Critique : Indiana Jones et le Cadran de la destinée

Adieu, professeur Jones

Fiche

Titre Indiana Jones et le Cadran de la destinée Titre VOIndiana Jones and the Dial of Destiny
Réalisateur James Mangold Scénaristes Jez Butterworth & John-Henry Butterworth et David Koepp et James Mangold
Acteurs Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Karen Allen, Mads Mikkelsen, Boyd Holbrook, John Rhys-Davies, Antonio Banderas, Toby Jones, Thomas Kretschmann
Date de sortie28 / 06 / 2023 Durée2h 34
GenreAction, Aventure Budget294 700 000 $

1969. Après avoir passé plus de dix ans à enseigner au Hunter College de New York, l’estimé docteur Jones, professeur d’archéologie, est sur le point de prendre sa retraite et couler des jours paisibles.

Critique

Indiana Jones est né suite à un rêve.

Le rêveur portait le nom de Steven Allan Spielberg (rajouter un deuxième prénom, ça fait tout de suite plus classe). Encore en début de carrière, le réalisateur légendaire fantasmait à l’idée de faire un James Bond.

Finalement, suite à une idée de George Walton Lucas, il a pu le faire indirectement avec Indiana Jones. En effet, les aventures du pilleur de tombes reprennent pratiquement tous les codes de celles de l’espion de Sa Majesté, jusqu’à même embaucher ce dernier pour son troisième épisode.

Le premier film de la saga, Les Aventuriers de l’Arche perdue, est sorti en 1981. Harrison Ford avait alors 39 ans. Aujourd’hui, nous sommes en 2023 pour le dernier opus de la saga, Indiana Jones et le Cadran de la destinée. Ça fait bizarre de se dire qu’il s’agit de la der des ders quand on a grandi avec Indy. Mais bon, il a 80 ans maintenant, le Harrison Ford. Un chiffre donnant le tournis pour un long-métrage d’action et d’aventure.

Fais tourner la manette, Steven !

Après le moyen Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008), plombé, entre autres, par ses effets spéciaux numériques déjà obsolètes à sa sortie, je me posais la question de l’utilité de faire un ultime Indiana Jones. Surtout avec un Spielberg passant sa manette (pour la première fois de toute la saga) à un James Mangold plus réputé pour ses biopics que pour ses blockbusters grand public. Les deux fois où il s’y est vraiment essayé, ça a donné les pas très glorieux Night and Day (2010) et Wolverine : Le Combat de l’immortel (2013).

Peu importe au final, car c’est avant tout l’occasion de faire ses adieux au personnage en bonne due et forme. Car on ne pouvait pas quitter Indy sur un moyennasse royaume du crâne de cristal. De toute façon, même si Le Cadran de la destinée était totalement daubé, j’aurais fait le déplacement.

Avant d’enchaîner, une petite piqûre de rappel au niveau de la chronologie de la saga :

  • Indiana Jones et les Aventuriers de l’arche perdue (1981) : 1936
  • Indiana Jones et le Temple maudit (1984) : 1935 (oui, c’est un préquel)
  • Indiana Jones et la Dernière Croisade (1989) : 1912 puis 1938
  • Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008) : 1957
  • Indiana Jones et le Cadran de la destinée (2023) : 1944 puis 1969

Plus long pour plus épique ?

Particularité de ce cinquième opus, c’est le plus long de la saga. Avec 154 minutes, il éclate ses grands frères. Mais méchamment. L’ainé en affichait 115, le second, 118, le troisième, 127, et le quatrième, 122. Bref, on parle de presque 30 minutes en plus sur le plus grand de la saga jusqu’ici.

Malheureusement, on ressent cette durée. Pour l’histoire, avant de voir Le Cadran de la destinée, je me suis fait un kif de revoir les anciens opus. Ils ont tous superbement bien vieilli (sauf le 4, faut pas déconner non plus). Surtout, ils offrent à chaque fois une aventure tambour battant. Du coup, c’est regrettable que James Mangold ne se soit pas attaché à le faire. J’ai clairement senti une énorme de baisse de régime en milieu de long-métrage.

Mais est-ce vraiment un problème imputable à James Mangold quand on sait que le scénario a tourné entre trois mains ? Je ne sais pas, mais c’est ce qui est sûr, c’est que la séquence de 20 minutes au Maroc aurait facilement pu sauter. Non seulement, elle n’apporte rien dramatiquement et la scène d’action associée n’est pas dingue, dingue, mais en plus, elle se contente uniquement de refaire, en moins bien, la scène d’ouverture du Temple maudit. Avec cette suppression, le rythme du film n’en aurait été que meilleur.

Cure de jouvence

L’autre problème à mes yeux concerne la scène d’ouverture où le fameux rajeunissement d’Harrison Ford est mis à contribution. Car pour moi, l’effet est loin d’être réussi. Autant, c’était épatant sur Captain Marvel (2019) pour Samuel L. Jackson qu’ici, ça ne le fait pas. Peut-être est-ce dû au visage très expressif d’Harrison Ford ? Ou l’écart d’âge conséquent ? Quoiqu’il en soit, l’effet est raté.

Ce qui est très dommage, c’est que James Mangold le mette autant en avant. Rendez-vous compte, à chaque fois, Spielberg s’est démerdé pour introduire son héros de manière mystérieuse et badass. Ici, Mangold le fait avec un gros plan sur son visage, en pleine lumière de surcroît. Il devait avoir une sacrée confiance en l’équipe chargée du rajeunissement. Bémol, quand on te presse la tête pour te mettre les yeux devant le défaut du tableau, ben, difficile de voir autre chose que ce défaut après avoir reculé.

Regrettable, car la scène d’action concernée est un véritable retour en enfance pour une séquence dans la lignée de La Dernière Croisade. C’est marrant, ça ne m’avait pas marqué sur le coup, mais je me rends compte que Le Cadran de la destinée est bourré de passage « remake » des moments les plus cultes de la saga.

Quand le pilleur devient un dinosaure

Heureusement, il offre aussi des réelles nouveautés. Ce n’est pas donc pas étonnant qu’elles soient devenues mes passages préférés. À savoir retrouver le professeur Jones en 1969 dans un contexte pour le moins surprenant vu l’aura du personnage. S’ensuit une scène d’action épatante visuellement (la reconstitution historique est à tomber par terre).

Les nouveaux venus n’ont rien de mémorable. À commencer par des vilains finalement assez oubliables dans la lignée de ceux de la saga à l’exception du chirurgien à cœur ouvert (véritable trauma d’enfance) du Temple Maudit et de la coupe improbable de Cate Blanchett dans le Royaume du crâne de cristal. Le charismatique Mads Mikkelsen a beau se déchaîner, il n’arrive jamais à apporter de l’épaisseur à son personnage bourré de clichés. Pareil pour ses sbires , même si j’ai bien aimé le running gag avec le monstrueux Olivier Richters. « Monstrueux », car on parle tout de même d’un culturiste de 218 cm. Pour l’anecdote marvelienne, il jouait Ursa dans Black Widow (2021).

Mutt au féminin, ça fait Helena

J’attendais beaucoup de Phoebe Waller-Bridge. Malheureusement, sa dynamique un peu pompée sur celle entre Indy et son père ne fait jamais totalement mouche. Le personnage demeure assez lambda et n’arrive jamais à être réellement mémorable. Pourtant, je l’avais adoré dans la série Fleabag. Quoiqu’il en soit, on est loin d’un Henry Jones, d’un Marion Ravenwood, d’un Sallah (au passage, quel kif, son retour, en plus de donner naissance au dialogue le plus mémorable du film), d’un Demi-Lune (ayant d’ailleurs droit à une pâle copie dans ce 5, quel dommage de ne pas avoir fait revenir Ke Huy Quan – la plus grosse erreur du film à mon goût), d’un Marcus Brody ou même d’une Willie Scott. Bref, la Helena du pont de Waller, c’est kif-kif avec Mutt, le fils d’Indy, et ça me fait mal de l’écrire.

Mon autre partie préférée concerne le climax. Déjà pour la surprise inattendue donnant naissance à une séquence ambitieuse et folle. Tout n’est pas parfait, mais c’est un moment fort. Jusqu’à arriver au final, au moment de dire adieu à Indiana Jones. J’ai adoré cette dernière scène, notamment pour sa référence à une belle scène intime des Aventuriers de l’arche perdue (ça aide de réviser avant). Parfaite pour dire adieu au personnage.

Bref, ciao, professeur Jones, c’était une belle aventure.

Par regrettant qu’Indy n’ait pas eu droit à un meilleur film pour ses adieux.

Conclusion

Même si de meilleure facture que Le Royaume du crâne de cristal (pas compliqué, diront certains), Indiana Jones et le Cadran de la Destinée n’arrive pas non plus à se hisser à la hauteur des trois premiers épisodes. La faute principalement à un rythme moins maîtrisé (y a clairement une demi-heure en trop) et des nouveaux personnages pas vraiment mémorables. Reste l’incroyable kif de retrouver Indy en 1969 pour une dernière aventure avec quelques retrouvailles faisant vibrer la corde nostalgique et deux scènes d’action réussies.

+

  • Indy, pour une dernière virée
  • L’esprit de la saga est là
  • Climax
  • Dernière scène

  • Nouveaux personnages vite oubliables
  • Trente minutes en trop
  • Rajeunissement pas folichon d’Harrison Ford
7/10
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