Critique : Les Équilibristes

Il est si facile de tomber

Fiche

Titre Les Équilibristes
Réalisateur Ivano De Matteo
Scénaristes Valentina Ferlan, Ivano De Matteo
Acteurs Valério Mastandrea, Barbora Bobulova, Rosabell Laurenti Sellers, Grazia Schiavo
Titre original Gli Equilibristi Date de sortie 27 février 2013
Pays Italie, France Budget
Genre Drame Durée 1h53
Giulio, quarante ans, a une vie bien installée entre son travail, ses deux enfants et Elena, sa femme qu’il aime… mais qu’il a trompée un soir. Quand son épouse le quitte, Giulio voit sa vie basculer et découvre à quel point la frontière peut être ténue entre l’aisance et la pauvreté…

Critique

Les Équilibristes est un drame social poignant révélateur de la fragile condition humaine. Tout débute avec une famille heureuse et un père épanoui mais rapidement des fêlures brisent cette parfaite harmonie familiale avec une mère boudeuse, pleurant discrètement dans la salle de bain et froide avec son mari. Quelque chose ne va pas, on s’en doute sans savoir quoi mais finalement au gré d’une dispute, les raisons apparaissent. C’est le début de la séparation…

On pourrait alors penser que Les Équilibristes est un film sur la séparation, oui et non. Car le vrai sujet n’est pas là. Seul le père intéresse le réalisateur. C’est son périple après avoir quitté le foyer familial qui est étudié. Du jour au lendemain, Giulio (Valério Mastandrea) se retrouve sans foyer. S’ensuit alors un parcours du combattant pour trouver un logement dans une Rome frappée par la crise et où les débouchés se font rares. Une plongée lente vers l’enfer. Une plongée lente et insidieuse, presque inoffensive mais dont les dégâts sont énormes. Le plus terrifiant, c’est qu’il ne s’agit que d’une histoire banale comme il en existe des milliers par an. Un des personnages dit même: « Le divorce, c’est pour les riches! ».

Un sujet assurément terrifiant traité avec beaucoup de tact par les scénaristes aussi un vrai couple dans la vie, Valentina Ferlan et le réalisateur Ivano De Matteo. On peut penser au tord-boyaux La Chasse sorti l’année dernière, toutefois Les Équilibristes n’arrivera pas au même niveau de détresse psychologique, la faute à de trop rares séquences émotionnellement puissantes. Ces rares séquences interviennent avec Camilla (Rosabell Laurenti Sellers) la fille, seul personnage réussissant à interpeller le coeur du spectateur car d’une rare justesse. Le point faible du film au niveau du casting est à imputer au fils (Lupo De Matteo), un personnage dont le jeu d’acteur moyen m’a fait parfois décrocher du film, l’empêchant donc de se révéler plus efficace. Ce n’est sans doute pas une coïncidence si dans la dernière partie, la plus significative, il disparaît presque.

Je voulais aussi rendre hommage à la réalisation d’Ivano De Matteo multipliant les cadrages originaux mais toujours au service du film comme cette séquence où la caméra se cache entre deux marches d’escaliers pour observer la mère en interaction avec un collègue. Un passage avec des dialogues banaux mais dont le message implicite est compréhensible instantanément. Il fait vraiment plaisir de voir un cinéaste ne prenant pas les spectateurs pour des cons en soulignant verbalement chacune de ses séquences. Ivano De Matteo laisse le soin à ses acteurs de faire comprendre la psychologie de leur personnage sans artifice. Évidement avec un Valério Mastandrea aussi bon, c’est tout de suite plus facile.

Conclusion

« Nous sommes tous des équilibristes. Il suffit d’un coup de vent… et c’est le vide ». Cette citation de la note d’intention du cinéaste Ivano De Matteo est très juste et représente à merveille son message dans Les Équilibristes.
+ – drame à portée universelle
– Valério Mastandrea et Rosabell Laurenti Sellers
– Lupo De Matteo
6/10
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