Les doigts de l’ennui
Fiche
Titre | Les Banshees d’Inisherin | Titre VO | The Banshees of Inisherin |
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Réalisateur | Martin McDonagh | Scénariste | Martin McDonagh |
Acteurs | Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan | ||
Date de sortie | 28 / 12 / 2022 | Durée | 1h 54 |
Genre | Comédie, Drame | Budget | – |
Deux amis de toujours se retrouvent dans une impasse lorsque l’un d’eux met brutalement fin à leur relation, avec des conséquences alarmantes pour tous les deux. |
Critique
Les Banshees d’Inisherin a remporté le Golden Globe de la meilleure comédie (j’étais dégoûté, car j’étais à fond pour Everything Everywhere All at Once). Du coup, en bon pigeon, je suis allé le voir. Bon, le pigeon, mouais, car j’avais déjà prévu de le voir vu qu’on retrouve Martin McDonagh à l’écriture et à la réalisation. J’avais adoré son Bons baisers de Bruges (2008) et apprécié 7 psychopathes (2012) et 3 Billboards: Les panneaux de la vengeance (2017). En plus, Colin Farrell profite de l’occasion pour retrouver son bon vieux collaborateur McDonagh.
Ah oui, pour info, le film n’a strictement rien à voir avec la série Banshee. C’était de l’info inutile mais un bon petit coup de pub pour cette excellente série.
Papa, lis-moi une fable
Les Banshees d’Inisherin, en fait, c’est une fable. Ça tombe bien. En ce moment, tous les soirs, je lis à mon fils une fable de La Fontaine. Là où ça se complique, c’est qu’il faut la raconter en LSF. Du coup, il y a un petit exercice de traduction à faire. Et ce n’est pas tout, comme je ne connais pas certaines fables, je dois me magner le cul pour la lire afin de la traduire. Pas évident, avec le gamin qui gigote d’impatience à côté. En plus, vu le vieux texte sans oublier le format poème, je ne pige pas tout donc j’improvise un peu sur le coup. Ce qui donne parfois naissance à des récits n’ayant plus rien à voir avec le matériau d’origine. Désolé, Jean.
Bref, pour Les Banshees d’Inisherin, la traduction à mon fils donnerait un truc du genre. C’est l’histoire de deux potes. Un jour, comme ça, t’en as un qui a décidé de ne plus parler à l’autre. Genre « toi, t’es plus mon copain » comme t’as pu le voir à la maternelle. Évidemment, l’autre, il ne comprend pas ce qui se passe. Surtout qu’il n’est pas fute-fute, mais le pire, c’est qu’il n’a rien fait, le gars.
Ce n’est pas fini. Les deux anciens potes, ils vivent dans un bled paumé. Tu sais un peu comme le bled de ton grand-oncle Fernand*. Y a personne à la ronde. Le style, quand tu veux chercher un pain au chocolat comme t’aimes bien, ben t’es obligé de faire 15 minutes en voiture. Bref, on s’y emmer… euh… on s’y ennuie vachement. Ben ouais, parce qu’à l’époque, y avait pas de smartphone, ni la télé. Oui, oui, c’est vachement vieux comme truc. Du début du siècle dernier. La préhistoire pour toi, quoi. Donc, comme c’est un vieux bled où il n’y a pas grand-monde, ben, forcément, les deux anciens potes, ils se croisent souvent. Naturellement, cette histoire finit par partir en vrille. Par contre, je ne te raconte pas la suite, tu verras le film quand tu seras plus grand.
* le prénom a été changé pour éviter toute embrouille avec la belle-famille.
Bien emballé, mais un peu ennuyant
Bref, au final, Les Banshees d’Inisherin se boucle sur une petite morale digne du dude La Fontaine. Après, je ne vous cache pas que je me suis un peu ennuyé. Certes, il y a des beaux plans. Les acteurs jouent bien (le Golden Globe du meilleur acteur dans une comédie pour Colin Farrell n’est pas immérité). Certains dialogues sont savoureux (du McDonagh). Les personnages marquants (du McDonagh encore). Mais à Inisherin, on se fait un peu chier. C’est le principe des trous paumés aussi. Mais moi, les trous paumés, j’y vais que quand la famille m’y oblige, autrement, je ferais comme tout le monde, j’irais pas (et en plus, de nos jours, y a la télé, mon téléphone et même la fibre, on n’arrête pas le progrès).
En gros, j’étais là à regarder les deux anciens potes s’embrouiller pour des trucs très cons. C’est un peu comme assister à l’engueulade des deux poivrons du bistrot du coin. C’est marrant deux minutes grâce à une ou deux punchlines accompagné d’une bonne baffe faisant échapper un « wow », mais ça finit vite par devenir ridicule.
Sinon, une anecdote amusante. Colin Farrell a eu des galères avec les animaux sur le tournage. Déjà, t’as Jenny, l’âne miniature, qui lui a foutu un coup de pied pendant qu’il lui donnait à bouffer (sale ingrate, ça me fait penser à la fable Le Villageois et le Serpent). Ensuite, le chien jouant l’animal de compagnie du perso de Brendan Gleeson l’a mordu. Pour finir, le cheval conduisant le chariot dirigé par Farrell a essayé de renverser le chariot dans l’océan. Bref, tentative de meurtre. Y a pas à dire : les animaux d’Inisherin > Batman.
Par Christophe Menat reparti pour lire une fable, ce soir.
Conclusion
Vainqueur du Golden Globe de la meilleure comédie (devant Everything Everywhere All at Once, grrrr), Les Banshees d’Inisherin est une fable du duo McDonagh & Farrell. C’est sympathique, y a deux ou trois bons moments. Mais dans l’ensemble, ça tourne un peu en rond. Bref, à vous de voir si vous êtes immunisés aux trous paumés où les péquenots du coin se disputent pour des broutilles. |
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6/10 |