Critique : Predator : Badlands

L’androïde fatal

Fiche

Titre Predator : Badlands Titre VO
Réalisateur Dan Trachtenberg Scénariste Patrick Aison
Acteurs Elle Fanning, Dimitrius Schuster-Koloamatangi
Date de sortie05 / 11 / 2025 Durée1h 47
GenreAction, Aventure, Science-fiction, Thriller Budget105 000 000 $

Dans le futur sur une planète lointaine, un jeune Predator, exclu de son clan, trouve une alliée improbable en la personne de Thia et entreprend un voyage en territoire hostile, à la recherche de l’adversaire ultime.

Critique

Dan Trachtenberg est sans doute la meilleure chose qui soit arrivée au rasta de l’espace. Il a réussi à ressusciter une franchise en perte de vitesse après une série de déceptions commencée dès Predator 2 (1990). Même si je n’avais que moyennement accroché à son Prey (2022), force est de reconnaître (et heureusement) que le film a trouvé son public — et surtout relancé la machine, ouvrant la voie à de nouvelles suites. D’abord avec l’animé Predator : Killer of Killers (2025), puis avec ce Predator : Badlands.

Le rasta de l’espace retrouve la forme

Ces deux œuvres ont le mérite d’approfondir (ENFIN) la mythologie autour de cette race extraterrestre, là où les précédentes suites restaient désespérément frigides. Bon, ne rêvons pas : on reste sur une aventure de survie, avec son lot d’action et son final clin d’œil façon « Maman, j’ai raté l’avion ». Au moins, on échappe au slasher où les victimes se font tailler en pièces sans rien pouvoir faire. Le Predator (1987) de Schwarzy était marquant pour ça : une bande de guerriers badass face à un guerrier encore plus badass. Résultat : un film… badass !

Avec Badlands, Trachtenberg s’inspire de l’idée géniale de James Cameron dans Terminator 2 : Le Jugement dernier (1991) : faire de son antagoniste, le protagoniste. Et ça fonctionne à merveille. Dès l’ouverture, magistrale, le sentiment de vengeance s’installe et crée une vraie empathie pour Dek, le pas encore Yautja héros du film. Rien qu’avec les quinze premières minutes, on a déjà soif de sang !

Petite anecdote : c’est le premier Predator à ne pas être classé R aux États-Unis. L’absence d’humains (et donc de sang rouge) a permis de viser le PG-13. En France, rien ne change : interdit aux moins de 12 ans, comme d’habitude. Il y a bien de l’hémoglobine, mais alien ; des têtes écrasées, mais pas humaines. Voilà comment faire du R tout en étant PG-13.

Disneyisé ? Vraiment pas.

Certains fans ont crié à la « Disneyisation » en voyant les bandes-annonces : un Predator plus petit, un ton plus léger… mais tout est parfaitement justifié par le scénario. Et le mélange entre sérieux et humour a toujours été une marque de fabrique de la saga — après tout, sa plus grande réplique reste le magique « T’as pas une gueule de porte-bonheur ! ».

Ce que j’ai adoré avec Badlands, c’est la continuité mythologique Yautjienne avec Killer of Killers. On bénéficie de la nouvelle langue créée par Paul R. Frommer (le linguiste à l’origine du Na’vi d’Avatar), un Codex Yautja dont un extrait ouvre le film, des clans, du fanatisme, et un final hilarant annonçant un antagoniste encore plus terrifiant.

Le plus fort, c’est cette connexion habile avec la franchise Alien, via Weyland-Yutani. Pour éviter tout souci de cohérence avec Alien : Romulus ou Alien : Earth, Badlands se déroule loin dans le futur — ce qui explique les androïdes Thia et Tessa, plus avancés, notamment émotionnellement, que ceux qu’on connaissait jusque-là.

Le buddy movie de l’espace

Ainsi, la rencontre entre le Predator Dek et Thia de Weyland-Yutani donne naissance à un crossover officiel (les AVP ne l’étant pas) – même si le xénomorphe est absent, il y a un délicieux clin d’œil dans le climax au climax d’Aliens, le retour (1986) en inversé, poursuivant la logique de changer de protagoniste – et à un buddy movie, avec la réunion forcée et explosive de deux opposés. Rien de révolutionnaire, mais du diablement efficace — surtout avec une Elle Fanning brillante.

Tout n’est pas parfait pour autant. D’abord, on reste encore et toujours dans une histoire de chasse. Oui, c’est Predator, mais si la saga veut évoluer, il faudrait aller un peu plus loin. Cela dit, la traque est fun, notamment grâce à la planète où elle se déroule et à la créature impressionnante qui sert de gibier.

Autre bémol : quelques effets spéciaux un peu limites. Le visage numérique de Dek (interprété par Dimitrius Schuster-Koloamatangi) est impeccable, mais certaines séquences spectaculaires trahissent des doublures numériques un peu trop visibles. Rien de dramatique, juste quelques accrocs dans un ensemble très solide. Car Badlands prouve que Dan Trachtenberg fait un bien fou à la franchise.

Par chaud de voir la prochaine idée de Trachtenberg pour la franchise.

Conclusion

Franchement, je n’y croyais plus. Après tant d’années d’errance, voir le Predator revenir aussi en forme, ça fait un bien fou. Trachtenberg réussit l’exploit de rendre son monstre aussi fascinant que touchant, sans jamais trahir son ADN brutal. Si c’est ça, la nouvelle ère Predator, je signe tout de suite pour la suite !

+

  • Dan Trachtenberg redonne un vrai souffle à la franchise
  • L’approche T2
  • Une mythologie enrichie
  • Un ton équilibré entre sérieux et humour
  • Elle Fanning géniale
  • Le buddy movie Predator / androïde, inattendu mais efficace

  • Encore une énième histoire de chasse, malgré les efforts de renouvellement
  • Quelques effets spéciaux numériques visibles
8/10
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