fois au cinéma par décennie. C’est alors que l’œuvre du jour devient plus qu’un simple film de science-fiction. Il accède alors au panthéon des plus grands films de l’histoire du cinéma. Siégeant à côté de Rencontres du troisième type. Voir même en le poussant du trône.

PS : le choix du titre de la critique s’explique par le fait qu’une rencontre du cinquième type selon le système de classification de Hynek se définit comme « une communication avec les occupants d’un ovni. » (merci, mon pote Wikipédia).

Par Christophe Menat épaté, le 9 décembre 2016.

Photo de Premier contact avec Amy Adams et un tableau magique
« Les gars ? Vous connaissez le jeu de Dites-moi qui je suis ? »

Conclusion

Un des plus grands films de cette année. Malgré un début longuet, Premier contact m’a subjugué en innovant la première rencontre face à une race extra-terrestre. Sans oublier cette idée absolument délicieuse qui bouleverse toute la conception que j’ai eu du film. Le réalisateur, Denis Villeneuve, peut désormais se targuer d’avoir réussi à installer un concurrent de choix à Rencontres du troisième type de Steven Spielberg. Voir même d’avoir réussi à le détrôner. Et détrôner un classique, ça n’arrive pas tous les jours.

+

  • Réalisation splendide (comme d’habitude chez Villeneuve)
  • Rencontre d’un nouveau genre
  • Idée de génie

  • Longueurs
Trophée9/10

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