Critique : Hitman : Agent 47

Pas d’Absolution pour la Fox

Fiche

Titre Hitman : Agent 47
Réalisateur Aleksander Bach
Scénaristes Skip Woods, Michael Finch
Acteurs Rupert Friend, Hannah Ware, Zachary Quinto, Ciarán Hinds, Thomas Kretschmann, Angelababy
Titre original Date de sortie 26 / 08 / 2015
Pays États-Unis, Allemagne Budget
Genre Action, Thriller Durée 1h 26

L’histoire d’un assassin génétiquement modifié pour être la parfaite machine à tuer. Sa dernière cible est une multinationale dont l’objectif est d’obtenir le secret du passé d’Agent 47 pour créer une armée de tueurs dont les pouvoirs surpasseront même les siens. Faisant équipe avec une jeune femme qui détient peut-être un secret permettant d’affronter leurs puissants ennemis clandestins, 47 fait face à des révélations étonnantes concernant ses origines et se prépare à se battre avec son adversaire le plus redoutable.

Photo du film Hitman: Agent 47 réalisé par Aleksander Bach avec Rupert Friend
Des blessures partout, mais un costume toujours impeccable. C’est aussi ça, l’agent 47.

Critique

Malgré une première adaptation sincèrement ratée, Hitman revient au cinéma. Par contre, on recommence tout. On « reboot », comme on dit dans le jargon. Avec une telle initiative, on pouvait supposer que les bonhommes allaient apprendre des erreurs de la première adaptation et livrer un nouveau produit respectueux du jeu vidéo. Visiblement, c’est trop demander.

Producteur : « Alors les gars, on va refaire un Hitman, donc établissons un cahier de charges. D’abord, et c’est indispensable, il faut de l’action partout pour épater le public. Faut que ça claque ! Faut que ça pète ! »

Stagiaire : « Si je peux me permettre, le jeu vidéo Hitman est un jeu d’infiltration, pas d’action. Je pense plutôt qu’il faudrait axer l’accent sur l’infiltration. Y a une vraie piste à explorer, car le genre n’est beaucoup représenté au cinéma. »

Producteur : « … … Mais c’est qui ce guignol ? Tu sais combien de films, j’ai au compteur ? Tu sais combien ? ».

Stagiaire : « Dix ? »

Producteur : « Plus. Donc, je sais mieux que toi ce qui plaît au public, donc tu prends tes affaires et tu dégages ! Je reprends. On met de l’action, avec des effets spéciaux pas chers du tout. Tant pis, si ça se voit, de toute façon, le public n’y verra que du feu. Normal, avec toutes les explosions qu’il y a. Ah, ah, excellente, ma blague, n’est-ce pas ? ».

L’assemblée (en chœur) : « Oui, monsieur. Excellente. »

Producteur : « Pour l’histoire. Bon, toi le scénariste, tu ne te prends pas la tête, tu pompes l’histoire du dernier opus et tu simplifies. Faut un truc pas trop compliqué pour ces bouseux. Tu mets aussi des clins d’œil qui feront kiffer les fans et aussi une scène post-générique pour lancer une franchise. Ça marche bien chez Marvel, ça. Toi, le réalisateur, tu fais du bling-bling. Tu nous fais voyager. Tu filmes des plans magnifiques sur la ville. Tu fous des plans iconiques avec Hitman. N’hésite pas à abuser de la slow-motion, faut que le mec soit le plus classe possible. Même s’il pisse, hop, en slow-motion. D’ailleurs, comme Paul Walker est mort, paix à son âme, j’ai dû prendre un autre mec. Ce sera Rupert Friend. Je l’ai découvert dans la série que j’aime bien, Homeland. Par contre, il y a un problème avec lui, sa pilosité crânienne est telle que c’est impossible de raser sa tête. Incroyable. M’enfin bon, chauve ou les cheveux très courts. C’est pareil. Les fans n’y verront rien. Pour le méchant, j’ai pris Spock. Le mec, il joue dans une grosse franchise, ça va le faire. Pour la fille… Ah oui, le scénariste, je ne t’ai pas dit, mais il faut une fille dans le film. Tu te démerdes, mais ça doit être une bombe, elle doit aussi être plus forte qu’Hitman. Elle doit avoir des super-pouvoirs. Comme voir le futur, comme dans Minority Report que j’ai vu hier à la télé et que j’ai bien kiffé. Vous l’avez vu, ce film ? »

L’assemblée (en chœur) : « Oui, monsieur. Excellent film. »

Producteur : « Normal, j’ai du goût. Je connais, le cinéma, moi. J’en étais où ? »

Assistante (aux gros seins) : « A la fille. »

Producteur : « … Euh… Non, mais je le savais, je voulais juste voir si vous suiviez. »

L’assemblée (en chœur) : « Oui, monsieur. Naturellement. »

Producteur : « Pour la fille, j’ai pris une bombe. Par contre, elle ne sait pas très bien jouer, mais ce n’est pas grave. Faites en sorte que les autres jouent mal, comme ça, ça ne se verra pas. Compris, réalisateur ? »

Réalisateur : « Comme si j’avais le choix… »

Producteur : « Pardon ? »

Réalisateur : « Excusez-moi, j’ai dit oui, évidemment. Je vous remercie encore de m’avoir donné ma chance en me permettant de faire mon premier long-métrage. ».

Producteur : « N’oublie pas d’où tu viens. C’est moi qui t’ai sorti de la fosse. Bon, je crois qu’on a fait le tour, là. Allez, les gars, au boulot ! »

« Avec ce nouveau film, nous sommes restés fidèles au personnage et à son univers original, tout en accentuant le réalisme. »

Évidemment, tout ce qui précède n’est que pure fiction. Une frivolité que je me suis permise, car vu la daube que représente Hitman : Agent 47, je n’avais pas envie de m’embarrasser d’une critique. De toute façon, le film ne le mérite pas. Par contre, je ne serais pas si sûr que ce soit vraiment éloigné de la vérité, surtout en regardant le dossier de presse où le producteur Adrian Askarieh a proclamé ceci : « Avec ce nouveau film, nous sommes restés fidèles au personnage et à son univers original, tout en accentuant le réalisme. L’Agent 47 évolue désormais dans un monde réel, le nôtre. Nous voulions prendre un nouveau départ en abordant cette icône d’une manière différente, plus moderne. ».

Je vous jure, que ce n’est pas une connerie. Les mots « fidèles au personnage et à son univers original », « accentuant le réalisme », « évolue dans un monde réel » et « plus moderne » ont vraiment été prononcés. Non, mais sérieux. Il s’est entendu ? Les gars ont pondu un Hitman avec des pouvoirs dignes d’un super-héros et le producteur parle d’accentuer le réalisme. Même dans le jeu vidéo, Hitman n’est pas aussi puissant. Au contraire, et c’est justement ce qui en fait l’intérêt. L’Agent 47 est un fantôme, une ombre qui passe pour éteindre la flamme de sa victime. Pas un mec qui bourrine quoiqu’il arrive. À moins de s’appeler Kevin et de jouer bourrin en mode Très Facile.

Ça ne s’arrange pas non plus du côté du réalisateur avec « Peut-on vivre sans connaître la peur, l’amour, toute émotion qui fait de nous un être humain ? Cette question est au centre du film ». Ah ouais ? C’est peut-être balancé dans une réplique, mais ce n’est jamais traité. Même superficiellement. Le mec va-t-il nous faire un Josh Trank en proclamant que la Fox (oui, encore elle, après Les Fant4stiques) a charcuté son film ?

Par Christophe Menat, le , en direct depuis le placard du bureau du producteur.

Photo du film Hitman: Agent 47 réalisé par Aleksander Bach avec Rupert Friend, Zachary Quinto
« Attention, mon petit Spock. Tu vas blesser quelqu’un avec ça. »

Conclusion

Encore un désastre sous l’égide de la Fox. Comme si les mots « adaptation fidèle » leur provoquaient des allergies, Hitman : Agent 47 n’a que peu à voir avec l’esprit du jeu vidéo. Le pire, c’est que ce n’est même pas un film sympathique. Rien à sauver du désastre.

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